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​Tematai Le Gayic : "Les leaders n'ont plus le monopole des voix"


Tahiti, le 18 juin 2022 – Vainqueur sur la première circonscription, le plus jeune candidat de ces élections législatives gardait la tête froide samedi soir estimant que les résultats traduisaient surtout une volonté de changement et de renouvellement politique au fenua.
 
Le Tapura parle d'un front uni contre la majorité, qu'en pensez-vous ?
 
"Ça dépend. Il peut y avoir ce front uni contre. Il peut y avoir une plateforme pour un projet commun. Mais ce qui est sûr c'est qu'il y a eu un rassemblement, peut-être pour un changement parce qu'il faut le rappeler ça fait pratiquement 10 ans que le Tapura Huiraatira gouverne notre pays. Pas uniquement à la tête de notre Pays, mais pour les parlementaires, les communes… Il y a une mainmise du Tapura Huiraatira sur la vie politique de notre Pays. J'en ai beaucoup qui sont venus et qui ne sont pas Tavini et qui m'ont dit qu'ils votaient pour le changement parce qu'ils voulaient qu'il y ait un équilibrage dans la vie politique du Pays."
 
Édouard Fritch insiste sur la séparation et le duel indépendantiste-autonomiste après ces résultats ?
 
"Le problème, c'est que pendant toute la campagne, on a parlé d'un processus. On n'a pas parlé de déclarer l'indépendance. Mais le soir des résultats du premier tour, il n'y a que des élus du Tapura qui ont parlé : le 19, trois élus Tavini c'est l'indépendance. Pendant deux semaines, ils ont fait parler que de ça. Alors que nous on expliquait que c'est une élection législative, qu'on porte des projets dans le cadre d'une coopération avec la France et qu'à l'intéreieur de ça il y a un processus. Et qu'on veut juste changer le rapport qu'on a à la France. Au lieu d'un rapport de subordination, on veut un rapport de coopération."
 
On a voulu faire peur avec l'indépendance ?
 
"Tout ce que je remarque, c'est que les dernières semaines, les derniers jours, le Tapura est venu sur notre programme, sur nos idées. Et il y a eu des attaques, pas sur les projets, mais uniquement sur ça : Est-ce que vous devez choisir pour l'indépendance ou pas ? Et je pense que les Polynésiennes et les Polynésiens ont compris que ce n'était pas le sujet. C'était des élections législatives. Et le programme proposé par le Tavini Huiraatira et surtout l'ouverture faite à d'autres groupes a permis de nous mettre en avant dans beaucoup de communes."
 
Est-ce que vous estimez que c'est de bon augure pour les territoriales ?
 
"Je ne sais pas, mais c'est de bon augure pour un changement dans notre Pays."
 
Au Tapura, on explique que les choses seront différentes aux territoriales ?
 
"Je ne pense pas parce que c'est un regroupement dans les idées dans un premier temps. Et il faut rappeler que le Tapura Huiraatira à la base, c'est une plateforme aussi. Ce sont plusieurs groupes d'intérêts autonomistes qui se sont rassemblés pour leurs intérêts et on a vu qu'il y a eu un éclatement dans certains lieux de leaders Tapura qui n'étaient plus en accord parce que finalement ils ne s'entendent pas. Ce n'est pas un groupe homogène. Et nous ce qu'on veut c'est pas former un groupe homogène l'année prochaine."
 
Comme l'UPLD en 2004 ?
 
"C'est une plateforme où on se rejoint sur les idées. Et je pense qu'il faut écouter l'avis du peuple maohi. Et si c'est le cas dans les trois circonscriptions, ça ne veut pas dire qu'ils veulent forcément du Tavini Huiraatira au pouvoir, mais ils veulent un renouvellement et une plateforme commune. Ce qu'on entend chez beaucoup de gens, c'est qu'on en a marre des dissensions et qu'on veut un rassemblement. Entre le Tapura Huiraatira et le Tavini Huiraatira, c'est le Tavini qui a fait cet appel au rassemblement."
 
Et pourtant, les leaders des autres partis politiques n'avaient pas forcément appelé à voter pour les candidats du Tavini ?
 
"On vit dans une société aujourd'hui où les leaders n'ont plus le monopole des voix du peuple. Et comme en France, si les leaders ne veulent pas se rassembler, le peuple va se rassembler derrière des leaders qui veulent se rassembler. (…) Beaucoup de personnes qui sont venues voter et m'ont dit qu'ils voulaient faire confiance à de nouvelles personnes en politique. Et je pense que, quels que soient les groupes politiques, ils doivent se mettre à chercher de nouvelles personnes."
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Samedi 18 Juin 2022 à 23:15 | Lu 5380 fois