Tahiti, le 27 mai 2024 - Dimanche soir, les premiers Polynésiens bloqués à Nouméa ont pu être rapatriés par l’armée. Soulagement pour ces derniers alors que d’autres ressortissants du Fenua sont toujours en attente d’un retour, tout comme les Calédoniens bloqués ici.
Les retrouvailles, enfin, après deux semaines d’une attente longue et stressante pour les quelque 80 Polynésiens qui ont pu rentrer chez eux dimanche soir. Depuis le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, ces derniers étaient bloqués sur place, parfois avec peu de moyens. Personnes âgées, personnes malades, enfants. Touristes, sportifs ou professionnels en déplacement. Tous ont été surpris par l’élan de violence qui s’est rapidement propagé sur le Caillou depuis le vote de la loi sur le collège électoral en Nouvelle-Calédonie par l’Assemblée nationale.
Ce dimanche soir, les embrassades étaient plus longues qu’à l’habitude et de nombreuses larmes ont coulé. Des larmes de joie, mais aussi de soulagement pour certains qui ont vécu dans des conditions très difficiles ces 15 derniers jours. “Je n’avais qu’une hâte, c’était de retrouver ma famille”, nous dira cette maman en déplacement professionnel. “Tous les jours, c’était compliqué. Se nourrir, même parcourir certaines rues semblait dangereux. On est restés cloîtrés le plus souvent, pour éviter les problèmes.”
À la descente de l’A400M, un avion de l’armée spécialement affrété par l’État depuis Orléans, les officiels de l’État et du Pays recevaient les premières confidences de ces Polynésiens qui, pour certains, ont dû prendre un Casa de l’armée entre l’aéroport de Magenta et celui de La Tontouta, avant de monter dans l’A400M pour revenir au Fenua.
Les retrouvailles, enfin, après deux semaines d’une attente longue et stressante pour les quelque 80 Polynésiens qui ont pu rentrer chez eux dimanche soir. Depuis le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, ces derniers étaient bloqués sur place, parfois avec peu de moyens. Personnes âgées, personnes malades, enfants. Touristes, sportifs ou professionnels en déplacement. Tous ont été surpris par l’élan de violence qui s’est rapidement propagé sur le Caillou depuis le vote de la loi sur le collège électoral en Nouvelle-Calédonie par l’Assemblée nationale.
Ce dimanche soir, les embrassades étaient plus longues qu’à l’habitude et de nombreuses larmes ont coulé. Des larmes de joie, mais aussi de soulagement pour certains qui ont vécu dans des conditions très difficiles ces 15 derniers jours. “Je n’avais qu’une hâte, c’était de retrouver ma famille”, nous dira cette maman en déplacement professionnel. “Tous les jours, c’était compliqué. Se nourrir, même parcourir certaines rues semblait dangereux. On est restés cloîtrés le plus souvent, pour éviter les problèmes.”
À la descente de l’A400M, un avion de l’armée spécialement affrété par l’État depuis Orléans, les officiels de l’État et du Pays recevaient les premières confidences de ces Polynésiens qui, pour certains, ont dû prendre un Casa de l’armée entre l’aéroport de Magenta et celui de La Tontouta, avant de monter dans l’A400M pour revenir au Fenua.
“Les balles qui sifflent”
Sur les épaules d’Yvette, infirmière à la retraite, le poids des années, mais aussi celui de l’inquiétude après deux semaines d’un séjour non prévu. Certes, pour son premier voyage en Nouvelle-Calédonie avec une amie, elle était à l’hôtel, mais sa découverte du Caillou ne s’est pas déroulée comme prévu. “C’était très compliqué. Nous avons mal au cœur pour ce qu’il s’est passé là-bas”, confiait-elle dimanche soir.
Encore abasourdie d’être revenue en avion militaire d’une zone qu’elle qualifie elle-même “de zone de guerre”, elle poursuit son récit : “Nous étions bloquées à l’hôtel avec des Australiens, des Néo-Zélandais et des touristes d’autres nationalités encore. Et nous ne pouvions pas sortir. Il y avait les barrages sur les routes. Nous avons dû tout prendre à notre charge. Les assurances, les transporteurs, personne ne nous répond.”
Si c’est au sud de l’île qu’elle effectuait ses vacances, dans une zone bien plus calme, elle voyait les barrages se faire et se défaire, puis se refaire le lendemain. “C’est la première fois que j’allais en Nouvelle-Calédonie et je ne pense plus y retourner un jour. Ça va être long pour reconstruire.”
Même chose pour Elvis qui ne souhaitait qu’une chose, retrouver son île de Bora Bora. “C’est le chaos là-bas. On était dans un quartier bien protégé par les milices.”
Ayant de la famille sur place, il a pu rester à l’abris avec sa femme et son mo’otua. Tous les jours, la même angoisse. Que trouver à manger, et où ? “C’était quand même dur. Il y a plein de barrages. C’est brûlé partout. On entend les balles siffler au-dessus de soi, les explosions, comme des bombes, un peu partout. C’est de la folie. Là où on était, c’était vraiment hot !”
Pour beaucoup, ce voyage en Nouvelle-Calédonie était leur dernier sur place.
Encore abasourdie d’être revenue en avion militaire d’une zone qu’elle qualifie elle-même “de zone de guerre”, elle poursuit son récit : “Nous étions bloquées à l’hôtel avec des Australiens, des Néo-Zélandais et des touristes d’autres nationalités encore. Et nous ne pouvions pas sortir. Il y avait les barrages sur les routes. Nous avons dû tout prendre à notre charge. Les assurances, les transporteurs, personne ne nous répond.”
Si c’est au sud de l’île qu’elle effectuait ses vacances, dans une zone bien plus calme, elle voyait les barrages se faire et se défaire, puis se refaire le lendemain. “C’est la première fois que j’allais en Nouvelle-Calédonie et je ne pense plus y retourner un jour. Ça va être long pour reconstruire.”
Même chose pour Elvis qui ne souhaitait qu’une chose, retrouver son île de Bora Bora. “C’est le chaos là-bas. On était dans un quartier bien protégé par les milices.”
Ayant de la famille sur place, il a pu rester à l’abris avec sa femme et son mo’otua. Tous les jours, la même angoisse. Que trouver à manger, et où ? “C’était quand même dur. Il y a plein de barrages. C’est brûlé partout. On entend les balles siffler au-dessus de soi, les explosions, comme des bombes, un peu partout. C’est de la folie. Là où on était, c’était vraiment hot !”
Pour beaucoup, ce voyage en Nouvelle-Calédonie était leur dernier sur place.
Où règne l’approximation
Au milieu de la satisfaction de voir revenir ces Polynésiens chez eux, planent de nombreuses incertitudes encore.
Le nombre de Polynésiens bloqués en Nouvelle-Calédonie tout d’abord. L’État en annonce une soixantaine. Moetai Brotherson, dimanche soir, en annonçait une centaine. Une différence de taille puisque l’A400M de l’armée ne peut emporter que 80 personnes à la fois.
Idem pour le nombre de ressortissants calédoniens bloqués au Fenua. Ils se disent 280. L’État en a recensé près de 130 sur les plateformes.
Enfin, c’est aussi le flou artistique concernant la mise en place des vols. L’incertitude à La Tontouta de pouvoir utiliser la piste, ou tout simplement pour les gens d’accéder à l’aéroport avec les barrages, la rotation des équipes, la maintenance de l’appareil, créent une triste ritournelle que les premiers concernés écoutent en boucle, sans savoir quand s’arrêtera la chanson.
Dimanche matin, Moetai Brotherson, sur les réseaux sociaux, annonçait tout sourire un départ lundi après-midi pour les premiers Calédoniens avec retour mardi pour les Polynésiens. “Bonne nouvelle pour nos amis Calédoniens, qui sont bloqués ici à Tahiti depuis deux semaines. Le vol qui amène les Tahitiens depuis Nouméa repartira demain (lundi) dans l’après-midi et pourra embarquer une partie ou peut-être la totalité des Calédoniens qui souhaitent rentrer sur le Caillou.”
Des propos tempérés le soir par des représentants de l’État. Xavier Marotel, secrétaire général du haut-commissariat, évoquait de son côté “dans les prochains jours”, alors que des agents de pistes ou des pilotes trouvaient ces annonces “imprudentes et génératrices de déceptions”, si elles sont faites sans certitudes.
Lundi matin, à nouveau, l’annonce d’un départ de Tahiti l’après-midi courrait en ville. Pas de réaction du haut-commissariat, qui préfère attendre “des informations consolidées”.
Pour les personnes bloquées, “l’ascenseur émotionnel avec de faux espoirs” se poursuivait ce lundi, confiait une ressortissante calédonienne. L’après-midi, ils n’avaient toujours aucunes nouvelles.
Xavier Marotel, Secrétaire général du haut-commissariat
“On n’oublie personne”
“On n’oublie personne”
Le premier vol est arrivé ce soir (dimanche, NDLR)…
“Oui, avec 84 Polynésiens à bord. Ils sont prioritaires parmi les 140 environ qui se sont manifestés auprès du haut-commissariat en Nouvelle-Calédonie. Je me permets d’insister encore car certaines personnes nous demandent ici quand vont rentrer leurs proches bloqués en Nouvelle-Calédonie, mais ces derniers ne se sont pas référencés sur les plateformes voyageurs. Si nous devons mettre en place d’autres vols, il faut que nous puissions contacter les personnes qui ont besoin d’être rapatriées.”
Le choix se fait par ordre de priorité. Personnes malades, parents, enfants…
“Oui. Il y a trois priorités. Onze personnes en rupture de soins pour des maladies lourdes. Des familles avec enfants. Ensuite, on a complété l’avion avec les gens qui avaient besoin de rentrer chez eux pour reprendre leurs activités professionnelles, retrouver leurs familles, etc.”
L’avion vient d’atterrir, cela ne veut pas dire qu’il va repartir tout de suite pour aller en chercher d’autres et ramener les Calédoniens bloqués au Fenua.
“Je voudrais dire justement à toutes les personnes issues de Nouvelle-Calédonie qui sont bloquées ici en Polynésie française : l’État ne les oublie pas. On travaille énormément pour leur permettre de rentrer chez elles au plus vite. Ce sont des vols complexes à mettre en œuvre, des aéronefs militaires puisque ce sont les seuls qui sont habilités à se poser en ce moment. Il y a aussi de la maintenance aéronautique, ce qui fait que le plan de vol pour le retour n’est pas tout à fait stabilisé. Là encore, il est important que les gens se signalent sur les plateformes. On les contactera et là aussi on va recenser les gens les plus prioritaires. Dans les tous prochains jours, cet avion va pouvoir repartir.”
Vous ne savez pas encore combien de rotations vous allez devoir faire ?
“On espère que l’aéroport sur place va pouvoir rouvrir au trafic aérien civil et international classique. Tant qu’il y aura besoin, l’État mettra les moyens nécessaires. C’est un avion mis spécialement à la disposition des territoires du Pacifique qui vient de métropole. On ne sait pas encore si on devra faire une, deux, trois rotations supplémentaires. Ce n’est pas comme ça que l’on se projette. On n’oublie personne. On sait que c’est long, que c’est difficile, mais les équipes de l’État travaillent d’arrache-pied pour que les Calédoniens aussi puissent rentrer dans leur pays et en toute sécurité.”