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​Le cri de détresse de Raiatea Animara


Les bénévoles de l’association sont “anéantis”. Crédit : Facebook/Raiatea Animara.
Les bénévoles de l’association sont “anéantis”. Crédit : Facebook/Raiatea Animara.
Tahiti, le 16 mars 2025 – La présidente de l’association Raiatea Animara dénonce le manque de soutien de la commune de Tumara’a et de la communauté de communes Hava’i. Un refus et une enveloppe de 100 000 francs, c’est tout ce que les bénévoles ont obtenu pour poursuivre leurs actions en faveur du bien-être animal et de la lutte contre les chiens errants.
 

Les associations de protection des animaux font face à des défis colossaux avec peu de moyens. Créée en décembre 2019, Raiatea Animara compte une petite poignée de membres actifs, et autant de familles d’accueil pour couvrir les besoins de l’ensemble de Raiatea, sans oublier l’île voisine de Taha’a. Présidente-fondatrice de l’association, Audrey Monjol-Delphine est bénévole à plein temps. Avec sa voiture personnelle, elle sillonne les quartiers pour répondre aux demandes des habitants et agir concrètement en faveur du bien-être de leurs chiens et chats à travers la stérilisation, mais aussi le don de croquettes et de traitements (puces, gale). Elle est aussi contactée en cas d’abandon.
 
Pour l’association, le quotidien est de plus en plus pesant. “2024 a été une année noire : on n’a reçu aucune subvention. On a dû se contenter de nos levées de fonds par le biais de notre stand au marché. Or, on a eu pour plus de 5 millions de francs de stérilisation : une partie est prise en charge par les familles, mais pour les plus précaires, on est obligé d’assumer à 100 %, et c’est de plus en plus fréquent”, déplore la référente.
 

​Bien-être animal contre billet d’avion


Fin février, Raiatea Animara s’est tournée vers les municipalités concernées en déposant quatre demandes de subvention. Les premiers retours sont loin d’être à la hauteur, poussant la présidente à publier un coup de gueule sur les réseaux sociaux. “À Tumara’a, notre demande a été refusée et redirigée vers la communauté de communes Hava’i, où on nous a généreusement octroyé 100 000 francs sur notre demande initiale de 2 millions”, ironise Audrey Monjol-Delphine au sujet de cette attribution éloignée de la réalité du terrain. L’an dernier, les frais de l’association se seraient élevés à 650 000 francs par mois en moyenne, toutes interventions confondues. Une enveloppe minimaliste qui passe d’autant plus mal que lors de la même séance, un élu de Hava’i a obtenu le remboursement d’un billet d’avion à hauteur de 500 000 francs, suite à un vol manqué pour Rapa Nui pour raisons de santé. Contacté par téléphone, le maire de Tumara’a et président de la communauté de communes des îles Sous-le-Vent, Cyril Tetuanui, n’a pas donné suite à notre demande d’interview.
 
“On fait le travail bénévolement et on nous jette les miettes ! C’est honteux et aberrant quand on sait que les communes sont responsables de la sécurité et de la gestion des chiens errants”, s’insurge la représentante de Raiatea Animara, qui a pensé “plus d’une fois à arrêter”. Quant au projet de fourrière porté par Hava’i, elle considère qu’il ne représente pas une solution durable comparé à la stérilisation, en tant qu’acte préventif. “Quand on aide les animaux, on aide aussi la population. Moins d’animaux errants, c’est aussi moins d’accidents de la route, moins de maladies et moins de risques de morsure pour les habitants, mais aussi pour les touristes”, conclut-elle, tout en restant dans l’attente des délibérations des communes de Uturoa et Taputapuātea.
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Dimanche 16 Mars 2025 à 14:01 | Lu 1550 fois