Tahiti, le 31 août 2020 - L’exportation des holothuries à mamelles (Rori titi) n’est plus possible depuis l’inscription, vendredi dernier, à l’annexe II de la Convention de Washington des variétés Holothuria whitmaei et Holothuria fuscogilva.
C’est un marché à l’export qui a développé un chiffre d’affaires de 21 millions de Fcfp en 2019 mais dont le glas vient de sonner pour les exploitants locaux. En effet, le commerce à l’export des bêches de mer ou holothuries est désormais encadré par une réglementation internationale des plus strictes. Deux variétés sont particulièrement concernées en Polynésie française, sur les cinq autorisées à la commercialisation : le Holothuria whitmaei et le Holothuria fuscogilva, communément appelés Rori titi.
Proposées à l’inscription en 2019, ces deux variétés de la faune lagonaire sont, depuis vendredi dernier, listées à l’annexe II de la Convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (Cites). Ce nouveau statut freine dorénavant leur commerce à l’exportation. Et faute de demande locale, leur commerce tout court.
En 2018, toutes variétés confondues, 6 594 bêches de mer ont été exportées de Polynésie vers Hong Kong pour un poids de 1,8 tonne. Le prix moyen à l’export a atteint près de 9 747 Fcfp/kg en progression de 14,6% par rapport à l’année précédente. Et l’une des plus fortes valeurs ajoutées a été réalisée sur les rori titi, pour près de 60% des volumes exportés. Aujourd’hui, seuls deux commerçants disposent d’un agrément leur permettant de faire le négoce et l’exportation d’holothuries au fenua. Si le déclin de leur commerce semble inévitable, cette activité est également pourvoyeuse de ressources additionnelles pour des pêcheurs dans une dizaine d’atolls des Tuamotu.
Une ressource méconnue
En Polynésie française, bien que des mesures de gestion préventive de la ressource aient été mises en place depuis une réglementation de 2012, une gestion raisonnée des holothuries à mamelles (Rori titi) doit désormais être démontrée, suite à leur protection renforcée par la Cites.
Le commerce international des spécimens des espèces inscrites à l'Annexe II de la Cites n’est en effet autorisé que sous couvert d’un permis d'exportation. Et ce permis ne peut être délivré qu’accompagné d’une attestation de commerce non préjudiciable à la ressource.
Or, en l’absence d’études précises et étayées de la ressource polynésienne en holothuries, impossible de savoir si le commerce à l’export de ces variétés ne porte pas atteinte à leur pérennité dans l’environnement. Impossible, dorénavant de délivrer des permis d’exportation. Mais des "échanges ont débuté avec le muséum d’histoire naturelle pour définir les protocoles liés à cette évaluation de la ressource dans nos lagons", nous indique la Direction des ressources marines. Cette étude pourrait être menée dans les mois à venir. En attendant, un autre projet est dans les tuyaux à la Direction des ressources marines : il vise à maîtriser les techniques de reproduction, d’élevage puis de réensemencement des rori titi dans le milieu lagonaire. Rien ne permet d’affirmer aujourd’hui que cela soit possible ou même rentable. "L’offre est très largement inférieure à la demande et cela justifie des investissements de ce genre", estime-t-on cependant à la Direction des ressources marines. Des essais sont programmés dans les installations de la DRM à Vairao et l'étude doit être en partie financée par des capitaux privés.
Premier coup de frein en 2012
Le commerce et la pêche des holothuries ont déjà connu un coup de frein il y a huit ans. Ils sont étroitement réglementés depuis novembre 2012 par la délibération portant mesures spécifiques de gestions des bénitiers, des langoustes et des holothuries. Par défaut, depuis lors "la pêche, la détention, le transport, la commercialisation des holothuries est interdite sur toute l'étendue de la Polynésie française et en tout temps". Par dérogation, la pêche au rori n’est possible que sur demande des élus locaux et après autorisation administrative fixant un quota et des conditions de prélèvement. Seule la pêche vivrière des holothuries et la détention de ses produits est autorisée.
Prisées sur le marché asiatique, les exportations d’holothuries avaient connu un essor considérable à partir de 2008. Et la pêche de rori s’était développée pour atteindre des exportations records de près de 125 tonnes en 2011 et 2012.
Plusieurs maires avaient alors tiré la sonnette d’alarme en faisant part de leurs préoccupations au sujet des conséquences possibles d’une surexploitation sur l’écosystème des lagons. Les holothuries sont des détritivores utiles à la bonne santé lagonaire.
En novembre 2012, leur pêche a été encadrée afin de permettre la mise en place des mesures de gestion et de suivi nécessaires pour assurer la traçabilité des produits exploités, et la pêche commerciale a été suspendue.
C’est un marché à l’export qui a développé un chiffre d’affaires de 21 millions de Fcfp en 2019 mais dont le glas vient de sonner pour les exploitants locaux. En effet, le commerce à l’export des bêches de mer ou holothuries est désormais encadré par une réglementation internationale des plus strictes. Deux variétés sont particulièrement concernées en Polynésie française, sur les cinq autorisées à la commercialisation : le Holothuria whitmaei et le Holothuria fuscogilva, communément appelés Rori titi.
Proposées à l’inscription en 2019, ces deux variétés de la faune lagonaire sont, depuis vendredi dernier, listées à l’annexe II de la Convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (Cites). Ce nouveau statut freine dorénavant leur commerce à l’exportation. Et faute de demande locale, leur commerce tout court.
En 2018, toutes variétés confondues, 6 594 bêches de mer ont été exportées de Polynésie vers Hong Kong pour un poids de 1,8 tonne. Le prix moyen à l’export a atteint près de 9 747 Fcfp/kg en progression de 14,6% par rapport à l’année précédente. Et l’une des plus fortes valeurs ajoutées a été réalisée sur les rori titi, pour près de 60% des volumes exportés. Aujourd’hui, seuls deux commerçants disposent d’un agrément leur permettant de faire le négoce et l’exportation d’holothuries au fenua. Si le déclin de leur commerce semble inévitable, cette activité est également pourvoyeuse de ressources additionnelles pour des pêcheurs dans une dizaine d’atolls des Tuamotu.
Une ressource méconnue
En Polynésie française, bien que des mesures de gestion préventive de la ressource aient été mises en place depuis une réglementation de 2012, une gestion raisonnée des holothuries à mamelles (Rori titi) doit désormais être démontrée, suite à leur protection renforcée par la Cites.
Le commerce international des spécimens des espèces inscrites à l'Annexe II de la Cites n’est en effet autorisé que sous couvert d’un permis d'exportation. Et ce permis ne peut être délivré qu’accompagné d’une attestation de commerce non préjudiciable à la ressource.
Or, en l’absence d’études précises et étayées de la ressource polynésienne en holothuries, impossible de savoir si le commerce à l’export de ces variétés ne porte pas atteinte à leur pérennité dans l’environnement. Impossible, dorénavant de délivrer des permis d’exportation. Mais des "échanges ont débuté avec le muséum d’histoire naturelle pour définir les protocoles liés à cette évaluation de la ressource dans nos lagons", nous indique la Direction des ressources marines. Cette étude pourrait être menée dans les mois à venir. En attendant, un autre projet est dans les tuyaux à la Direction des ressources marines : il vise à maîtriser les techniques de reproduction, d’élevage puis de réensemencement des rori titi dans le milieu lagonaire. Rien ne permet d’affirmer aujourd’hui que cela soit possible ou même rentable. "L’offre est très largement inférieure à la demande et cela justifie des investissements de ce genre", estime-t-on cependant à la Direction des ressources marines. Des essais sont programmés dans les installations de la DRM à Vairao et l'étude doit être en partie financée par des capitaux privés.
Premier coup de frein en 2012
Le commerce et la pêche des holothuries ont déjà connu un coup de frein il y a huit ans. Ils sont étroitement réglementés depuis novembre 2012 par la délibération portant mesures spécifiques de gestions des bénitiers, des langoustes et des holothuries. Par défaut, depuis lors "la pêche, la détention, le transport, la commercialisation des holothuries est interdite sur toute l'étendue de la Polynésie française et en tout temps". Par dérogation, la pêche au rori n’est possible que sur demande des élus locaux et après autorisation administrative fixant un quota et des conditions de prélèvement. Seule la pêche vivrière des holothuries et la détention de ses produits est autorisée.
Prisées sur le marché asiatique, les exportations d’holothuries avaient connu un essor considérable à partir de 2008. Et la pêche de rori s’était développée pour atteindre des exportations records de près de 125 tonnes en 2011 et 2012.
Plusieurs maires avaient alors tiré la sonnette d’alarme en faisant part de leurs préoccupations au sujet des conséquences possibles d’une surexploitation sur l’écosystème des lagons. Les holothuries sont des détritivores utiles à la bonne santé lagonaire.
En novembre 2012, leur pêche a été encadrée afin de permettre la mise en place des mesures de gestion et de suivi nécessaires pour assurer la traçabilité des produits exploités, et la pêche commerciale a été suspendue.