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​Le blanchiment de l’argent de la drogue dans le viseur des autorités


L’avocat général, Jacques Louvier, le haut-commissaire de la République, Éric Spitz, et le commandant en second de la gendarmerie, le colonel Xavier de Bonviller.
L’avocat général, Jacques Louvier, le haut-commissaire de la République, Éric Spitz, et le commandant en second de la gendarmerie, le colonel Xavier de Bonviller.
Tahiti, le 13 juillet 2024 – Une nouvelle vaste opération antistupéfiants a été menée, du 27 juin au 8 juillet à Tahiti et dans les îles, par le commandement de la gendarmerie sous l’autorité du haut-commissariat et du parquet de Papeete. Lors d’un point presse portant sur le bilan des actions menées durant ces dix jours, le haut-commissaire de la République, Éric Spitz, a annoncé que la lutte contre le blanchiment de l’argent issu de la drogue allait être accentuée.

La troisième opération contre les trafics de stupéfiants en Polynésie, qui s’inscrit dans le cadre du plan zéro délinquance adopté par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, s’est déroulée du 27 juin au 8 juillet à Tahiti et dans les îles. Durant ces dix jours, ce sont près de 80 gendarmes qui ont quotidiennement opéré sur les cinq axes désormais connus du plan antistupéfiants mis en place par le commandement de la gendarmerie : le contrôle des flux routiers, la destruction des plantations, le harcèlement des points de deal, le démantèlement des réseaux et les cyberinvestigations. Sur le plan judiciaire, 191 personnes ont été mises en cause pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et 30 d’entre elles ont été placées en garde à vue.
 
Lors d’un contrôle routier qui a eu lieu vendredi matin à Faa’a, le haut-commissaire de la République, Éric Spitz, a tenu à revenir sur le fait qu’il n’y a pas de “différence” entre les drogues dures et les drogues douces. “Ces drogues que l’on appelle douces à tort entraînent toute une série de conséquences. À commencer par les accidents de la route puisque l’on en a eu cinq dus à ces drogues depuis le début de l’année. Il y a aussi les violences intrafamiliales, les suicides, l’échec scolaire et, surtout, ceux qui amassent de l’argent avec des drogues douces se constituent un capital pour acheter de l’ice. À partir de ce moment-là, la société est en danger dans la mesure où il faut recycler cet argent.”
 

“Taper au portefeuille”

Face à l’augmentation de la circulation de “capitaux” liés au trafic de stupéfiants en Polynésie, l’État annonce donc que son action va s’accentuer : “Notre prochaine priorité sera la saisie des avoirs criminels et la lutte contre le blanchiment des capitaux. Cela a déjà fait l’objet de plusieurs actions ces derniers mois – saisies de voitures de luxe, de maisons et de numéraire – et l’on sait que c’est en tapant au portefeuille des criminels qu’on leur fait le plus de mal. C’est la raison pour laquelle j’insiste sur ce point et nous allons encore plus mettre l’accent sur cet aspect-là dans les prochaines mois.” Interrogé en marge de cette conférence de presse sur l’adoption, par l’assemblée, de la loi sur l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques, Éric Spitz a rappelé qu’il s’agissait d’une “phase expérimentale qui est entre les mains de l’institut Malardé, donc étroitement contrôlé”. “Sur le fond, cela ne change rien quant aux pseudo-médecins ou tous ces gens qui utilisent soi-disant le cannabis à des fins thérapeutiques sans contrôle médical. Ils seront sanctionnés et sont passibles de peines de prison.”
 
Également présent lors de ce point presse, l’avocat général et procureur par intérim, Jacques Louvier, a quant à lui tenu à rappeler que la lutte contre le trafic de stupéfiants, qui est l’une des causes principales de la “délinquance” et des “problèmes de santé mentale”, était toujours l’une des priorités du ministère public en Polynésie française. Il a par ailleurs salué les “objectifs atteints par la gendarmerie” dans le cadre de cette opération.
 
Vente de drogues sur les réseaux
 
Lors de cette conférence de presse, le commandant en second de la gendarmerie pour la Polynésie française, le colonel Xavier de Bonviller, a d’ailleurs indiqué que lors de cette troisième opération antistupéfiants, les gendarmes avaient fermé “trois sites internet qui proposaient des stupéfiants dont deux étaient sur le darknet et un sur Facebook avec 17 000 abonnés”. “Lors de la dernière opération, nous avions déjà fermé deux sites et l’on voit bien que c’est une pratique qui tend à se répandre”, a poursuivi le colonel de Bonviller avant d’assurer que la gendarmerie allait continuer son “action” de lutte contre le trafic de stupéfiants dans toutes ses composantes.

Rédigé par Garance Colbert le Samedi 13 Juillet 2024 à 08:39 | Lu 3455 fois