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​La “maison” d’un marchand de sommeil détruite par le feu à Faa’a


Tahiti, le 20 janvier 2024 – Une vaste habitation construite à flanc de colline sur plusieurs niveaux a totalement été détruite par le feu, samedi quartier Vaitareia à Heiri, Faa’a. Une maison tentaculaire accueillant onze appartements et une soixantaine de locataires. Aucune victime ne semble à déplorer.
 
La pluie n’y aura rien fait, ou à peine. Un peu avant midi, samedi, un incendie s’est déclaré dans une habitation du quartier Vaitareia à Heiri, Faa’a. Une habitation accueillant un enchevêtrement de onze appartements où logeaient 18 familles, soit 53 personnes, selon les informations recueillies sur place par les agents du service social communal et confirmées dans la soirée par le ministère des Solidarités.

Une trentaine de sapeurs-pompiers des brigades de Paea, Punaauia, Faa’a, Papeete et de l’aéroports sont intervenus avec cinq camions-citernes, tandis qu’une quinzaine de militaires de la gendarmerie ont sécurisé la zone avec l’aide des mūto’i de Faa’a. À 14h30, l’incendie était totalement sous contrôle, laissant place à un ensemble de l’ordre de 600 m2 composé des ruines encore fumantes d’un habitat composite construit sur cinq à six niveaux, à flanc de colline.

L'incendie est parti de l'un des appartements de cette “habitation [...] construite sur plusieurs niveaux avec un enchevêtrement de plusieurs types de logements”, explique le colonel Cédric Rigollet, directeur adjoint de la Protection civile au sein du cabinet du haut-commissaire. “L’intervention a été très compliquée. Géographiquement déjà, les accès sont difficiles. Entre le point haut et le point bas de l’habitation, on a environ une soixantaine de mètres. II a fallu y accéder par deux servitudes différentes. Ce sont des chemins qui montent énormément. Ça a été très difficile physiquement pour les équipes d’intervention qui ont dû monter et descendre afin d’installer les moyens de lutte contre l’incendie.”

Pour les soldats du feu, l’objectif était de limiter la propagation de l’incendie. Seul une habitation mitoyenne a en partie été touchée par le feu, sans réel dégât.
 
Pas de victime
 
D’après les premiers constats réalisés par les pompiers et après recoupement avec les éléments du recensement fait par les services sociaux de Faa’a, aucune victime n’est à déplorer. Un premier bilan “à prendre avec prudence dans ce genre de sinistres”, tempère le Colonel Cédric Rigollet. Et pour cause : “C’est une cage à poules”, témoigne un voisin. “Une maison, mais une vraie cage à poules. Ils pouvaient être 10 dans une chambre.” La gendarmerie doit conduire une enquête dès lundi pour confirmer l’absence de décès par le feu et déterminer les causes de l’incendie. Pour l’heure : “Ce sont surtout des dégâts matériels : Ils ont tout perdu”, explique le directeur de cabinet de la mairie de Faa’a, Jimmy Panie. Selon le recensement réalisé par la mairie, à l'exception de quelques blessures superficielles, il n’y a pour l’heure aucune hospitalisation pour brûlures à déplorer. Parmi les sinistrés on dénombre cinq enfants dont un en bas âge. 
 
“Marchand de sommeil”
 
L’habitation dévorée par l’incendie “était un taudis”, témoigne un voisin. “Je ne sais pas comment on peut appeler ça. Je ne sais pas combien ils étaient par appartement.” Il n’hésite d’ailleurs pas à comparer l’activité du propriétaire des lieux à celle d’un “marchand de sommeil”. Le propriétaire justement, un octogénaire, a été évacué dans les premiers instants de l’incendie sur sa chaise roulante. Romy, sa voisine, témoigne : “Il a construit ça pour assurer ses vieux jours. Il louait tant qu’il pouvait, même s’il n’y a pas de parking ici. Il y avait trop de monde. C’est pour ça que ça a tout cramé.”

Un site d’accueil d’urgence a été aménagé par la municipalité au Fare amuira’a de Tarirea à Punaauia où 31 personnes ont été placées tandis que 22 ont pu être relogées par leurs familles ou leurs amis. Minarii Galenon, la ministre des Solidarités et du Logement s’est rendue sur place vers 14 heures samedi pour avoir connaissance des besoins d’urgence. Le nécessaire a immédiatement été fait avec la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE) pour débloquer en urgence des produits alimentaires, d'hygiène, des matelas et des vêtements ainsi que 200 bouteilles d’eau. Dimanche, après avoir rendu visite aux sinistrés, le président Moetai Brotherson s'est rendu sur le site de l'incendie, en compagnie de sa ministre des Solidarités.

Après l’urgence de samedi pour traiter les besoins d’accompagnement et de relogement des sinistrés, devra très rapidement se poser la question de la conformité d’un tel “ensemble locatif” avec les règles élémentaires de l’urbanisme et de la sécurité. “On verra ça lundi”, assure Jimmy Panie.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Dimanche 21 Janvier 2024 à 11:07 | Lu 18800 fois