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​La Sacem Polynésie en mission de terrain aux Raromata’i


Tahiti, le 5 août 2024 - Une mission d’information de la Sacem Polynésie s’est déroulée à Raiatea du 30 juillet au 1er août, afin de clarifier pleinement son rôle au sein de la communauté des auteurs, des compositeurs, des éditeurs et des diffuseurs de musiques.
 
Une délégation de la Sacem Polynésie s’est déplacée à Raiatea pour une mission d’information, la semaine dernière, du 30 juillet au 1er août. Composée du président de la commission consultative, Aldo, le leader du groupe de Manahune, de son vice-président, Silvio Cicero, de la chargée des relations clientèles, Frédérique Lapeyre et de l’assistante de direction en charge des artistes, Mano Teriihoania, cette délégation a pu rencontrer divers acteurs de la musique locale, dans une zone qui regorge de bon nombre d’artistes et d’où l’on connait surtout des noms célèbres de la musique polynésienne comme Bobby Holcomb, Angélo Neuffer, les Big Boys, Maire Tavaearii, les groupe Te Ava Piti, Te Aho Purotu, ou encore Aki Firuu, pour ne citer que ceux-là.
 
L’objectif premier de ces rencontres était d’informer sur le fonctionnement et le rôle de la Sacem Polynésie, qui a été créée en 2018 sous l’impulsion de la maison mère parisienne. C’est ainsi que la cinquantaine d’artistes, de diffuseurs et d’organisateurs d’événements, ont pu connaître et apprécier l’ensemble des actions et les missions que mène la succursale polynésienne de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) depuis sa création, notamment dans la protection des œuvres musicales, la collecte et la répartition des droits, mais aussi dans les aides financières qu’elle attribue en soutien à la production artistique, événementielle et culturelle.
 
Nouvelles adhésions
 
En précisant la mission fondamentale de la Sacem Polynésie, qui est de développer la carrière des auteurs-compositeurs, de valoriser leurs œuvres et de les accompagner dans leurs projets de création et de diffusion, la petite délégation a pu adhérer une quinzaine de nouveaux sociétaires, auteurs et compositeurs originaires des Raromata’i. “Il y a un vivier énorme et un potentiel extraordinaire ici aux Raromata’i, car nous avons tous la musique dans le sang”, précise à cet égard Teura Nimerota, nouvel adhérent et auteur de plusieurs dizaines de chansons interprétées par le célèbre Eugène Teiri depuis plusieurs années. À Tumaraa, le jeune auteur-compositeur Malaki Teraiharoa alias Marati, a également signé son adhésion et ses déclarations d’œuvres, après en avoir déjà enregistré en studio en se disant très satisfait de cette visite. Évangéline Sham Koua, veuve du célèbre compositeur des Te Ava Piti, Émile Sham Koua, est, elle aussi, venue assister à une de ces réunions : “Depuis le décès de mon mari – qui n’a d’ailleurs jamais touché ses droits alors que les chansons comme Pahoho ont connu un grand succès jusqu’à aujourd’hui –, j’ai toujours voulu savoir comment faire pour que je puisse en hériter.”
 
Collecte des droits d’auteurs…
 
L’une des missions de la Sacem Polynésie consiste à recenser, négocier et collecter les droits d’auteurs auprès des diffuseurs que sont, les bars, restaurants, hôtels, pensions de famille, cinémas, magasins, écoles de danse, discothèques, salles d’attente, télés, radios, internet, etc. Aussi, plusieurs commerçants de Uturoa ont-ils reçu la visite de la délégation et ont dans l’ensemble accepté le principe de contribuer à la collecte des droits d’auteurs. De même pour les nombreux organisateurs et producteurs de spectacles, de concert ou de bal, le principe des déclarations d’événements et contributions aux droits d’auteur est désormais acquis. Tarzan Amiot, l’organisateur des élections de miss Raromata’i et des nombreux concerts d’artistes locaux n’a pas sa langue dans sa poche : “Enfin ça va changer, parce que pendant toutes ces années j’ai été l’un des seuls à payer les droits Sacem. Aujourd’hui, je suis satisfait, parce qu’avec mes concurrents on est tous à la même enseigne.” Les associations ont également été sensibilisées.
 
… et redistribution affinée
 
Si le principe des collectes est accepté par tous les diffuseurs de musique, il reste néanmoins insuffisant pour une redistribution au plus juste des droits, au bénéfice des créateurs. Aussi, lors de ces rencontres, la délégation a tenu à préciser qu’il sera désormais exigé pour chaque déclarant, la remise d’une playlist indiquant les titres, les auteurs et compositeurs, afin d’affiner la répartition des droits.
 
Du côté des organisateurs de bals, la difficulté réside dans le fait que les trios, principaux prestataires d’animation, ne fournissent pas les programmes des titres qu’ils interprètent. “Bien souvent, observe Manu Co, jeune entrepreneur d’événements, les trios nous disent qu’ils n’ont pas le temps ou alors parfois ils ne connaissent même pas les titres qu’ils chantent et encore moins les noms des auteurs et compositeurs.” À ce sujet, le président de la commission consultative de la Sacem Polynésie a indiqué que la Sacem Polynésie pfévoyait des démarches “auprès de ces orchestres”, en précisant “qu’il est important aussi pour les organisateurs d’exiger systématiquement les programmes”.
 
Le spectre de la Spacem
 
Mais, tel un fantôme qui rode dans les fonds de placards, la Spacem, la Société polynésienne des auteurs, compositeur et éditeurs de musique, frappée d’une liquidation judiciaire en 2014, laisse un très mauvais souvenir dans la communauté des artistes : celui d’une gestion financière calamiteuse des droits. Lors des visites aux commerçants à Uturoa, le propriétaire d’une grande enseigne a notamment traité les membres de la délégation Sacem Polynésie de voleurs en confondant avec des émissaires de la Spacem. Malgré les explications pourtant claires qui lui ont été fournies, il a déclaré préférer “éteindre la musique dans [son] magasin”. Mais attention : le code de propriété intellectuelle de la Polynésie française, prévoit des sanctions pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 35 millions de francs d’amende pour toute personne prise en infraction, dans l’exercice de son activité professionnelle.

La Sacem Polynésie en chiffres

• Société civile à but non lucratif créée en 2018 par la Sacem et la SDRM (Société pour l’administration des droits de reproduction mécanique) prennent en charge près de 600 sociétaires auteurs, compositeurs et éditeurs
• Plus de 20 nouvelles adhésions par an
• Plus de 200 déclarations d’œuvres par an
• 3 millions de francs d’aide aux productions locales par an
• Plus de 175 millions de francs collectés en 2023

Rédigé par Paora’i Raveino le Lundi 5 Août 2024 à 17:39 | Lu 1160 fois