Tahiti, le 16 novembre 2022 – La directrice de l'Office antistupéfiants (Ofast), Stéphanie Cherbonnier, est actuellement en Polynésie où elle participe au séminaire portant sur la lutte contre le trafic de stupéfiants dans le Pacifique. Dans un entretien accordé à Tahiti Infos, elle revient sur la problématique de l'ice sur le territoire et explique qu'il n'est pas exclu que d'autres drogues de synthèse arrivent en Polynésie.
Quelles sont les raisons pour lesquelles une antenne de l'Ofast a été créée en Polynésie il y a deux ans ?
“Il était très important d'implanter cette antenne ici car c'est un démembrement de l'Ofast. L'idée était de décliner dans les territoires, dont la Polynésie fait partie, un chef de filat territorial. Nous avons souhaité que l'Ofast soit présent dans les territoires et que cette antenne de Papeete soit une projection de la structure centrale.”
Quels sont les enjeux locaux identifiés ?
“Il est vrai qu'il y a plusieurs problématiques qui sont très spécifiques à la Polynésie. C’est-à-dire que les sujets que l'on traite au niveau national ne sont pas forcément ceux qui se déclinent dans les territoires, d'où l'intérêt d'avoir des politiques publiques adaptées dans les territoires comme le plan de 2021 destiné à lutter contre l'ice. Plusieurs phénomènes sont identifiés en Polynésie. Il y a d'abord la production locale de cannabis avec les cultures outdoor et le développement de certaines cultures indoor. Le deuxième sujet est bien sûr celui de la méthamphétamine et des connexions avec les États-Unis, ainsi que de la route vers l'Australie avec la Polynésie comme zone de transit et de consommation. Enfin, il y a la cocaïne puisqu'il y a des voiliers qui font des stops en Polynésie ou en Nouvelle-Calédonie à destination de l'Australie. Ce sont les trois phénomènes sur lesquels l'antenne Ofast doit concerter son action.”
En matière de trafic d'ice, on a pu constater ces dernières années que les trafiquants n'utilisaient pas que la voie aérienne – particulièrement surveillée – mais qu'ils se tournaient également vers le fret ou la voie maritime. Aurez-vous les moyens de lutter contre ces renouvellements perpétuels ?
“Les organisations criminelles sont extrêmement agiles et inventives. C’est-à-dire qu'elles vont trouver un moyen pour faire passer leur produit. Il y a le vecteur aérien avec l'utilisation de passeurs avec le transport de beaucoup de petites quantités. Là, le risque de perdre de l'argent est un peu atténué pour les organisations criminelles. Il y a le vecteur maritime avec des voiliers ou des vraquiers avec des caches dissimulées un peu partout. Il y aussi les conteneurs même si cela semble moins prégnant en Polynésie. Il nous appartient donc d'être aussi inventifs dans la recherche des moyens de transport.”
Est-il nécessaire de rappeler la grande toxicité de l'ice qui est notamment composée de substances médicamenteuses mélangées à des solvants, détergents et autres produits toxiques ?
“C'est ce que l'on a répété tout au long du séminaire. L'Ofast porte une politique publique résolument répressive mais face à cette politique, il faut toujours avoir le pendant d'une politique préventive de l'usage des stupéfiants. Il faut dire que la drogue tue quand on la consomme, parler des effets sur la santé, sur les jeunes populations. L'ice, comme la cocaïne, est particulièrement nocive puisqu'elle est issue d'une composition chimique extrêmement nocive pour la santé, comme toutes les drogues de synthèse.”
La question est récurrente mais comment expliquez-vous qu'un gramme d'ice acheté aux États-Unis pour moins de 20 dollars soit revendu à 300 000 Fcfp en Polynésie ?
“La culbute s'explique par les règles du marché de l'offre et la demande. Si vous avez beaucoup de demande sur un produit dont vous créez la rareté, vous faites monter les prix. C'est cela qui génère une telle augmentation des prix, c'est la difficulté à avoir à disposition suffisamment de produit pour répondre à la demande. C'est ce qui attire l'attention des pouvoirs publics aujourd'hui.”
Le fentanyl, un puissant analgésique de la classe des opioïdes, a fait des ravages aux États-Unis. Peut-on craindre son arrivée sur le territoire ?
“Cela fait plusieurs années que nous sommes vigilants sur le fentanyl car rien qu'au contact de ce produit, il peut y avoir des effets terribles. Il a donc fallu doter les services de capacités d'antidote avec le produit. Nous sommes très en lien avec la Drug Enforcement Administration (DEA) qui est notre premier partenaire pour les échanges sur les produits stupéfiants. Et donc oui, le fentanyl est une menace qui existe aux États-Unis, qui touche le continent européen à un petit niveau. Il ne faut absolument pas l'ignorer car nous ne sommes pas du tout à l'abri de l'arrivée du fentanyl sur le territoire polynésien.”
Quelles sont les raisons pour lesquelles une antenne de l'Ofast a été créée en Polynésie il y a deux ans ?
“Il était très important d'implanter cette antenne ici car c'est un démembrement de l'Ofast. L'idée était de décliner dans les territoires, dont la Polynésie fait partie, un chef de filat territorial. Nous avons souhaité que l'Ofast soit présent dans les territoires et que cette antenne de Papeete soit une projection de la structure centrale.”
Quels sont les enjeux locaux identifiés ?
“Il est vrai qu'il y a plusieurs problématiques qui sont très spécifiques à la Polynésie. C’est-à-dire que les sujets que l'on traite au niveau national ne sont pas forcément ceux qui se déclinent dans les territoires, d'où l'intérêt d'avoir des politiques publiques adaptées dans les territoires comme le plan de 2021 destiné à lutter contre l'ice. Plusieurs phénomènes sont identifiés en Polynésie. Il y a d'abord la production locale de cannabis avec les cultures outdoor et le développement de certaines cultures indoor. Le deuxième sujet est bien sûr celui de la méthamphétamine et des connexions avec les États-Unis, ainsi que de la route vers l'Australie avec la Polynésie comme zone de transit et de consommation. Enfin, il y a la cocaïne puisqu'il y a des voiliers qui font des stops en Polynésie ou en Nouvelle-Calédonie à destination de l'Australie. Ce sont les trois phénomènes sur lesquels l'antenne Ofast doit concerter son action.”
En matière de trafic d'ice, on a pu constater ces dernières années que les trafiquants n'utilisaient pas que la voie aérienne – particulièrement surveillée – mais qu'ils se tournaient également vers le fret ou la voie maritime. Aurez-vous les moyens de lutter contre ces renouvellements perpétuels ?
“Les organisations criminelles sont extrêmement agiles et inventives. C’est-à-dire qu'elles vont trouver un moyen pour faire passer leur produit. Il y a le vecteur aérien avec l'utilisation de passeurs avec le transport de beaucoup de petites quantités. Là, le risque de perdre de l'argent est un peu atténué pour les organisations criminelles. Il y a le vecteur maritime avec des voiliers ou des vraquiers avec des caches dissimulées un peu partout. Il y aussi les conteneurs même si cela semble moins prégnant en Polynésie. Il nous appartient donc d'être aussi inventifs dans la recherche des moyens de transport.”
Est-il nécessaire de rappeler la grande toxicité de l'ice qui est notamment composée de substances médicamenteuses mélangées à des solvants, détergents et autres produits toxiques ?
“C'est ce que l'on a répété tout au long du séminaire. L'Ofast porte une politique publique résolument répressive mais face à cette politique, il faut toujours avoir le pendant d'une politique préventive de l'usage des stupéfiants. Il faut dire que la drogue tue quand on la consomme, parler des effets sur la santé, sur les jeunes populations. L'ice, comme la cocaïne, est particulièrement nocive puisqu'elle est issue d'une composition chimique extrêmement nocive pour la santé, comme toutes les drogues de synthèse.”
La question est récurrente mais comment expliquez-vous qu'un gramme d'ice acheté aux États-Unis pour moins de 20 dollars soit revendu à 300 000 Fcfp en Polynésie ?
“La culbute s'explique par les règles du marché de l'offre et la demande. Si vous avez beaucoup de demande sur un produit dont vous créez la rareté, vous faites monter les prix. C'est cela qui génère une telle augmentation des prix, c'est la difficulté à avoir à disposition suffisamment de produit pour répondre à la demande. C'est ce qui attire l'attention des pouvoirs publics aujourd'hui.”
Le fentanyl, un puissant analgésique de la classe des opioïdes, a fait des ravages aux États-Unis. Peut-on craindre son arrivée sur le territoire ?
“Cela fait plusieurs années que nous sommes vigilants sur le fentanyl car rien qu'au contact de ce produit, il peut y avoir des effets terribles. Il a donc fallu doter les services de capacités d'antidote avec le produit. Nous sommes très en lien avec la Drug Enforcement Administration (DEA) qui est notre premier partenaire pour les échanges sur les produits stupéfiants. Et donc oui, le fentanyl est une menace qui existe aux États-Unis, qui touche le continent européen à un petit niveau. Il ne faut absolument pas l'ignorer car nous ne sommes pas du tout à l'abri de l'arrivée du fentanyl sur le territoire polynésien.”
L'Ofast
L'Office antistupéfiants (Ofast) est un office de la direction centrale de la police judiciaire qui est le chef de file de la lutte contre les trafics de stupéfiants en France, et qui est basé sur le modèle de la Direction générale de la sécurité intérieure. L'Ofast a été créé le 1er janvier 2020 pour porter la politique publique de lutte contre le trafic de stupéfiants dans l'Hexagone. Sa structure centrale est basée à Nanterre et compte 200 employés. En Polynésie, l'antenne Ofast est composée de quatre gendarmes.