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​L’inflation, une histoire de coût et de marge


Tahiti, le 3 avril 2023 - Alors que la Banque centrale européenne et l’IEOM ont révisé leurs taux directeurs pour “contribuer à la stabilité des prix”, un débat s’est ouvert en métropole. Si l’inflation est en partie due à l’augmentation des coûts de production, elle trouve également son origine, selon une étude de l’Insee, dans un “effet de rattrapage” non négligeable de marges par les entreprises entamé en 2022.

La décision n’est pas surprenante. Alors que la Banque centrale européenne (BCE) a relevé ses taux directeurs le 16 mars dernier, le conseil de surveillance de l’IEOM a, comme à l’accoutumée, choisi de suivre le mouvement quelques jours plus tard en procédant à la révision des siens. Une politique de renchérissement du crédit donc calquée une nouvelle fois sur celle mise en vigueur dans l’Union européenne afin de lutter contre l’inflation. Par rapport à la dernière modification des taux intervenus en décembre dernier, les nouveaux taux directeurs, actés le 21 mars dernier et pour partie en vigueur depuis le 27 mars, sont augmentés entre 1 et 1,2 point. Un réajustement à la hausse qui vise cependant toujours à “contribuer à la stabilité des prix et à la modération du coût du crédit dans la zone d’intervention” de l’IEOM, à savoir la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna, que ce soit pour les particuliers ou pour les entreprises.

“Fardeau” à partager

Mais si le communiqué de l’IEOM ne fait qu’acter un alignement des taux, la BCE, consciente des limites de son action, a quant à elle choisi au moment du renforcement de sa politique monétaire le 16 mars dernier d’ouvrir un débat plus large sur les comportements des entreprises et des pouvoirs publics. Un débat encore non ouvert en Polynésie française. La directrice de la BCE Christine Lagarde a en effet indiqué espérer “un partage adéquat du fardeau” de l’inflation. Peut-être désireuses de reconstituer leur trésorerie détériorée pendant la pandémie, les entreprises ont notamment pratiqué en France des taux de marges bien supérieurs à ceux pratiqués avant-crise. Cet “effet de rattrapage”, selon les termes utilisés par l’Insee dans une étude publiée le 15 mars dernier, a contribué significativement à l’inflation en plus de l’augmentation des seuls coûts de fabrication. Cet effet est surtout constaté, dans les industries agro-alimentaires françaises qui fournissent en grande partie les rayons des magasins du fenua et qui pourrait expliquer l’augmentation de +9,9% des produits alimentaires sur les douze derniers mois. Autre débat ouvert par la BCE, l’intérêt et les effets des mesures budgétaires de soutien aux ménages et entreprises pour lutter contre la cherté de la vie. La mise en place de chèques alimentaires, des remises carburant ou encore la réévaluation des minimas sociaux n’ont en effet pas incité les entreprises à faire des efforts sur les prix, bien au contraire. Sobrement, Christine Lagarde a évoqué qu’il était “important de commencer rapidement à réduire ces mesures de manière concertée” afin d'éviter “d'augmenter les pressions inflationnistes à moyen terme”. Deux constats qui devraient conduire les pouvoirs publics, en métropole comme en Polynésie française, à chercher à identifier l’impact de leurs mesures avant leur adoption pour leur éviter d’être contre-productives.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Lundi 3 Avril 2023 à 17:01 | Lu 2923 fois