Tahiti, le 05 avril 2022 - Statut d'autonomie, conséquences des essais nucléaires et transition énergétique. À l'approche du premier tour de l'élection présidentielle, Tahiti Infos a adressé six questions aux douze candidats nationaux dont six sont représentés localement. Tauhiti Nena, le représentant d'Éric Zemmour en Polynésie, nous répond aujourd'hui et rappelle que son candidat s’est "notamment engagé à discuter et négocier un partenariat dans les termes d’un statut d’État souverain associé à la France"
La Polynésie française dispose d'un statut de large autonomie au sein de la République. Comment vous positionnez-vous vis-à-vis de la situation statutaire actuelle et de son évolution éventuelle ?
"On peut lire sur le site internet du haut-commissariat que le concept d’autonomie a été mis au point progressivement par un dialogue constant entre les instances polynésiennes et le gouvernement national ; son application repose sur un partenariat entre l’État garantissant la solidarité nationale et la sécurité globale de la société, et la volonté des Polynésiens de mettre en valeur leurs ressources propres ; elle a permis un développement économique, social et culturel de la Polynésie sans précédent. Je n’ai donc même pas à répondre à cette question puisque les propos affichés publiquement par le haut-commissariat défendent eux-mêmes le "partenariat" avec la France que je souhaite mettre en place dans un statut d’État souverain associé à la France. Depuis 1843 où a eu lieu le premier traité, entre la France et la Polynésie, jusqu’à aujourd’hui, la vie politique du Pays a connu deux protectorats, une annexion, trois statuts d’autonomie et deux modifications majeures de la dernière loi organique de 2004. Et au vu de la situation sanitaire de ces deux dernières années découlant de la Covid-19, c’est le président de la Polynésie "française" lui-même qui a démontré à l’ensemble des Polynésiens dans ses interventions en direct sur les chaînes télévisées et dans les médias toute l’impuissance de notre autonomie en temps de crise et le sentiment d’abandon de l’État, au côté du véritable décideur politique, le haut-commissaire de la République. Faut-il encore que je rajoute autre chose ?"
En particulier, la Polynésie française est inscrite depuis 2013 sur la liste des territoires non-autonomes de l'ONU. Pensez-vous que la France doit prendre part à ce processus aux Nations Unies ?
"Le deuxième alinéa du préambule de la Constitution de la République française de 1958 stipule qu’en respect de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et qu’en vertu de ses principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d'outre-mer qui manifestent la volonté d'y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique. Je répète : "En vue de leur évolution démocratique". La souveraineté est donc un droit inscrit dans le bloc de constitutionnalité. La France ne peut pas à la fois dire une chose et faire son contraire. Dans l’élaboration de la souveraineté nationale française par les pères fondateurs de la République est inscrite la souveraineté des peuples et leur accompagnement à l’exercice de leur pleine souveraineté. Ce n’est pas l’Organisation des Nations-Unies qui le dit. Mais c’est moi qui l’affirme."
Sur le sujet des conséquences des essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française, le système d'indemnisation actuelle de la Loi Morin vous convient-il ? L'État doit-il accompagner davantage la collectivité sur ce dossier ?
"Lorsqu’en 2022, il arrive encore que l’on polémique sur le fait et la dette nucléaire, il existe alors bien la certitude qu’il y a toujours un problème à régler. La loi Morin du 5 janvier 2010 prévoit une procédure d’indemnisation pour les personnes atteintes de maladies résultant d'une exposition aux rayonnements des essais nucléaires français. C’est une procédure qui est prévue. Ce n’est pas une indemnisation pleine et entière. Rajoutons à cela le fameux amendement du millisiviert de la sénatrice Tapura rendant désormais presqu’impossible les indemnisations des victimes polynésiennes. Même l’État n’a pas été aussi méchant envers ses compatriotes. L’État a bien voulu accompagner le Pays sur ce dossier. Il a même commencé à déclassifier les archives militaires pour éclairer la commission d’indemnisation. Certains dossiers ont même vu une fin positive à leur demande. Mais je ne doute pas que l’amendement Tetuanui du Tapura est un acte de haute trahison envers les victimes et les familles des victimes qui souffrent jusque dans leurs chairs, et qui plus est, sur plusieurs générations."
Comment définiriez-vous le rôle de l’État dans ses compétences régaliennes en Polynésie française (armée, relations internationales, zone économique exclusive…) si Éric Zemmour est élu président de la République ?
"Je prévois dans le statut d’État souverain associé à la France de renforcer la présence militaire et régalienne de la France sur le territoire. Avec 117 îles réparties sur une surface comparable aux terres européennes, il est impossible de surveiller et de protéger notre Zone économique exclusive avec un seul bateau. C’est comme si l’Ukraine se battait contre les forces russes avec un seul avion. Il est bien évident qu’il faudrait une base militaire et maritime dans chaque archipel, mais aussi sur chaque île habitable si le contexte le permet. La Polynésie est riche de terres rares. C’est un fait. Plus personne ne peut le nier. Mais comment protéger notre richesse sous-marine si nous ne sommes même pas capables d’empêcher des bateaux de pêche chinois de se servir de la Polynésie comme cimetière naval tout en polluant impunément nos îles, nos lagons et nos mers ? Renforcer la présence militaire française en Polynésie française dans un partenariat privilégié de défense n’est pas seulement le fait de défendre nos terres et nos eaux, elle est aussi une force économique qui permettra d’abord de faire revenir nos jeunes militaires Polynésiens en poste en Europe pour défendre leur Pays, mais aussi d’inciter plus de jeunes à s’engager dans l’armée, tout en sachant qu’ils resteront au Fenua près de leur famille pour servir, protéger et défendre leur Fenua."
Comment l'État peut-il accompagner la Polynésie française dans sa transition énergétique, notamment pour atteindre les objectifs environnementaux fixés au niveau national ?
"Avec le conflit en Ukraine, la dépendance au gaz russe de l’Union européenne s’est révélée d’environ 44%, à côté de cela, il y a les énergies fossile, solaire, éolienne et hydraulique à 56%. En Polynésie, nous avons la chance de vivre dans un Pays ensoleillé toute l’année. Et quand le soleil n’est pas là, nous avons encore la chance d’avoir du vent et parfois même des crues impressionnantes. La Polynésie est déjà à elle seule la transition énergétique que l’on veut atteindre. Nous avons déjà à notre disposition les énergies solaire, éolienne et hydraulique pour devenir une figure de proue mondiale dans le domaine des énergies renouvelables. Actuellement, il y a une multitude de sociétés privées qui se développe en même temps que des emplois indispensables dans une perspective de long terme et en intégrant les contraintes écologiques et sociales à l'économie. Elles n’ont pas attendu de quelconques aides ou subventions de l’État pour renforcer le développement économique du Pays. Mais il est bien évident que les choses iraient plus vite et de manière plus efficace si elles étaient accompagnées par des mesures fiscales incitatives fortes, afin de réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées, qui ont par ailleurs un impact carbone important sur l’environnement. Nul doute qu’aujourd’hui, pour un pays perdu au milieu du Pacifique sud dépendant des importations que nous sommes, il soit impossible de parler de transition énergétique sans parler de transition écologique."
Sur le principe d'une carte blanche offerte à tous les candidats à l'élection présidentielle, quelles sont les propositions spécifiques qu'Éric Zemmour envisage pour la Polynésie française ?
"Il existe chez Éric Zemmour cette volonté indéfectible de vouloir conforter et valoriser les outre-mer dans la communauté nationale. Je n’invente rien. Tout est dans sa profession de foi. Il s’agit de garantir la cohésion économique et sociale de la Polynésie, ainsi que d’en faire un moteur de croissance économique et d’emplois. C’est-à-dire créer et développer des pôles d’excellence comme l’université des métiers de la mer ou défendre et soutenir les productions agricoles traditionnelles de la terre pour atteindre l’autosuffisance alimentaire… Malgré tout ce qu’on peut dire, Éric Zemmour reste un grand défenseur de l'identité : française, certes, mais aussi de l'identité de chacun des territoires d'outre-mer. Éric Zemmour veut une France forte comme je veux une Polynésie encore plus forte. Il s’est notamment engagé à discuter et négocier un partenariat dans les termes d’un statut d’État souverain associé à la France. Mais pour cela, il faudra voter pour Éric Zemmour les 9 et 23 avril 2022 prochain. Pour le reste, je vous renvoie à sa profession de foi qui doit certainement déjà attendre chaque électeur indécis dans sa boîte postale."
La Polynésie française dispose d'un statut de large autonomie au sein de la République. Comment vous positionnez-vous vis-à-vis de la situation statutaire actuelle et de son évolution éventuelle ?
"On peut lire sur le site internet du haut-commissariat que le concept d’autonomie a été mis au point progressivement par un dialogue constant entre les instances polynésiennes et le gouvernement national ; son application repose sur un partenariat entre l’État garantissant la solidarité nationale et la sécurité globale de la société, et la volonté des Polynésiens de mettre en valeur leurs ressources propres ; elle a permis un développement économique, social et culturel de la Polynésie sans précédent. Je n’ai donc même pas à répondre à cette question puisque les propos affichés publiquement par le haut-commissariat défendent eux-mêmes le "partenariat" avec la France que je souhaite mettre en place dans un statut d’État souverain associé à la France. Depuis 1843 où a eu lieu le premier traité, entre la France et la Polynésie, jusqu’à aujourd’hui, la vie politique du Pays a connu deux protectorats, une annexion, trois statuts d’autonomie et deux modifications majeures de la dernière loi organique de 2004. Et au vu de la situation sanitaire de ces deux dernières années découlant de la Covid-19, c’est le président de la Polynésie "française" lui-même qui a démontré à l’ensemble des Polynésiens dans ses interventions en direct sur les chaînes télévisées et dans les médias toute l’impuissance de notre autonomie en temps de crise et le sentiment d’abandon de l’État, au côté du véritable décideur politique, le haut-commissaire de la République. Faut-il encore que je rajoute autre chose ?"
En particulier, la Polynésie française est inscrite depuis 2013 sur la liste des territoires non-autonomes de l'ONU. Pensez-vous que la France doit prendre part à ce processus aux Nations Unies ?
"Le deuxième alinéa du préambule de la Constitution de la République française de 1958 stipule qu’en respect de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et qu’en vertu de ses principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d'outre-mer qui manifestent la volonté d'y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique. Je répète : "En vue de leur évolution démocratique". La souveraineté est donc un droit inscrit dans le bloc de constitutionnalité. La France ne peut pas à la fois dire une chose et faire son contraire. Dans l’élaboration de la souveraineté nationale française par les pères fondateurs de la République est inscrite la souveraineté des peuples et leur accompagnement à l’exercice de leur pleine souveraineté. Ce n’est pas l’Organisation des Nations-Unies qui le dit. Mais c’est moi qui l’affirme."
Sur le sujet des conséquences des essais nucléaires menés entre 1966 et 1996 en Polynésie française, le système d'indemnisation actuelle de la Loi Morin vous convient-il ? L'État doit-il accompagner davantage la collectivité sur ce dossier ?
"Lorsqu’en 2022, il arrive encore que l’on polémique sur le fait et la dette nucléaire, il existe alors bien la certitude qu’il y a toujours un problème à régler. La loi Morin du 5 janvier 2010 prévoit une procédure d’indemnisation pour les personnes atteintes de maladies résultant d'une exposition aux rayonnements des essais nucléaires français. C’est une procédure qui est prévue. Ce n’est pas une indemnisation pleine et entière. Rajoutons à cela le fameux amendement du millisiviert de la sénatrice Tapura rendant désormais presqu’impossible les indemnisations des victimes polynésiennes. Même l’État n’a pas été aussi méchant envers ses compatriotes. L’État a bien voulu accompagner le Pays sur ce dossier. Il a même commencé à déclassifier les archives militaires pour éclairer la commission d’indemnisation. Certains dossiers ont même vu une fin positive à leur demande. Mais je ne doute pas que l’amendement Tetuanui du Tapura est un acte de haute trahison envers les victimes et les familles des victimes qui souffrent jusque dans leurs chairs, et qui plus est, sur plusieurs générations."
Comment définiriez-vous le rôle de l’État dans ses compétences régaliennes en Polynésie française (armée, relations internationales, zone économique exclusive…) si Éric Zemmour est élu président de la République ?
"Je prévois dans le statut d’État souverain associé à la France de renforcer la présence militaire et régalienne de la France sur le territoire. Avec 117 îles réparties sur une surface comparable aux terres européennes, il est impossible de surveiller et de protéger notre Zone économique exclusive avec un seul bateau. C’est comme si l’Ukraine se battait contre les forces russes avec un seul avion. Il est bien évident qu’il faudrait une base militaire et maritime dans chaque archipel, mais aussi sur chaque île habitable si le contexte le permet. La Polynésie est riche de terres rares. C’est un fait. Plus personne ne peut le nier. Mais comment protéger notre richesse sous-marine si nous ne sommes même pas capables d’empêcher des bateaux de pêche chinois de se servir de la Polynésie comme cimetière naval tout en polluant impunément nos îles, nos lagons et nos mers ? Renforcer la présence militaire française en Polynésie française dans un partenariat privilégié de défense n’est pas seulement le fait de défendre nos terres et nos eaux, elle est aussi une force économique qui permettra d’abord de faire revenir nos jeunes militaires Polynésiens en poste en Europe pour défendre leur Pays, mais aussi d’inciter plus de jeunes à s’engager dans l’armée, tout en sachant qu’ils resteront au Fenua près de leur famille pour servir, protéger et défendre leur Fenua."
Comment l'État peut-il accompagner la Polynésie française dans sa transition énergétique, notamment pour atteindre les objectifs environnementaux fixés au niveau national ?
"Avec le conflit en Ukraine, la dépendance au gaz russe de l’Union européenne s’est révélée d’environ 44%, à côté de cela, il y a les énergies fossile, solaire, éolienne et hydraulique à 56%. En Polynésie, nous avons la chance de vivre dans un Pays ensoleillé toute l’année. Et quand le soleil n’est pas là, nous avons encore la chance d’avoir du vent et parfois même des crues impressionnantes. La Polynésie est déjà à elle seule la transition énergétique que l’on veut atteindre. Nous avons déjà à notre disposition les énergies solaire, éolienne et hydraulique pour devenir une figure de proue mondiale dans le domaine des énergies renouvelables. Actuellement, il y a une multitude de sociétés privées qui se développe en même temps que des emplois indispensables dans une perspective de long terme et en intégrant les contraintes écologiques et sociales à l'économie. Elles n’ont pas attendu de quelconques aides ou subventions de l’État pour renforcer le développement économique du Pays. Mais il est bien évident que les choses iraient plus vite et de manière plus efficace si elles étaient accompagnées par des mesures fiscales incitatives fortes, afin de réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées, qui ont par ailleurs un impact carbone important sur l’environnement. Nul doute qu’aujourd’hui, pour un pays perdu au milieu du Pacifique sud dépendant des importations que nous sommes, il soit impossible de parler de transition énergétique sans parler de transition écologique."
Sur le principe d'une carte blanche offerte à tous les candidats à l'élection présidentielle, quelles sont les propositions spécifiques qu'Éric Zemmour envisage pour la Polynésie française ?
"Il existe chez Éric Zemmour cette volonté indéfectible de vouloir conforter et valoriser les outre-mer dans la communauté nationale. Je n’invente rien. Tout est dans sa profession de foi. Il s’agit de garantir la cohésion économique et sociale de la Polynésie, ainsi que d’en faire un moteur de croissance économique et d’emplois. C’est-à-dire créer et développer des pôles d’excellence comme l’université des métiers de la mer ou défendre et soutenir les productions agricoles traditionnelles de la terre pour atteindre l’autosuffisance alimentaire… Malgré tout ce qu’on peut dire, Éric Zemmour reste un grand défenseur de l'identité : française, certes, mais aussi de l'identité de chacun des territoires d'outre-mer. Éric Zemmour veut une France forte comme je veux une Polynésie encore plus forte. Il s’est notamment engagé à discuter et négocier un partenariat dans les termes d’un statut d’État souverain associé à la France. Mais pour cela, il faudra voter pour Éric Zemmour les 9 et 23 avril 2022 prochain. Pour le reste, je vous renvoie à sa profession de foi qui doit certainement déjà attendre chaque électeur indécis dans sa boîte postale."