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​Des symptômes sur les voies aériennes


Tahiti, le 22 mars 2020 - La ruée vers l’air… Tahiti Nui voit partir ses derniers touristes, dans une certaine confusion. L’affluence était importante samedi soir à l’aéroport de Tahiti-Faa’a. French Bee ayant arrêté ses vols, tous ses passagers encore présents -mais aussi ceux d’ATN dont les futurs vols ont été annulés- et se sont tous précipités pour essayer d’embarquer dans l’appareil de la compagnie au tiare. L’avion ne pouvait embarquer que 294 passagers…
 
Attente, stress, angoisse et fatigue. Ce fut le lot des nombreux passagers restés au sol samedi soir à l’aéroport de Tahiti-Faa’a. Après que plusieurs Pays ont annoncé la fermeture de leurs frontières, plusieurs compagnies ont décidé de suspendre leurs liaisons, parmi elles French Bee. La compagnie low cost a demandé à ses clients de passer par Air Tahiti Nui ou Air France pour leur retour en métropole.
Et samedi soir, ils étaient nombreux à l’aéroport à espérer pouvoir rentrer chez eux. Mais la capacité des avions n’est pas négociable. Sur près d’une centaine de passagers en liste d’attente, moins d’une dizaine a pu embarquer.
 
“Ascenseurs émotionnels”
 
Avant que l’on n’en arrive au temps de suspendre les vols, le retour en métropole d’Alexandre était prévu sur le vol ATN du 31 mars. Un vol dorénavant annulé. Alexandre fait partie des personnes qui ont fait la queue samedi dans l’espoir d’un siège, en vain… “On est censé bénéficier des désistements de derniere minute, soupire Alexandre, on fait des ascenseurs émotionnels, on est fatigué, personne ne nous dit rien. Il y a un vol dans deux jours et on va devoir revenir et attendre (…) on commence à être à bout là”. Mais Alexandre est conscient de sa chance puisqu’il a de la famille au fenua. Pour ce qui est du logement, du “confinement” devrait on écrire, il n’aura pas de soucis. Ce n’est pas le cas de tous ces naufragés.
Françoise, une autre passagère d’ATN, a dû elle aussi écourter ses vacances dans les îles et revenir au plus tôt à Tahiti, puisque son vol retour est annulé. Elle se sent également abandonnée, alors qu’elle avait un billet. “On a essayé de joindre ATN pendant cinq jours et aucune réponse. On était démuni, sans l’informations”.
Autres passagers perdus, Gérard et sa petite famille, qui voyage avec la compagnie low cost. “C’est compliqué car on voyage à quatre avec French Bee qui a annulé ses vols. Nous avons racheté il y a trois jours de cela des billets avec ATN, qui n’avait pas de places avant le 31, donc il va falloir qu’on fasse la queue tous les jours. Je voyage avec ma mère qui a 80 ans. C’est pour cela que je dis que la situation est compliquée”.
 
ATN, dernière solution pour contourner les États-Unis
 
Air Tahiti Nui, qui a pris la décision de faire escale à Pointe-à-Pitre plutôt qu’à Los Angeles, est le dernier espoir de retour vers l’Europe pour de nombreux touristes. Contacté samedi soir, le P-dg de la compagnie au tiare, Michel Monvoisin, assurait effectivement qu’il avait eu des contacts avec la compagnie low-cost qui lui a demandé de prendre en charge ses passagers. “Nous avons pris ceux qu’on pouvait prendre, car nous avons aussi nos propres passagers. On gère au cas par cas”. Il souligne aussi qu’un comptoir spécial a été ouvert pour l’occasion, “sinon c’est ingérable. Nos équipes se sont préparées à cet afflux et elles gèrent au mieux”.
La cheffe d’escale d’Air Tahiti Nui, Cécile Sedeau, explique que les passagers ont été “compréhensifs”. “Ils savent qu’ils n’ont pas trop le choix malheureusement. Ce qui a été le plus difficile à gérer, c’est le fait qu’on savait qu’ils avaient très peu de chance de partir sur Paris car le vol était déjà bien rempli. On le leur a dit au début de l’enregistrement, mais ils n’ont pas voulu rentrer. Tout le monde a de l’espoir”. 
 
“D’ici l’arrêt des vols, la totalité des touristes seront rentrés”
 
Stéphane Durand est en charge de la cellule rapatriement du haussariat. Il explique la situation. “Ce soir, l’objectif était de remplir les vols au maximum. La satisfaction de la soirée, c’est que tous les vols ont été complètement remplis. La difficulté est qu’il y a des gens qui n’ont pas eu de place, donc on a fait un listing de la totalité des personnes pour voir comment les positionner dans les prochains vols. On est optimiste par rapport à la capacité des avions et au nombre de personne à rapatrier. Normalement d’ici la fin de la semaine et l’arrêt des vols, la totalité des touristes seront rentrés.”

À ce moment-là, la Polynésie sera elle-même confinée…

Jean-Michel Ratron, directeur général d'ADT : “Il faut gérer toutes ces contraintes”

La situation est un petit peu particulière, et il est nécessaire maintenant que les touristes qui sont au fenua puissent rentrer chez eux avec un nombre de vols qui diminue tous les jours. Donc il faut arriver à mettre tous les touristes qui repartent dans les avions qui restent et qui font encore des liaisons vers les pays étrangers. Cette équation est de plus en plus difficile. Ceci étant, les compagnies aériennes sont proactives pour essayer de placer un maximum de touristes dans leurs avions. Les contraintes qui s’ajoutent à cela, c’est que certaines compagnies, comme Air France, passent par les États-Unis et qu’il est plus compliqué de passer par les États-Unis en ce moment. ATN a fait le choix de passer par Pointe-à-Pitre ce qui évite le territoire américain. Il faut arriver à gérer toutes ces contraintes, tous ces départs de touristes. Et nous sommes là pour aider les compagnies aériennes et les touristes pour trouver toutes les solutions possibles. Ce soir, cela s’est bien passé. Les compagnies font vraiment beaucoup d’efforts pour accepter les touristes. Et les touristes et passagers sont très patients également, et je les remercie pour leur patience car ce n’est pas très simple d’attendre aussi longtemps qu’un vol se libère. On n’a pas du tout eu d’énervement, tout le monde a été patient et c’est vraiment bien”.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 22 Mars 2020 à 17:46 | Lu 6379 fois