Tahiti Infos

​CET de Faaroa, le gouvernement approuve


Tahiti le 19 mars 2025. Dans un communiqué envoyé ce mercredi aux rédactions, le gouvernement affirme approuver la mise en place d’un Centre d’enfouissement technique à Faaroa, sur Raiatea. Un projet qui est le fruit « d’une décennie de travail », explique la présidence.
 

Face aux critiques émises à l’encontre du Centre d'enfouissement technique (CET) de Faaroa, le ministère de l’Environnement de la Polynésie française souhaite rappeler que ce projet est le fruit de plus d'une décennie de travail, d'études et de concertation afin d'apporter une solution viable à la gestion déficiente des déchets à Ra’iātea.

S’il entend la position des riverains et de l’association Vai Ava, qui estiment que d’autres sites auraient pu être retenus, le ministère souhaite rappeler que le terrain de Faaroa a été choisi par la Communauté de communes (COMCOM) Hava’i, composée de maires élus et seule compétente en la matière, et que ce terrain a été affecté à la COMCOM par le Pays en 2016.

Cette décision, qui repose sur des critères objectifs, étant actée, le ministère s’attache désormais à prendre les mesures nécessaires pour garantir que la construction et l’exploitation du CET seront réalisées dans des conditions propres à garantir le respect de l’environnement et du cadre de vie des habitants et que le projet dispose des moyens techniques, juridiques et financiers nécessaires pour garantir un traitement efficace des déchets à Ra’iātea.

​Fermer la décharge sauvage

Pour appuyer la décision, le ministère rappelle que "le site actuel de dépôt des déchets, situé à ‘Āvera, est une décharge sauvage non conforme et illégale". Rien que pour l’année 2023, l’actuel centre a accueilli 2 210 tonnes par an d’ordures ménagères résiduelles, 300 tonnes par an d’encombrants de catégorie 2, 300 tonnes par an d’encombrants de catégorie 3 soit un total de 2 810 tonnes de déchets à enfouir par an.

"Il reste urgent de faire aboutir ce projet", poursuit le communiqué de la présidence. "Ce projet a fait l'objet d'une étude d'impact environnementale et d'une consultation publique", rappellent les autorités. "Ce site présentait plus d'avantages que d'inconvénients et que ces derniers pouvaient être maîtrisés". Les avantages sont l’éloignement des habitations, l’accessibilité, la position centrale facilitant le transfert des déchets, la maîtrise foncière et la superficie disponible. Quelques désavantages subsistent comme la topographie, la forte humidité, la visibilité et la proximité de la source gazeuse.

Malgré l’opposition d’une partie des habitants de Raiatea, le gouvernement affirme que "les éléments à disposition établissent que le choix du site d'implantation a reposé sur des études et contraintes objectives" et que les éléments publics "démontrent que l'association qui combat le projet depuis de nombreuses années a eu l'occasion de faire part de sa position auprès des instances."

Le Pays maintient : "Cette décision repose sur des critères stricts, notamment l'éloignement des zones d'habitation et la prise en compte des enjeux environnementaux et patrimoniaux", tout en expliquant que le domaine du traitement des déchets étant de compétence communale. "La Polynésie française ne peut revenir sur le choix de ce site. (…) En outre, il serait irresponsable désormais de s’opposer à un projet qui est le seul permettant à court et moyen terme de faire face à l’urgence posée par les déchets à Ra’iātea. (…) Il serait facile pour le gouvernement de ne pas prendre ses responsabilités et de laisser à d’autre le choix de prendre des décisions difficiles tout en laissant des dépotoirs sauvages continuer de polluer les terres, les rivières et le lagon de l’île." 
 

​Solutions alternatives non viables

Dans son opposition, l’association de riverains de Raiatea proposait d’autres solutions. Des propositions toutes battues en brèche par le communiqué du gouvernement qui les démonte tous.

"Les opposants mettent en avant que d’autres mesures ou installations pourraient permettre d’éviter l’installation d’un CET"  mais "il apparait important de souligner que les alternatives proposées ne sont pas réalistes", explique ainsi le gouvernement qui liste. « Le « zéro déchet » est malheureusement une utopie à court et moyen terme. Malgré les efforts de réduction et de tri, il restera toujours des déchets non valorisables qui nécessitent un traitement."

De plus "la création et l’exploitation d’un incinérateur, parfois évoqué, n’empêcherait pas la création d’un CET", poursuit le communiqué expliquant que cette solution ne serait ni moins chère, ni moins polluante alors que le CET de Faaroa présente de meilleures garanties (protection des espèces endémiques et du patrimoine archéologique du site, barrière de sécurité, utilisation de géomembranes, système d'étanchéité et de drainage des lixiviats, contrôle rigoureux de la qualité des eaux souterraines, contrôle des émissions sonores et odeurs et mesures de contrôle et de lutte contre la petite fourmi de feu).

En conclusion, le gouvernement rappelle que ce projet est "indispensable pour l’avenir de Raiatea". "L'abandon du projet signifierait non seulement l'anéantissement de plus de dix ans d'études et d'efforts, mais aussi un retard de plusieurs années avant qu'une solution alternative puisse être mise en place. (…) Le remettre en cause reviendrait, pour le gouvernement actuel, à renvoyer la responsabilité de prendre des décisions difficiles mais nécessaires à une prochaine mandature. »

Les mesures complémentaires
 
Sur le dossier du traitement des déchets en Polynésie française, le gouvernement revient en fin de communiqué sur ce qui est fait sur Raiatea pour que la situation ne dégénère pas. « Le gouvernement a investi 33 millions de francs en 2023 et 2024 pour rapatrier vers Tahiti une soixantaine de véhicules hors d’usage et plus de 100 tonnes de déchets ménagers spéciaux et déchets électroniques »
De même, le Pays reste fermement déterminé à développer les outils pour atteindre ses objectifs de réduction des déchets à enfouir à l’horizon 2032 : -50% pour les déchets non-inertes et non-dangereux, -40% pour les déchets alimentaires et -30% pour l’ensemble des déchets.
 

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mercredi 19 Mars 2025 à 11:47 | Lu 2144 fois