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​706 milliards : la Polynésie affiche un PIB record en 2023


Tahiti, le 16 juillet 2024 – Une consommation intérieure très favorable, des chiffres jamais égalés dans l’industrie du tourisme : le produit intérieur brut (PIB) de la Polynésie française a atteint la valeur record de 706 milliards en 2023.
 
C’est un niveau record jamais atteint en Polynésie française. Selon l’estimation du groupement pour les Comptes économiques rapides d’outre-mer (Cérom), le produit intérieur brut (PIB) de la collectivité atteint 706 milliards de francs en 2023 en progression de 7% en valeur par rapport à l’année précédente – 3 points de hausse en volume et près de 4 points de hausse des prix – soit 45 milliards de francs de plus qu’en 2022. Un PIB record, près de 10% supérieur à celui qu’affichait la collectivité avant la crise sanitaire, ont annoncé mardi matin les représentants pour la Polynésie du Cérom (ISPF, AFD, IEOM).
 
“On ne pensait pas, à la fin de l’année 2021, que l’on en serait là en 2023”, observe Julien Vucher-Visin, le chef du département études et synthèses économiques.
 
Consommation des ménages : 482 milliards
 
Cette croissance, en 2023, est portée pour ses deux tiers par la demande intérieure et notamment par la consommation des ménages (482 milliards, +5,5% en valeur) et par l’investissement privé (116 milliards, +9,4% en valeur), alors que le secteur public affiche une légère hausse de ses dépenses de fonctionnement (211 milliards, +2,9% en valeur) tandis que les investissements publics sont en repli de -1% sur l’année (33,6 milliards) pour retrouver le niveau de 2019.
 
Avec l’embellie dans le secteur du tourisme, la croissance des exportations a été en 2023 supérieure à celle des importations, avec un effet favorable de 0,9 point de croissance. La hausse des exportations de biens et services (+17%) est essentiellement liée aux chiffres records du tourisme. En 2023, la Polynésie a accueilli 261 813 visiteurs pour une recette estimée de 100 milliards de francs en faveur des secteurs du transport et de l’hôtellerie-restauration. Ce tableau est complété par les bons résultats des exportations de produits de la perliculture qui ont plus que doublé en 2023 pour atteindre 17 milliards de francs.
Dans le même temps, la progression de 2,5% des importations de biens et services pèse négativement sur la croissance.
 
L’investissement des entreprises est en hausse de 27% en 2023, principalement pour l’acquisition de biens d’équipement. Mais ce résultat peine à tirer un investissement total (+6,9%) qui contribue à hauteur de 0,9 point à la croissance du PIB. L’investissement est en effet plombé en 2023 par une stabilité de l’activité dans le secteur de la construction et par une contraction de l’investissement des ménages (-5%), plombé par la poursuite de la hausse des coûts de l’investissement immobilier et par l’augmentation des taux d’intérêt des crédits immobiliers.
 
Effet vertueux sur emploi
 
Il demeure que cette croissance record observée en 2023 – et la production de richesses qui l’accompagne – a eu un effet vertueux sur le marché du travail. La masse salariale est en effet mesurée en hausse de 7% avec un salaire moyen horaire bonifié de 3,9%. L’emploi salarié marchand connait une amélioration de +4,2% sur l’année avec 2 500 postes supplémentaires en équivalent temps plein (ETP), principalement dans les secteurs du commerce, de la construction, de l’hébergement-restauration et des activités de soutien aux entreprises. Sur l’année, le taux d’emploi progresse de 1,2 point pour atteindre 55,8% de la population en âge de travailler, tandis que la part des emplois considérés comme “fragiles” (contrats courts, stagiaires, non-salariés contraints) est en repli de 1,5 point à 13,5% et au plus bas depuis cinq ans.
 
Conjugué avec un environnement inflationniste moins tendu (+3,3% en 2023 contre +6,4% en 2022), et une amélioration du revenu mixte pour les entreprises individuelles, cette embellie sur le marché du travail se traduit par une hausse importante du revenu disponible des ménages qui croît de 6% en valeur.
 
“Signaux faibles” pour 2024
 
Reste qu’après une si belle année, on peut s’interroger sur la capacité de l’économie polynésienne à stabiliser un tel taux de croissance. “On observe un faisceau d’indicateurs encore positif sur les premiers mois de l’année 2024”, indique Fabrice Dufresne, le directeur du bureau de Papeete de l’IEOM. “On a un indicateur du climat des affaires autour de 107 points, très largement au-dessus de sa moyenne de longue période. Il traduit une bonne appréciation de l’opinion des chefs d’entreprise. On a des tensions inflationnistes qui se sont très fortement apaisées, avec une inflation en mai à +0,7%. On observe aussi beaucoup l’indicateur de défaillance des entreprises. Et il est très favorable : on est à -30% de défaillance des entreprises – autour de 130 au premier trimestre 2024 –, alors qu’on constate une reprise très forte dans les outre-mer et en Hexagone.” Le directeur de l’IEOM note cependant un “signal faible” au niveau de l’emploi salarié dans le secteur de la construction qui plombe les chiffres de début 2024, même si “en avril, on était toujours sur une progression de 3% sur un an de l’emploi salarié marchand”, constate-t-il.
 
Dans le domaine de la production de crédits, on observe par ailleurs un “essoufflement” en 2024 : “On a une production record de 200 milliards de francs en 2023, historiquement la plus élevée. Entre janvier et mai 2024, on observe une baisse d’à peu près 20%, principalement de la part des entreprises, mais aussi des crédits immobiliers aux particuliers dans un contexte où la production de crédits à la consommation est toujours en hausse. Cette baisse s’explique par la hausse continue du coût des projets immobiliers d’une part, mais aussi par la hausse des taux d’intérêt jusqu’au mois de juin 2024, liée à la hausse des taux directeurs jusqu’en octobre 2023. Depuis juin 2024, l’IEOM a entamé la première baisse des taux directeurs. On n’a pas encore les effets de cette baisse. Mais globalement, sur les indicateurs conjoncturels des premiers mois de 2024, on est encore sur une année favorable.”

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 16 Juillet 2024 à 16:22 | Lu 8690 fois