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Un projet expérimental pour restaurer les écosystèmes littoraux


Moorea, le 20 mars 2024 - Le projet Faatura i te tahatai, qui consiste à restaurer et valoriser les écosystèmes littoraux, a été officiellement lancé mardi à Opunohu. L’idée est de mener pendant trois ans des expérimentations de végétalisation sur des sites littoraux de Moorea, Paea et Tetiaroa avant d’étendre cette action à l’ensemble des communes du Fenua en utilisant les résultats de ces expériences.
 
Le projet Faatura i te tahatai, mis en œuvre par plusieurs partenaires (Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Te mana o te moana, Tahitian Historical Society, la Fape - Te ora naho avec l’appui scientifique de la Délégation à la recherche de la Polynésie française) avec le soutien financier de l’État au titre du Fonds verts - France nation verte et la Fondation de France, a été lancé officiellement et présenté mardi sur le site de Kellum, dans la baie de Opunohu à Moorea, à des élus de l’assemblée de la Polynésie ainsi qu’à des représentants des  services du Pays et de la commune de Moorea-Maiao.
 
Le projet consiste à mener des actions de restauration de végétation indigène sur cinq sites pilotes situés à Paea, à Moorea (Opunohu et Temae) ainsi que sur l’île de Tetiaroa avant d’étendre cette action dans les autres communes. Cette initiative est née suite au constat des menaces qui pèsent sérieusement sur le littoral de nos îles, comme l’urbanisation croissante, l’érosion des plages, la disparition d’habitats naturels littoraux, la perte des sites de pontes des tortues marines ainsi que la dégradation du milieu lagunaire. Des études démontrent même l’inefficacité des remblais et des enrochements, pratiques très répandues au Fenua, face à l’érosion du littoral.
 
“Le fait de mal aménager le littoral et de faire des remblais et des enrochements va accentuer les érosions. Cela va ensuite impacter l’ensemble du lagon ainsi que le récif corallien avec les apports de terre… On commence à revoir cette approche en disant que la nature a déjà tout prévu. Le mieux est de s’appuyer sur la nature. C’est ce qu’on appelle les solutions fondées sur la nature”, explique Elena Gorchakova, membre du comité français de l’UICN. “De plus, on va devoir s’adapter au changement climatique, qui entraînera une élévation de la température et des houles de plus en plus importantes, surtout en Polynésie. Cela a été prouvé. Le littoral risque donc d’être de plus en plus menacé.”
 
Sélection de plantes indigènes
 
Dans le cadre du projet Faatura i te tahatai, une sélection des plantes indigènes a ainsi été réalisée. Elles ont ensuite été mises et gérées dans des pépinières avant d’être plantées sur les sites de restauration sélectionnés. Une visite a d’ailleurs été organisée mardi matin sur une partie du littoral de la baie de Opunohu, un site sélectionné et géré par l’association Tahitian Historical Society, ainsi que dans les pépinières de l’association. Un suivi pour évaluer notamment l’efficacité des plantes choisies par rapport à des sites spécifiques sera ensuite mené pendant trois ans.
 
À l’issue de cette période, les résultats de ces expérimentations seront synthétisés sous forme de guide d’actions à fournir aux établissements scolaires ainsi qu’aux habitants qui souhaitent protéger leur littoral. “Il s’agit de voir pendant cette période d’expérimentation ce qui fonctionne et les adaptations à faire. On va pouvoir ensuite signer un protocole, c’est-à-dire un guide technique, et le donner à tous ceux qui le souhaitent. On va leur expliquer les actions à mettre en place ainsi que les étapes. On va aussi pouvoir fournir aux gens les plantes qu’il leur faut. Ils sauront par exemple quelles plantes planter à tel endroit et à telle période de l’année, les associations de plantes qui fonctionnent sur le littoral ou encore les plantes robustes qui vont pousser. Il est également important de sensibiliser les enfants dans les écoles, car ils représentent notre avenir. Ils pourront porter le message auprès de leurs parents”, insiste Elena Gorchakova.
 
L’idée est également de convaincre, si les expérimentations s’avéraient concluantes, les autorités politiques du Fenua du bien-fondé du projet Faatura i te tahatai.

Rédigé par Toatane Rurua le Mercredi 20 Mars 2024 à 17:34 | Lu 2724 fois