​Territoriales 2023 : Logement, jamais d’eux sans toit


Tahiti, le 12 avril 2023 - Avec la flambée des prix de l’immobilier et la pénurie de logements sociaux ou intermédiaires sur le fenua, l’acquisition ou la location d’un logement s’avère problématique. Face aux enjeux nombreux en matière notamment d’accessibilité et de vétusté, les programmes des candidats font des propositions tous azimuts pour offrir un toit aux Polynésiens.
  Logements à multiplier ou à rénover ? Les différents programmes des listes candidates oscillent entre une volonté de multiplier les logements et de favoriser leur construction et la nécessité de rénover ceux existants. Ainsi, pour le Tavini, il s’agit de “réserver des parcelles domaniales pour la construction de logements écologiques et économiques” pour les familles démunies et les sans-abri. Le parti bleu ciel souhaite plus généralement mettre à disposition des terrains appartenant au domaine public pour construire des logements intermédiaires. Cette dernière proposition est reprise dans des termes identiques dans le programme du Tapura. Mais pour le parti d’Édouard Fritch, il faut également “collaborer avec les communes pour déployer la politique d’aide en matériaux de construction et pour la rénovation des logements”. Niveau chiffre, rares sont les candidats à s’engager concrètement sur la question du logement. Pour le Hau Maohi, il faut construire 10 000 logements en 5 ans. Ambition bien supérieure au Ia Ora te Nunaa qui prévoit le déploiement d’un “plan papa utuafare” avec 15 000 logements en attente et, également, le doublement de la construction de logements publics. Une course à la construction à laquelle ne souscrit pas le Amuitahiraa no te nunaa maohi. Discret sur la question foncière, le parti orange ne manque pas de propositions en matière de logements. Le programme de la liste menée par Bruno Sandras veut ainsi “arrêter la course à la construction annuelle”, critiquant la politique du “toujours plus” avec des objectifs “jamais atteints”. Pour le Amuitahiraa, la priorité est de consacrer 10 milliards à améliorer l’état des logements sociaux vétustes. Pas de montants chiffrés au Ia Ora te Nunaa mais également la volonté de définir des règles d’intervention “en urgence sociale sur l’habitat indigne”. Discret sur les questions foncières et d’habitat, le parti Heiura – les Verts proposent seulement la mise en place d’un “vaste programme de rénovation des bâtiments publics”.
  Un secteur du logement social à redéfinir Alors que l’accessibilité aux logements sociaux est perfectible, les différents programmes oscillent entre une redéfinition du périmètre de l’OPH ou à la nécessité pour l’établissement de passer à la vitesse supérieure. Ainsi, pour le Ia Ora te Nunaa, plus question de confier à l’OPH les programmes de construction des logements sociaux. Le jeune parti autonomiste prévoit ainsi le recentrage des missions de l’OPH sur la gestion et la rénovation. Le programme de Teva Rohfritsch prévoit également un soutien financier à la construction pour les ménages entre 2 et 4 SMIG mais également de favoriser l’accession à la propriété pour les locataires depuis plus de 20 ans. Une durée un peu courte pour le Amuitahiraa qui veut également offrir aux locataires la garantie d’être propriétaire “au bout de 25 à 35 ans”. Le programme du parti orange prévoit également la révision des critères d’éligibilité en distinguant les personnes au SMIG et celles sous le seuil de pauvreté. La priorité des logements sociaux dans une commune doit être accordée aux habitants de cette commune.
Au Tavini, face à l’étendue du problème, les actions dans le public et dans le privé doivent aller de pair. Ainsi pour la liste menée par Moetai Brotherson, il faut rebattre les cartes. Le programme évoque dans ce contexte la nécessité d’“intensifier les constructions OPH” et de “supprimer les opérateurs des logements sociaux privés en affectant directement les subventions aux propriétaires ou sociétés civiles immobilières engagées dans l’écologie et les écovillages”. Le Tavini veut également  “renforcer l’Agence immobilière sociale” en matière de location aux plus modestes. Il prévoit également d’accorder une aide au logement “aux familles dont le revenu est inférieur à 50 000 francs et pour ceux qui sont au SMIG”. Plus classique, le programme du Tapura, qui indique avoir construit 2 203 Fare OPH, veut en construire lors de la prochaine mandature 3 000. Le programme du A Here ia Porinetia ne contient quant à lui aucune mesure en matière de logement.
  Étudiant et jeunes ciblés Si le Tavini affirme qu’il est essentiel d’avoir un logement fixe et stable et utilise la formule “un toit pour tous”, seul le mouvement Hau Maohi évoque la garantie accordée aux Polynésiens de bénéficier d’un “droit au logement”. Le programme de Tauhiti Nena prévoit ainsi de négocier avec l’État pour “doubler sa dotation afin d’améliorer les conditions de vie”. Si les catégories sociales inférieures font l’objet de propositions en matière de logement social, les jeunes et étudiants ont quant à eux droit à quelques attentions particulières de la part de candidats. Ainsi, conscient du problème et notamment de la faiblesse des capacités d’hébergement actuelles face à la demande, le Amuitahiraa souhaite “construire plus de logements étudiants”. Même constat et solution quasi identique au Ia Ora te Nunaa. Le parti de Teva Rohfritsch, qui constate également la “difficulté des jeunes à se loger”  souhaite ainsi instaurer une “aide au logement Jeunes” sur critères sociaux et prend aussi l’engagement de construire 400 logements étudiants. Moindre ambition au Tapura où l’on propose de “construire 200 nouveaux logements étudiants”. Plus généralement, le parti majoritaire souhaite “favoriser l’accès au logement par les aides à la location dans le secteur libre”. Au Tavini, si on propose d’instaurer “un système de crédit accessible et abordable au profit des personnes à faible revenu”, le logement étudiant fait l’objet de mesures plus qu’ambitieuses. Le parti indépendantiste veut en effet, au cours de la mandature, “constituer un parc de logements pour les étudiants à Tahiti, en France et dans les autres pays et encourager le logement étudiant chez l’habitant par le biais de conventions de partenariat et un dégrèvement des taxes foncières et d’habitation”. Ces mesures permettraient, selon le Tavini, de réduire les coûts pour les familles et les étudiants et renforcer le lien social et l’esprit communautaire.

Rédigé par Sébastien Petit le Mercredi 12 Avril 2023 à 19:06 | Lu 3006 fois