​Territoriales 2023 : Cherté de la vie et inflation des promesses


Tahiti, le 5 avril 2023 - Premier article de notre série consacrée à la comparaison des programmes des prochaines territoriales. Principal sujet de la campagne électorale, la lutte contre la cherté de la vie conduit les candidats à proposer des solutions parfois bien différentes, parfois identiques pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages. État des lieux des propositions concrètes des candidats pour lutter contre l’érosion du pouvoir d’achat.
  Haro sur la TVA Sociale Pointée du doigt pour son caractère inflationniste, la Contribution pour la solidarité (CPS) ou TVA Sociale, entrée en vigueur en avril 2022, ne serait pas maintenue pour plusieurs listes en course le 16 avril prochain. Les programmes des listes Hau Maohi, A Here ia Porinetia, Ia ora te nunaa et le Amuitahiraa no te nunaa maohi sont catégoriques. Il sera acté sa suppression dès leur arrivée au pouvoir. Pour le parti de Gaston Flosse, cette annulation sera faite “dès la premier séance du conseil des ministres”. L’absence de remise en cause de cette taxe dans le programme du Tapura Huiraatiraa est compréhensible puisqu’elle a été votée par l’ensemble de la majorité gouvernementale. Il n’y a par contre aucune mention dans le programme du Tavini, pourtant très critique quant aux effets de cette taxe, d’une quelconque remise en cause de la TVA sociale ou de son taux en cas d’obtention de la majorité à l’assemblée. Pas de mention dans le programme du parti Heiura – les Verts.
  Le régime de PPN, entre révision et élargissement Côté Tapura, on ne change pas un dispositif qui est considéré par l’opposition comme à bout de souffle et inégalitaire et qui n’a pas empêché une inflation record dans les outremers ces derniers mois. Pour le parti gouvernemental, il s’agit donc d’“intensifier le contrôle des prix en magasins” et d’“élargir la liste des produits dont les prix sont bloqués”. Une dernière mesure reprise quasi à l’identique dans le programme du Tavini pour qui il semble cependant utile de réviser la liste des PPN et PGC. Des mesures qui s’accompagneraient pour le parti indépendantiste d’actions plus radicales en faveur des plus démunis avec notamment l’établissement d’un “droit d’accès à la gratuité alimentaire et vestimentaire”. Mais le dispositif des PPN est surtout décrié en ce qu’il bénéficie à tous, même les moins nécessiteux. Un constat qui conduit certains candidats à réduire le nombre de bénéficiaires possibles. Ainsi au Ia Ora te Nunaa, il est proposé l’instauration d’un Carte Turu Utuafera permettant aux seules personnes agréées, à bas revenus ou les familles nombreuses, de bénéficier du tarif PPN. Chez le Heiura – les Verts, il est proposé la création d’une “carte à puce pour bénéficier d’un PPN à 100% et 50%”. Programme nettement plus viril du côté du Amuitahiraa no te nunaa maohi. Le parti orange promet ainsi de “bloquer les prix dans tous les domaines durant six mois” puis d’adapter les marges bénéficiaires à la situation économique et sociale avant un éventuel déblocage. Pas de mesures par contre dans le programme du A Here ia Porinetia pour modifier ce dispositif visant à contrôler les marges.
  Aides revues à la hausse Autre moyen de lutter contre la cherté de la vie et de maintenir le pouvoir d’achat des ménages, la réévaluation des aides et minimas sociaux. Une solution largement préconisée par le Tavini. Pour le parti indépendantiste, les seuils d’éligibilité des aides sociales, parfois inchangés depuis 2010, doivent être revus à la hausse. Il envisage également d’uniformiser les aides sociales entre les trois régimes de la CPS mais également le Fonds d’Action et de Soutien pour la Solidarité (FASS). Les actions prévues par le Tapura Huiraatira sont relativement proches dans leur rédaction avec peu de précision. Il s’agit ainsi pour le parti gouvernemental de “baisser les seuils d’accessibilité aux aides d’urgence” et d’ “ajuster les prestations sociales en fonction de l’évolution des prix et de la situation des ménages”. Des “chèques garderie” pour soutenir les parents seraient également créés. Des engagements chiffrés plus précis du côté du Amuitahiraa no te nunaa maohi. Pour le parti orange, c’est le niveau des aides familiales pour les ressortissants du RST qui sera substantiellement relevé jusqu’à par exemple 80 000 Fcfp pour une mère de famille avec quatre enfants et plus. Si les partis historiques comptent principalement toucher les dispositifs existants, ce n’est pas le cas d’autres listes. Le Hau maohi propose ainsi un “revenu parental mensuel” de 70 000 Fcfp pour permettre aux parents au foyer d’élever leur enfant jusqu’à 3 ans. Aucune proposition sur ce thème dans les programmes du A Here ia Porinetia et de Heiura – les Verts.
  Allégement de taxes et droits de douane Comme souvent lors des campagnes électorales, les engagements et autres promesses d’allégement fiscal ne sont rares. Militant depuis sa création pour une réduction de la pression fiscale sur les ménages et entreprises, le A here ia Porinetia indique vouloir “réduire les droits de douane”, “exonérer d’impôts les nouvelles technologies” afin de favoriser leur développement, de réformer la défiscalisation vers les PME ou encore de relever le seuil d’imposition des très petites entreprises TPE à 50 millions de Fcfp. Cette dernière mesure, qui vise à faciliter l’activité des petits entrepreneurs est présente également dans le programme du Ia ora te nunaa de Teva Rohfritsch. Côté Tapura, s’il est bien évoqué la volonté de “poursuivre la baisse de la pression fiscale”, les mesures précises restent limitées, notamment pour les ménages. Pour ces cinq futures années de mandature, le parti rouge propose ainsi d’étendre la durée d’exonération de la taxe d’habitation de 5 à 10 ans. Il promet également de “baisser à titre exceptionnel les droits et taxes à l’importation de certains biens d’équipements destinés aux entreprises”, sans plus de précision et pour les seules années 2023 et 2024. Des mesures qui auraient pu être prises en début d’année. Ambition plus élevée du côté du Amuitaahira no te nunaa maohi où l’on cible la grande distribution. L’ex-Tahoeraa souhaite en effet “réformer ou supprimer certains impôts et taxes à l’importation” sans plus de précision mais propose également de s’attaquer aux “principaux éléments constitutifs des prix de revient comme les intermédiaires ou les monopoles”. Une volonté de réduire les intermédiaires qui se retrouve en partie dans le programme du Hau maohi. Pour le mouvement de Tauhiti Nena, pas d’actions sur les taxes à l’importation mais l’idée d’investir dans un navire qui réalise l’approvisionnement de la Polynésie à partir de la Nouvelle-Zélande “et ainsi faire baisser le fret qui depuis 2020 a triplé”. Pas de mesures proposées par Heiura – les Verts sur ce thème.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Mercredi 5 Avril 2023 à 19:47 | Lu 2883 fois