​Tearii, maître sculpteur de Raivavae


Raivavae, le 27 décembre 2021 – C'est à Raivavae, au cœur des Australes que Tearii, l'unique sculpteur sur bois de l'île, réalise ses œuvres dans la pure tradition des Tuha'a Pae.
 
Tearii Tumarae a 76 ans. Natif de Raivavae, l'homme au large sourire naturel habite le village de Anatonu, dans le quartier Ahiti maitai tupuai. Il a débuté son art en 2002, dans sa maison postée au bord du lagon, séparée de ce dernier par l’unique route de Raivavae.
“J’ai 7 enfants, heu… Non ! 9, et je travaille avec mon beau fils Éric qui a 30 ans.” Ensemble, ils sculptent essentiellement des pirogues, copies conformes de celles que l’on peut trouver sur le splendide lagon de Raivavae, qui n’a d'ailleurs rien à envier à celui de Bora Bora. Tearii réalise également des umete et des rames dont le manche est garni de représentations de danseurs tahitiens. Quelques tiki, différents de ceux que l’on peut trouver aux Marquises, sont aussi à l’étal. Les pièces qu’il réalise sont façonnées dans du bois de miro (bois de rose), ou du purau (hibiscus tiliaceus). Une flèche faitière de teinte claire, qu’il appelle qipa, est l’unique pièce dans son genre.

Le maître sculpteur précise : “Je mets parfois trois ou quatre mois pour fabriquer une pièce, notamment les grandes pirogues (environ 120 centimètres). Pour les rames je sculpte souvent des demi-soleils, emblème de Raivavae, et des couronnes de dents de requins.” L’artiste n’utilise que des gouges pour son labeur. Il colle les éléments avec de la sève de ´uru et les quelques cordages que l’on devine sur les pirogues sont réalisés avec de la fibre de coco.
 
Une période peu propice pour le commerce
 
En cette période de Noël, quelques touristes échoués sur l’île en ont profité pour trouver chez Tearii des cadeaux peu communs et très prisés. Malheureusement, la crise sanitaire n’a pas permis au sculpteur de montrer combien l’art des Australes mérite davantage de reconnaissance, mais il souhaite participer l’an prochain au grand salon de l'artisanat de Tahiti qui accueillera des œuvres issues de toutes les îles des Australes. Pour les habitants des Tuha'a pae, l’art vient palier, mais de manière trop faible, le manque à gagner de la production de litchis puisque qu’aucun fruit n’a pu être récolté cette année, même à Tubuai “capitale polynésienne” du litchi. 


Rédigé par Nij le Lundi 27 Décembre 2021 à 16:15 | Lu 1339 fois