​Sur la piste des nacres stockées à terre


Tahiti, le 11 octobre 2021 - La Direction des ressources marines a lancé fin septembre une enquête pour évaluer les quantités de nacres stockées à terre dans les fermes perlières de Polynésie. Une réflexion est en cours pour identifier des pistes de valorisation locales de cette matière première, aujourd’hui commercialisée en vrac à l’export.
 
Dans le cadre de la stratégie de développement de la filière nacre, la direction des ressources marines (DRM) s’intéresse actuellement au développement de filières de valorisation en Polynésie française de la nacre de Pinctada margaritifera. Utilisation de produits dérivés de la nacre dans l’agriculture capitalisant sur la forte teneur en carbonate de calcium des nacres pour de l’engrais agricole ou des compléments alimentaires destinés aux élevages de poules pondeuses ; valorisation de la nacre dans l’artisanat ; développement au plan local d’une filière de production de nucleus à partir de poudre de Pinctada margaritifera, etc. : Les pistes sont multiples, sur le papier. Reste à savoir sur quel gisement fonder ces éventuelles pistes de valorisation.

C’est dans ce contexte que la direction des ressources marines a lancé fin septembre une enquête pour évaluer les quantités de nacres stockées à terre dans les 349 fermes perlières actuellement en activité en Polynésie. Les présidents des comités locaux de gestion de la perliculture sont chargés d’en faire l’inventaire, en relation avec les professionnels du secteur. Une estimation “la plus correcte possible” de ces stocks est espérée pour le 26 octobre prochain par le service administratif.
 
1 299 tonnes exportées en 2020
 
Le relevé est en cours. On peut en attendant s’interroger sur l’importance de ce gisement. Certes, pour récolter une perle il faut très souvent sacrifier le mollusque dans lequel elle s’est développée. Mais les coquilles de nacre issues de cette activité sont depuis la fin des années 1980 commercialisées à l’export. Une modeste source de revenus pour les perliculteurs. Cette matière première est en effet achetée en vrac pour être transformée en Asie, dans l’industrie du bouton. Le record d’activité de cette filière à l’export a été constaté en 2005. Cette année-là 2 896 tonnes de nacres brutes avaient été commercialisées en vrac, pour 412 millions de Fcfp. Ces dernières années, la Polynésie a exporté 1 604 tonnes en moyenne par an, entre 2014 et 2020. 1 299 tonnes ont été exportées l’année dernière, pour un chiffre d’affaires de 183 millions de Fcfp. Un prix moyen au kilo de 141 Fcfp, largement au-dessus du prix moyen de 124 Fcfp/kg constaté depuis 2014.

Certes, des stocks à terre existent bien comme en témoigne ces photos prises à Arutua en 2007. Mais, compte tenu d’une filière à l’export aujourd’hui bien huilée, ils sont rares. Ne restent finalement à terre que les nacres impropres à la commercialisation, parce que “piquées” après que l’huître ait été en proie à des parasites, ou en morceaux. “On n’a pas de stock à terre sur l’île”, confirme ce perliculteur de Arutua. “Les nacres abimées sont déjà parties dans des remblais. Les autres on les exporte. Il ne reste pas grand-chose.” Même son de cloche à Manihi, où Fabienne Domby, la présidente du Comité local de gestion de la perliculture, estime que sur son atoll les nacres commercialisables ont déjà été exportées ou sont sur le point de l’être.
Mais on reste optimiste à la DRM. L’objet de la réflexion en cours est de trouver des pistes de développement locales à plus forte valeur ajoutée que l’export en vrac des coquilles. Avec des prix de commercialisation qui seront revus à la hausse. Le retour d’information attendu le 26 octobre offrira une base de réflexion tangible.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 11 Octobre 2021 à 19:01 | Lu 2892 fois