Rurutu, le 23 novembre 2020 – La journée de l'environnement organisée le samedi 13 novembre a une fois encore mis en exergue la problématique des comportements de consommation mais aussi du traitement des déchets. Une association tire la sonnette d'alarme car le ramassage épisodique en bord de route ne résout pas tous les problèmes.
C'est le lot de quasiment toutes les îles de Polynésie française, le traitement des déchets est un problème presque insoluble car trop coûteux. Depuis 1995, la commune de Rurutu organise sa journée annuelle de l’environnement qui mobilise tous les agents communaux, les services administratifs, les établissements éducatifs (l’école primaire, le collège et la MFR), les confessions religieuses et diverses associations, lors d'un grand ramassage des déchets en bord de route, tout autour de l’île. Cette initiative nécessite donc l'implication d'une grande participation de la population, qui selon le maire, Frédéric Riveta, maintient la réputation de propreté de l'île.
La mobilisation du 13 novembre dernier qui a regroupé plusieurs centaines de volontaires a été marquée du sceau des gestes barrières ainsi que du respect de l'environnement. A ce titre, il a fallu être précautionneux pour éviter toute propagation de la fourmi de feu qui gagne inexorablement du terrain ; malheureusement plusieurs des tarodières de l‘ile sont infestées. Le bilan de la journée, dressé en milieu de semaine, fait état de 12 mètres cube de déchets ramassés; un chiffre en baisse par rapport aux trois dernières années selon la mairie. Les participants ont reçu des t-shirts et autres objets publicitaires, offerts par l’EDT et l’OPT de Rurutu, ainsi que les casse-croutes offerts par la commune, les pensions de famille et les commerces.
Si tous les participants s'accordent sur la nécessité de mener une telle opération, cela ne doit pas occulter les problèmes de traitement qui en découlent. A quelques jours de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets, certains des habitants s’interrogent, comme Ilona Hurahutia, vice-présidente de l’association Te Aru Ora, une association pour la protection de l’environnement à Rurutu, et éco-sentinelle de l’ile : "Je félicite le maire pour son initiative, et j’applaudis les efforts de la population. Le ramassage des déchets est important, mais il n’est pas l’unique geste à faire pour protéger l’environnement. La nature nous donne tout, la protection de l’environnement est une priorité et devrait se faire chaque jour de l’année, par des gestes simples et par la prise de choix responsables à l’échelle de la commune, mais aussi par chaque individu. Avec l’association nous organisons des ramassages bimensuels de déchets. En début du mois de mars, nous avons récupéré presque 3 mètres cube de déchets en un seul après-midi, juste en longeant le front de mer de Moerai".
Des abus réguliers sont dénoncés par l'association : "Depuis des années nous constatons des sacs entiers d’ordures ménagères, apportés et jetés en contrebas des points de vue de l’île, sur les rochers en bord de mer. Nous avons alerté la commune, nous avons même posé des panneaux, mais ça continue ; il faut sensibiliser la population, la mer n’est pas une poubelle. Ça me fait mal au cœur de voir ceci, surtout car notre ile est si belle".
C'est le lot de quasiment toutes les îles de Polynésie française, le traitement des déchets est un problème presque insoluble car trop coûteux. Depuis 1995, la commune de Rurutu organise sa journée annuelle de l’environnement qui mobilise tous les agents communaux, les services administratifs, les établissements éducatifs (l’école primaire, le collège et la MFR), les confessions religieuses et diverses associations, lors d'un grand ramassage des déchets en bord de route, tout autour de l’île. Cette initiative nécessite donc l'implication d'une grande participation de la population, qui selon le maire, Frédéric Riveta, maintient la réputation de propreté de l'île.
La mobilisation du 13 novembre dernier qui a regroupé plusieurs centaines de volontaires a été marquée du sceau des gestes barrières ainsi que du respect de l'environnement. A ce titre, il a fallu être précautionneux pour éviter toute propagation de la fourmi de feu qui gagne inexorablement du terrain ; malheureusement plusieurs des tarodières de l‘ile sont infestées. Le bilan de la journée, dressé en milieu de semaine, fait état de 12 mètres cube de déchets ramassés; un chiffre en baisse par rapport aux trois dernières années selon la mairie. Les participants ont reçu des t-shirts et autres objets publicitaires, offerts par l’EDT et l’OPT de Rurutu, ainsi que les casse-croutes offerts par la commune, les pensions de famille et les commerces.
Si tous les participants s'accordent sur la nécessité de mener une telle opération, cela ne doit pas occulter les problèmes de traitement qui en découlent. A quelques jours de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets, certains des habitants s’interrogent, comme Ilona Hurahutia, vice-présidente de l’association Te Aru Ora, une association pour la protection de l’environnement à Rurutu, et éco-sentinelle de l’ile : "Je félicite le maire pour son initiative, et j’applaudis les efforts de la population. Le ramassage des déchets est important, mais il n’est pas l’unique geste à faire pour protéger l’environnement. La nature nous donne tout, la protection de l’environnement est une priorité et devrait se faire chaque jour de l’année, par des gestes simples et par la prise de choix responsables à l’échelle de la commune, mais aussi par chaque individu. Avec l’association nous organisons des ramassages bimensuels de déchets. En début du mois de mars, nous avons récupéré presque 3 mètres cube de déchets en un seul après-midi, juste en longeant le front de mer de Moerai".
Des abus réguliers sont dénoncés par l'association : "Depuis des années nous constatons des sacs entiers d’ordures ménagères, apportés et jetés en contrebas des points de vue de l’île, sur les rochers en bord de mer. Nous avons alerté la commune, nous avons même posé des panneaux, mais ça continue ; il faut sensibiliser la population, la mer n’est pas une poubelle. Ça me fait mal au cœur de voir ceci, surtout car notre ile est si belle".
Et après le ramassage ?
Ramasser les déchets est bien le bon geste, mais que se passe-t-il après ? Trop souvent, à Rurutu comme ailleurs en Polynésie, les déchets du bac noir et une bonne partie des déchets du bac vert sont enfouis ou brûlés dans un dépotoir en montagne. Pourtant d’autres solutions existent.
Le tri sélectif et les bacs verts ont été instaurés à Rurutu depuis 2010, aujourd’hui il y a aussi des bornes pour ramasser des piles, de l’huile moteur et du verre, et depuis cette année est organisé un ramassage régulier des déchets encombrants. Par manque d’alternative pratique, trop souvent ces gros déchets se trouvaient abandonnés en pleine nature. Le ramassage de déchets verts et un programme de compostage sont aussi "en projet".
Des bonnes idées à encourager, mais finalement, depuis 2010 très peu des recyclables ont été envoyés à Tahiti pour traitement. Actuellement la commune n’a pas de convention avec le syndicat Fenua Ma, comme beaucoup des îles éloignées. Seule l’île de Rapa aux Australes s’est lancée dans cette démarche écoresponsable. Le souci réside dans le coût du rapatriement qui dépend du budget général de la commune. William Lacour, maire-adjoint, souligne le fait que la commune n'a aucune obligation de recycler les déchets, juste celle d’assurer la propreté de l’île. L’achat d’un compacteur pour conditionner les cannettes en aluminium reste en projet depuis des années, ainsi que l’utilisation de verre broyé en sous-couche pour la construction des routes et les fondations de bâtiments.
Sensibilisation des jeunes
Pour les membres de l’association Te Aru Ora il reste du travail à faire pour assurer un avenir durable pour l’île : "Chaque 10 à 15 jours, nous voyons le bateau de fret, le Tuhaa Pae, arriver à quai ici. Il débarque des affaires et de l’alimentation, mais il ramène très peu de déchets et d'emballages avec lui à Tahiti ; on ne peut pas continuer ainsi sur une petite île, ce n’est pas durable" constate Ilona. Si la commune n’a pas la capacité de rapatrier des déchets, il faudra surtout que le changement vienne de la population pour réduire la consommation de produits importés et donc réduire le volume de déchets à traiter.
L’association Te Aru Ora organise donc des ramassages de déchets, mais aussi mène des actions de sensibilisation sur la gestion des déchets et la valorisation d’un mode de vie basé sur l’autonomie alimentaire, un objectif réalisable dans les îles, s’il y a de la volonté.
Au mois de mars encore un "Eco-day"a été animé par l’association, avec un marché durable et une vente de plats sans emballages plastiques. Ilona et ses amis envisagent de mener des interventions au collège de Rurutu au mois de décembre. Ils proposeront des ateliers ludiques pour sensibiliser les élèves sur l’importance d’un environnement naturel et sain, et les actions pour le protéger.