​Rebond, plafond et lonesome cowboy


Tahiti, le 30 juin 2024 - Encore une élection lors de laquelle plus d’un électeur sur deux ne s’est pas déplacé. Désintérêt pour la politique, pour le scrutin, pour les candidats, pour le premier tour ? Difficile à dire, mais avec 55,57% d’abstention, le premier tour des élections législatives anticipées 2024 fait à peine mieux que le premier tour des élections législatives 2022.
 

Il y a deux ans, alors que la Polynésie française choisissait ses représentants pour l’Assemblée nationale, les deux tours avaient vu un bond de 11 points de la participation (de 42,16% à 53,5%). Une remontée du suffrage qui avait massivement permis à Tematai Le Gayic et Steve Chailloux de s’imposer au finish alors que ces derniers étaient arrivés 2e de la première étape.
 
Toute l’incertitude du sport électoral réside désormais dans l’attente de voir si ce même rebond va se produire samedi prochain. En ayant presque doublé leurs voix au premier tour, les candidats Tavini ont-ils déjà atteint leur plafond ou n’en sont-ils qu’à l’échauffement ? Un échauffement qui aura cependant coûté son siège au plus jeune député de France, Tematai Le Gayic.
 
Samedi soir, Nicole Sanquer se voulait prudente, elle qui a déjà presque atteint le nombre de voix du Tapura en 2022 dès le premier tour. Dans la deuxième circonscription, seulement 43,04% des électeurs ont fait le déplacement et 39 000 voix potentielles sont encore à aller chercher. Steve Chailloux le sait et l’a déjà fait. Rattraper son retard pour battre son adversaire sur le fil. Mais à l’époque, il n’y avait pas encore eu les propos racistes des uns et des autres, la présidence contre l’assemblée, pourtant du même bord, provoquant la chute grotesque de la loi fiscale ou encore les amendements scélérats à l’Assemblée nationale et les cartes postales “Bienvenue en dictature” envoyées d’Azerbaïdjan.  

Chailloux, poor lonesomme candidat

Dans les deux dernières circonscriptions restantes, les votes seront nécessairement, soit de soutien à la politique du gouvernement s’ils se portent sur Steve Chailloux et Mereana Reid Arbelot, soit des votes de sanction s’ils se portent sur Nicole Sanquer et Pascale Haiti-Flosse.
 
Les candidats le savent, le Tavini le sait, et Moetai Brotherson ne peut l’ignorer même s’il feignait ne pas prendre les chiffres ainsi, samedi soir sur TNTV. Pour les deux camps, tout reste à faire étant donnés les écarts minimes entre eux.
 
Dimanche, face à l’union opportuniste des autonomistes dans ces élections législatives anticipées, le Tavini huira’atira lançait à son tour la carte de l’union, pour mieux draguer un électorat, clairement popa’ā, en arborant le logo du Nouveau Front Populaire sur ses réseaux sociaux et jouer sur la corde sensible du barrage au Rassemblement national à l’échelle de la nation.
 
Cette union, elle semble pourtant difficile à mettre en œuvre en interne, si on croit la complainte solitaire du candidat Steve Chailloux dimanche à longueur de commentaires sur la page Facebook du Tavini. Avec son chapeau, en mode “Poor lonesome candidat”, il essaie de rappeler à ses militants qu’il existe. Une plainte qui masque certainement en interne un désintérêt pour sa candidature, qui elle-même avait déjà été très incertaine.
 
Bertrand Prévost
 
 

Rédigé par Bertrand PREVOST le Dimanche 30 Juin 2024 à 16:40 | Lu 1619 fois