​Quand le Taurea Move vire au cauchemar


Tahiti, le 25 septembre 2024 - Football, danse, activités sportives en tous genres. Ce devait être une belle fête pour 1 300 jeunes invités au Taurea Move à Raiatea. Pour une jeune fille de Pirae, l’événement s’est malheureusement transformé en cauchemar. Dans la nuit de mardi à mercredi derniers, elle a été victime d’attouchements.
 
Dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 septembre dernier, alors qu’elle dormait dans un dortoir non mixte, mis en place à Raiatea dans le cadre du Taurea Move auquel elle participait, une jeune fille mineure a été réveillée “par des mouvements dans son dos et sur son torse”, a-t-elle expliqué. Un sexagénaire, membre de la délégation et membre du conseil municipal de la mairie de Pirae, venait de se coller à elle et la caressait. Paniquée, elle a tenté, du pied, de réveiller d’autres jeunes qui dormaient à proximité. Un geste qui a fait stopper l’élu.
 
Profondément choquée, la jeune fille est rentrée chez elle quelques jours plus tard. Le reste, c’est la maman qui raconte. “Ma fille m’a appelée ce mercredi matin, en larmes. ‘Maman, il s’est passé un truc grave’, m’a-t-elle expliqué.”
 
En larmes à son tour, la maman peine à poursuivre. “Elle m’a dit, ‘maman, il y a un monsieur qui a fait des attouchements sur moi. Il m’a fait des bisous dans le cou, il m’a caressé le corps’.”
 
Ce soir-là, la jeune fille avait été placée sur un matelas avec d’autres jeunes dans une salle commune. Elle s’endort profondément après une journée d’activités bien remplie. “Elle s’est réveillée quand il lui caressait les seins”, reprend la maman. “Il lui disait ‘chut’. Elle n’a pas compris comment son matelas a été rapproché de celui de cet homme.”
 
Quand un de ses camarades finit par se réveiller, l’homme s’est alors rallongé, faisant mine de dormir.

La jeune fille pas entendue

Évidemment, dès le lendemain matin, la jeune fille a essayé de parler de cette agression nocturne aux autres encadrants. Une démarche vaine qui la plongera dans la honte. “‘Maman, quand j’ai essayé d’en parler, on m’a grondé’, m’a expliqué ma fille”, poursuit la mère qui oscille entre pleurs et colère. “On a expliqué à ma fille qu’elle mentait, que jamais quelque chose comme ça ne s’était passé lors d’un Taurea Move, que c’était elle qui avait provoqué ce monsieur. Ils lui ont même reproché sa façon d’être habillée, d’avoir mis un collant de sport plutôt qu’un pantalon. Pourtant, ce soir-là, ma fille voulait dormir dans un autre dortoir, avec des filles, où il y avait sa cousine, mais la cheffe n’a rien voulu entendre. Elle lui a dit ‘toi, tu dors là, avec les garçons’.”
 
La gorge serrée, la maman poursuit : “Pour eux, ma fille, c’est une pute, qui aime draguer les vieux et faire des histoires. Ils n’ont pas le droit de parler de ma fille comme ça.”
 
Plus grave, le jeudi, une des encadrantes appelait la maman pour la rassurer, lui expliquant qu’il ne s’était rien passé et qu’il ne fallait pas en parler pour pas que ça arrive aux oreilles de la mairie de Pirae. Furieuse, la maman ne se laissait pas faire et demandait immédiatement que sa fille quitte le Taurea Move et revienne à Tahiti.
 
Une réunion se serait même tenue le jeudi à Raiatea entre les référents et la jeune fille, qui, seule sans ses parents, est passée du rôle de plaignante à celui d’accusée. “Tout le monde était contre ma fille”, pleure sa maman. “Je n’étais même pas à côté d’elle pour la soutenir. Il y en a même un qui lui a dit : ‘il est encore temps de dire la vérité, sinon tu risques gros’. C’est une honte.”
 
Abandonnée sans possibilité d’être écoutée sur place, la jeune fille rentrera de Raiatea le vendredi à la demande de la mairie de Pirae et déposera plainte le samedi après avoir été reçue à l’hôpital de Taaone qui confirmait l’agression. Tahiti Infos a eu confirmation qu’une enquête avait été ouverte par la DTPN depuis pour agression sexuelle à l’encontre de l’élu.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mercredi 25 Septembre 2024 à 18:33 | Lu 35973 fois