​Pierre Frébault démis de ses fonctions à l'Arass


Tahiti, le 16 mars 2022 – Le conseil des ministres a acté mercredi la fin de fonctions du directeur de l'Agence de régulation sanitaire et sociale (Arass), Pierre Frébault, après une "rupture de confiance" avec son ministre de tutelle Jacques Raynal.
 
C'était annoncé, le conseil des ministres a démis mercredi de ses fonctions le directeur de l'Agence de régulation sanitaire et sociale (Arass), Pierre Frébault. Le directeur de l'Arass avait été convoqué à un entretien préalable vendredi matin par son ministre de tutelle, Jacques Raynal, en raison d'une "rupture de confiance" entre les deux hommes.
 
À l'origine de ce débarquement, l'épisode récent de la levée progressive de l'obligation vaccinale annoncée par le président Édouard Fritch le 2 mars dernier. Lors de son allocution, Édouard Fritch avait notamment appuyé sa décision sur le chiffre de "95,6%" de "taux d'immunité collective de la population de Tahiti, révélé par l'étude de séroprévalence effectué par l'Institut Louis Malardé". Or, comme Tahiti Infos l'avait relevé à l'époque, ce chiffre transmis au président ne pouvait pas correspondre au résultat de l'étude de séroprévalence, qui était alors toujours en cours. Étude qui n'est d'ailleurs pas encore finalisée aujourd'hui. Ce chiffre de "95,6%" n'était en fait que le résultat préliminaire de cette étude de séroprévalence, obtenu plusieurs semaines auparavant avec un échantillon collecté en décembre 2020.
 
Le chiffre avait d'ailleurs "fuité" quelques jours avant l'allocution d'Édouard Fritch à la Une de La Dépêche, provoquant des tensions entre le ministère de la Santé et ses services. Vendredi dernier, Pierre Frébault a confirmé cette situation au micro de nos confrères de Polynésie la 1ère à la sortie de son entretien préalable à fin de fonctions avec son ministre : "C’est le président qui m’a demandé ces chiffres pour qu’on puisse alléger voire lever cette obligation. J’ai prévenu le président que cela va créer des problèmes, car le ministre n’est pas favorable à cette démarche. C’est moi qui subis aujourd'hui. Je suis entre le ministre et cette demande du président. Que devais-je faire ?"
 
"Il y a un hic. Je suis le ministre"
 
Deux jours plus tard, le ministre s'exprimait lui-aussi sur le plateau du journal de nos confrères, pour confirmer l'information. "Monsieur Pierre Frébault a été le premier directeur de l'Arass. Il a très bien servi au cours de ces cinq ans de mise en place de l'Arass. Et je suis très heureux de l'avoir choisi. Seulement, il y a un hic. Je suis le ministre. Et en tant que ministre je ne peux pas accepter qu'un service puisse, même si c'est à la demande du président et dans le cadre des activités normales de ce services, prendre le pas sur mon autorité dans la mesure où je n'ai pas été informé de ce qui se passait."
 
Jacques Raynal s'était également exprimé sur ses réticences quant à l'opportunité de la diffusion précipitée des résultats d'une étude non finalisée. "Je dois dire que je n'étais pas d'accord. Je l'avais fait savoir aux épidémiologistes, à l'Institut Malardé et ils le savaient très bien. Je n'étais pas d'accord avec le résultat de cette étude et ce qu'on en tirait comme conclusions." Sur proposition du ministre, le directeur de l'Arass a donc été démis de ses fonctions mercredi.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Mercredi 16 Mars 2022 à 18:14 | Lu 4543 fois