​Patrons et intersyndicale "partagent leurs inquiétudes"


Tahiti, le 16 mars 2022 – Deux rencontre, même discours. A la veille de la grève du 17 mars, intersyndicale et représentants du patronat ont "partagé [leurs] inquiétudes" face aux hausses de prix prévues avec l’entrée en vigueur de la TVA sociale, début avril.
 
D’abord au Médef-Polynésie dans la matinée, puis avec la CPME en début d’après-midi : L’intersyndicale Unsa-O oe to oe rima-A ti’a i mua a rencontré tour à tour les deux principaux syndicats patronaux, mercredi à la veille de son mouvement de grève. Si d’un côté on dénonce particulièrement le manque d’équité de la nouvelle taxation adoptée pour sauver le système de protection sociale généralisé (PSG), le patronat redoute une TVA sociale source de hausse des prix, avec des effets néfastes sur les coûts de production et au final sur l’activité économique.

"On a partagé nos inquiétudes", a résumé Frédéric Dock à l’issue de l’entrevue au Medef. "Celles des salariés sur l’inflation, qui va forcément créer une perte de pouvoir d’achat. Une inquiétude que l’on comprend. Notre inquiétude porte sur la situation des entreprises. Elles vont se trouver prises en étau. D’un côté les charges salariales qui augmentent et de l’autre la hausse du coût de tout ce qu’on importe : matières premières, matières transformées, hydrocarbures… Cela va faire exploser les coûts de revient. Si on n’est pas capables de les répercuter sur nos prix de vente, on risque de devoir assumer des pertes financières et des pertes de chiffre d’affaires. La grande inquiétude aujourd’hui, c’est le risque de récession."

"Cercle vicieux"

Une bienveillance soucieuse qu'affiche également la CPME, en début d’après-midi, au regard d’un "mouvement que l’on comprend", a souligné d’emblée le secrétaire général du syndicat patronal, Christophe Plée. "On en partage les inquiétudes", a-t-il résumé. Pour lui, "le timing" de la TVA sociale "n’est pas super bon", même s’il admet qu’il faut "des milliards" pour sauver la PSG : "Au 1er avril, on va créer notre propre inflation en plus de celle qui nous est apportée de l’extérieur."  Pour son organisation, "la crainte c’est d’entrer dans le cercle vicieux de l’inflation et de devoir augmenter le Smig quatre fois au cours de l’année 2022". 

La règlementation prévoit en effet que le salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) soit automatiquement réévalué par arrêté en conseil des ministres lorsqu’une augmentation de plus de 2% de l’indice des prix à la consommation est constatée par l’Institut de la statistique. Pour Christophe Plée, "ça risque de devenir très compliqué". D’autant qu’il y aura nécessairement une répercussion des coûts de production sur les prix à la consommation. Pourtant, comme l’a rappelé le ministre de l’Economie et des Finances lors d’une conférence de presse à la mi-journée, impossible de reporter la TVA sociale : le sauvetage des finances du système de Protection sociale généralisé est dans une "temporalité d’urgence". Il faudra faire avec.

​FO explique les raisons du boycott

Les syndicats affiliées FO, la Fédération générale des fonctionnaires, le syndicat enseignant Snetaa-FO et le syndicat du personnel du centre hospitalier, boycottent la grève du 17 mars. Si la veille le secrétaire général de la CSTP-FO, de même que celui de la CSIP, taclait une "grève de riches" en estimant que le véritable combat n'est pas à mener contre la TVA sociale, mais bien pour la revalorisation du Smig avec l'inflation galopante, mercredi les trois syndicats affiliés à la confédération détaillent les motifs de leur réserve, par communiqué.

Ils affirment en premier lieu ne pas avoir été conviés aux discussions pour la mise en place des revendications sur le préavis de grève. Concernant la TVA sociale, le communiqué rejoint en partie les arguments développés par l’intersyndicale A ti’a i mua, Unsa, O oe to oe rima. Cette taxe "dans la forme proposée est une aberration et une incohérence sur le plan économique", estiment-ils. Mais à la différence de l’intersyndicale, qui demande un report de son application, FO propose de la rendre déductible pour en limiter les effets inflationnistes.
A propos de la Contribution de solidarité territoriale (CST), taxe prélevée sur les revenus et augmentée en début d’année, l’intersyndicale dénonce un manque de transparence sur son rendement, et un prélèvement relativement plus fort, à revenu égal, sur les salariés et retraités, que sur les professions libérales ou les patentés. FO se borne à ne pas trouver justifiée son augmentation depuis janvier 2022.
 
Enfin, "les salariés attendent toujours de connaître les économies qui seront réalisées au titre du gouvernement et de l’assemblée de Polynésie comme par exemple diminuer significativement le nombre des représentant de l’APF en rapport avec le nombre d’habitants", fusille aussi ce communiqué en direction du Pays.  

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 16 Mars 2022 à 19:19 | Lu 1424 fois