​Négociations à petits pas dans la grève aux hydrocarbures


Tahiti, le 6 janvier 2024 - La dernière rencontre de négociation, vendredi, n’a rien donné de concluant dans le conflit social qui plombe depuis bientôt quatre semaines les sociétés STDP, STDO et Somstat, en charge des ravitaillements hydrocarbures. Mais le bras de fer se durcit avec la reprise de l’activité des caboteurs la semaine prochaine.
 
À l’issue de la négociation organisée vendredi au Cesec, entre les représentants syndicaux et ceux des entreprises en grève du secteur pétrolier, du côté des syndicat, on se disait “satisfait dans le sens où on sait ce qu’ils proposent”. La réunion s’est conclue par des engagements verbaux des patrons. Les syndicats attendent un document écrit. “On travaillera dessus pour argumenter nos demandes.” De leur côté, questionnés vendredi, les représentants des employeurs n’ont pas souhaité s’exprimer. Pour l’instant aucun rendez-vous n’est fixé pour la reprise de ces négociations.
 
Cela fait maintenant bientôt quatre semaines que ce mouvement social perturbe le fonctionnement du secteur pétrolier au fenua. Débuté par des négociations “au point mort”, pendant les deux dernières semaines de décembre, ce n’est que depuis la semaine dernière que les discussions se penchent sur les préavis de grève adressés aux différentes sociétés début décembre. 
 
Sur les revendications communes des préavis, notamment celle concernant la révision de la grille salariale, les employeurs évoquent une possible revalorisation de 1,39 point là où ils refusaient toute augmentation sous la pression d’une grève jusqu’à présent. Avant la semaine dernière, en effet, proposition était faite aux syndicats de renvoyer le sujet à des négociations hors conflit, dans un cadre purement règlementaire et au regard du niveau d’inflation constaté dans l’année. Option rejetée par les grévistes. Vendredi, cette question salariale n’a pas été abordée bien que les syndicats demandent, eux, l’augmentation de 2% des salaires. Concernant la proposition à 1,39%. “On n’a pas dit oui ; on n’a pas dit non. On attend une proposition écrite”, explique Vetea Tehahetua, délégué syndical STDP et porte-parole des grévistes.
 
“Ce n’est pas suffisant”
 
Sur les revendications spécifiques, de petits pas sont enregistrés d'avis syndical. Mais “je ne pense pas que la levée de grève soit pour bientôt”, prévient Vetea Tehahetua. Si les préavis listaient un inventaire détaillé de demandes propres à chaque entreprise, seuls quelques points demeurent encore au cœur des négociations.
 
À la Somstat, société chargée du transport du jet fuel pour l'aéroport, on dénombre sept employés en grève sur 19. Le préavis demande le recrutement de deux personnes. La question a été abordée vendredi. Les grévistes attendent là aussi un engagement écrit de la direction. Du côté de STDP, la Société tahitienne des dépôts pétroliers, (15 salariés dont 13 grévistes, soit l’ensemble du personnel d’exploitation), on propose de faire un recrutement en CDD, alors le préavis de grève demande le recrutement de quatre personnes. La société a également accepté de mettre par écrit l’existence de certaines primes qui sont simplement d’usage jusqu’à présent.
 
À la STDO, la Société tahitienne des oléoducs qui compte 14 salariés dont dix employés d’exploitation grévistes, une proposition est faite par les employeurs pour augmenter de 10 heures le temps de travail hebdomadaire contractuel de ses sept salariés à temps partiel et de remettre le sujet sur la table courant juin, en fonction de l’activité. “Mais ce n’est pas suffisant. On attend qu’ils proposent des temps pleins”, explique Vetea Tehahetua. Jusqu’à présent, les employés à temps partiel de la STDO font ponctuellement des “heures complémentaires” lors des hausses d’activité. Les grévistes, employés à temps partiel, dont le plus ancien depuis 15 ans, estiment que l’entreprise est en mesure de gonfler leur charge contractuelle de travail après le départ à la retraite de deux temps pleins non remplacés, dont un chef d’équipe.
 
Les deux sociétés sont plombées par la grève de l’ensemble des salariés de l’exploitation : “Tout ce qui reste aujourd’hui, ce sont les cadres.” Et pour le porte-parole de la CSIP, Cyril Le Gayic, si ce mouvement de grève est passé sous les radars le temps des fêtes de fin de d’année, “il risque de commencer à peser”. Et pas seulement pour le budget des grévistes.

La reprise de l'activité des caboteurs cette semaine promet de mettre en exergue la faiblesse des stocks hydrocarbures conditionnés en fûts depuis mi-décembre pour la livraison dans les îles.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 6 Janvier 2024 à 11:17 | Lu 1877 fois