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​Māmū et Booba, une collaboration de platine


Tahiti, le 7 avril 2025 - Cela fait déjà cinq ans que le trio Māmū existe au Fenua. Il est composé de trois jeunes créateurs producteurs de talents : Fastoch, Parau dit Maro et Nero. Tout récemment, grâce à une collaboration avec l’artiste Booba, Māmū via le label Sound of Sand Records s’est vu remettre un disque d’or qui s’est transformé il y a peu, en disque de platine. Explications avec Nero.
 
Peux-tu nous raconter la rencontre avec Booba ?
“En fait c’est DJ Easy de France qui nous a mis en contact avec Booba avant même qu’il vienne à Tahiti, 8 mois avant le Tiki Fest 2024. C’est amusant en fait. Sound of Sand Records, notre label, était en phase de création et DJ Easy nous a facilité ce rapprochement inespéré. Dj Easy cherchait en fait des partenaires dans la musique et plus particulièrement pour le rap. Il a bien matché avec Parau (Maro) qui est plus fan de rap et le contact s’est ainsi concrétisé.”
 
 
Comment s’est passée votre collaboration ?
“Booba a rencontré Easy et Parau mais en fait ce n’était pas une nécessité. Tout se fait par mail. Nous lui avons envoyé plus d’une centaine de titres et un seul a été retenu en fait et ce fut pour “Abidal”. C’est le jeu. À un certain niveau, les rappeurs font moins de prods et ils font appel à des compositeurs extérieurs. Ces artistes stars sont de vraies machines à tubes en fait et donc il faut du contenu, pas toujours de même valeur mais dans le lot, un tube majeur sortira c’est sûr et fera leur succès.”
 
D’or à platine, quelle est la différence ?
“Cela signifie plus de 50 000 ventes certifiées pour l’album de Booba, Ad Vitam Æternam. C’est ce qui lui a permis d’obtenir le disque d’or. Lorsque les ventes ont franchi le seuil des 100 000, cela donne un disque de platine. Pour le diamant il faudra attendre 500 000 ventes [rires] ce qui est colossal.”
 
Que signifie pour vous cette collaboration sur un disque de platine ?
“Le plus important est la notoriété au-delà de la somme gagnée qui est juste raisonnable. Ce disque de platine nous donne en fait notre légitimité, c’est comme un trophée ou un diplôme validant notre compétence dans le domaine ! Le chemin est aujourd’hui plus ouvert.”
 
Cela vous motive donc pour la suite de vos carrières ?
“Oui, fort de ce premier succès, nous souhaitons aller à la rencontre d’autres artistes français, américains ou autres. Easy nous aide pour cela. Il nous met en relation. Avec Māmū, nous avons réalisé des centaines de créations. Il y a donc du potentiel. On en met quelques-unes sur YouTube, Spotify mais pas trop car nous sommes assez exigeants. C’est un choix artistique en somme mais peut-être sommes-nous trop perfectionnistes [rires]. Le but est de faire plus de projets encore, apprendre, nous perfectionner et bien évidemment que cela soit rémunérateur car en vivre est pour l’instant bien difficile.”
 
Comment avez-vous débuté ?
“Nous avons débuté comme beaucoup d’artistes dans une petite pièce sous un escalier il y a cinq ans. Les conditions étaient difficiles et pour autant c’est là que nous avons, je pense, les meilleurs souvenirs. Nous devons prochainement quitter notre studio où nous étions depuis deux ans et du coup il va nous falloir tout recommencer.”
 
Où vous produisez-vous à Tahiti ?
“Nous jouons au Reeftop, au Baroof, à Moorea, à la Brasserie Hoa aussi. Notre style est différent des autres DJ. Nous ne faisons par le deck, le sapau, le chipa, le badada. Nous essayons un peu d’épurer les styles locaux pour les porter à l’international. Pour faire en sorte que cela “matche” plus avec les codes internationaux, tout en gardant un style Island. Nous sommes tous musiciens et c’est une fierté que de pouvoir toucher Tahiti et d’autres pays avec notre musique.”
 
Vous avez un rêve : créer votre label. Pourquoi ?
“Créer son propre label permet aux artistes de préserver leur liberté artistique, de conserver les droits et revenus de leur musique, et de développer une identité unique. Cela offre également l'opportunité de collaborer avec d'autres talents, d'élargir un réseau, et de gagner en autonomie dans les décisions et la gestion. En somme, c'est un moyen d'allier créativité et entrepreneuriat tout en ouvrant des perspectives durables dans l'industrie musicale”.

Rédigé par Propos recueillis par Philippe Collignon le Lundi 7 Avril 2025 à 18:14 | Lu 2048 fois