​Les taux d’intérêt prêts à grimper



Tahiti le 04 août 2022 - Le conseil de surveillance de l’IEOM a acté le 28 juillet dernier la hausse de ses taux directeurs. Une augmentation qui va se répercuter à terme sur les taux pratiqués aux particuliers et aux entreprises. Explications.

Le Conseil de surveillance de l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) a acté le 28 juillet dernier à Paris la révision à la hausse de ses taux directeurs. Une décision qui n’est pas sans incidence à terme sur le coût du crédit en Polynésie française puisque les banques polynésiennes emprunteront désormais plus chers à l’IEOM pour leur propre activité.

​Répercussions à prévoir

L’IEOM a ainsi notamment décidé de relever de 0,5% le taux de refinancement et le taux de facilité marginale. Il s’agit des taux qui sont pratiqués par l’Institut lorsque les banques commerciales polynésiennes (Socredo, Banque de Tahiti et Banque de Polynésie) mais également des deux autres territoires d’outremer souhaitent obtenir des liquidités pour leur propre activité à court ou moyen terme. L’IEOM fait un peu office de banque des banques et décide donc à quel taux elle prête à ses clients bancaires. Une décision justifiée par « un contexte d’inflation dans la zone franc Pacifique durablement supérieure à 2% » dans la mesure où, à titre d’illustration, quelqu’un qui prête de l’argent à 2% alors que l’inflation est dans le même temps de 5% n’est pas vraiment gagnant.
Le coût du crédit étant plus élevé pour les banques elles-mêmes, il le sera d’autant plus pour les particuliers et les entreprises qui vont s’adresser à leur établissement bancaire pour obtenir un prêt. Selon les dernières statistiques de l’IEOM, les taux pratiqués pour des prêts à l’habitat étaient en moyenne de 1,81% et pour les prêts personnels et autres crédits à la consommation de 4,25%. Des chiffres historiquement bas qui devraient remontés dans les semaines à venir avec une répercussion à la hausse du coût du crédit aussi bien pour les entreprises et les particuliers. Il sera donc plus onéreux d’acheter un logement ou une voiture à crédit ou de financer des travaux par un prêt.
 

​Hausses prévisibles et à prévoir

Cette décision de l’IEOM de rehausser ses taux n’est pas une surprise. La Banque Centrale Européenne a fait de même, dans des proportions quasi-identique le 21 juillet dernier mettant fin à plus d’une décennie de taux bas. La Réserve fédérale américaine avait fait de même en mai dernier indiquant même que plusieurs vagues de relèvement de ses taux directeurs devraient intervenir d’ici le 31 décembre prochain. Le communiqué de l’IEOM évoque d’ailleurs, à mots feutrés, cette possibilité puisqu’une nouvelle réunion de son Conseil de surveillance est prévue en septembre prochain « pour examiner l’opportunité de poursuivre la normalisation de sa politique monétaire ». L’organe de direction de l’Institut indique rester attentif à l’évolution de l’inflation qui conditionne le réajustement de ses taux directeurs. Or, les perspectives à court terme d’une stabilisation des prix dans les territoires d’outre-mer sont incertaines. En Polynésie, la forte hausse des carburants actée début juillet devra à cet égard déjà impacté le prochain indice des prix à paraitre. Et si le taux de la TVA sociale avait été fixé à 1% au lieu de 1,5% initialement prévu, il était prévu une « clause de revoyure » en septembre avec les syndicats pour vérifier si le rendement de la taxe était suffisant pour sauver la protection sociale généralisée. L’économie polynésienne est toujours face à son lot d’incertitudes.

Rédigé par Sébastien Petit le Jeudi 4 Aout 2022 à 19:51 | Lu 3488 fois