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​Les syndicats veulent une obligation vaccinale aux frontières


Tahiti, le 13 août 2021 – Les partenaires sociaux ont été reçus vendredi matin à la présidence par l'Etat et le Pays. Les syndicats de salariés continuent de demander un renforcement des contrôles sanitaires aux frontières et notamment une vaccination obligatoire pour les entrants.
 
Les partenaires sociaux, syndicats et patronat, ont été reçus vendredi matin pendant près de deux heures à la présidence par les représentants de l'Etat et du Pays pour évoquer la gestion de la crise sanitaire et les dernières mesures de restrictions sanitaires telles que le couvre-feu et le confinement le dimanche. La veille, les patrons avaient déjà rencontré les services du haut-commissariat pour faire part de leurs principales préoccupations, parmi lesquelles l'information réelle sur la situation sanitaire, la nécessité d'un appel "franc et massif" à la vaccination et les mesures économiques prévues par l'Etat et le Pays. La réunion de vendredi était donc l'occasion d'entendre le discours des syndicats de salariés… A la fois grave et réprobateur.
 
Les syndicats focalisés sur les frontières
 
Pour les syndicats, les restrictions sanitaires prises par les autorités sont jugées trop timorées face à l'épidémie. "La situation est dramatique, nous sommes toujours sur une courbe exponentielle. On ne sait pas quand elle va s'arrêter. Et ils ne prennent pas leurs responsabilités pour que cette courbe s'infléchisse", a tonné le président de la confédération majoritaire CSTP-FO, Patrick Galenon, à l'issue de la réunion. Globalement, sur les mesures à prendre, les syndicats estiment qu'il faut aller plus loin. Jusqu'au confinement. "On ne comprend pas l'oxymore entre confinement et non-confinement… Je pense qu'ils sont complètement débordés", estime Patrick Galenon. Les risques du confinement sur l'économie locale ? "Oui, sauf qu'aujourd'hui on a 20 à 30% des salariés qui ne peuvent plus travailler. Le résultat est le même, les entreprises ne peuvent plus fonctionner normalement", répond le syndicaliste, dans un discours rappelant quelques-unes des préoccupations du patronat la veille.
 
Mais surtout, les syndicats de salariés restent arcboutés sur leur demande, CSTP-FO et CSIP en tête, d'un renforcement des contrôles aux frontières. "On fait la même erreur que l'année dernière", poursuit Patrick Galenon, "nous sommes 270 000 et si on ne tarit pas la source, le virus va continuer à venir". Le syndicaliste milite activement pour une obligation vaccinale à tout âge pour pouvoir entrer en Polynésie française. "On est clairs sur la vaccination. Si on ne vaccine pas ceux qui rentrent de l'extérieur, ils vont nous envoyer toute la liste de l'alphabet grec des variants." Sur cette question, pourtant, Patrick Galenon estime être totalement ignoré car mal compris. "On a l'impression, quand on leur dit ça, qu'on nous regarde comme si on ne voulait pas que les gens de métropole rentrent chez nous… Mais ça n'est pas du tout ça. On dit qu'il faut vacciner tout le monde à l'entrée, les métropolitains, les Polynésiens, les Calédoniens, comme les Américains…"
 
L'appel des patrons à la vaccination timidement reçu
 
Côté patronat, l'appel à une déclaration forte et solennelle de "toute personne influente dans le Pays" pour la vaccination a été passé. Mais on craint qu'il ne soit pas parfaitement relayé… Les syndicats répondent en renvoyant sur leur revendication principale. "On a du mal à demander aux salariés de se vacciner tous, alors qu'ils nous disent que ceux qui rentrent (en Polynésie) ne sont pas obligés de l'être." L'union sacrée voulue par les patrons attendra…
 
Le sujet des aides économiques, enfin, a été abordé rapidement vendredi matin. Il fera l'objet de discussions plus poussées, secteurs par secteurs, à partir de lundi.
 
Antoine Samoyeau

Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 13 Août 2021 à 20:31 | Lu 4616 fois