​Les autonomistes réunis avant d'être unis


 
Tahiti, le 10 juin 2024 – Au lendemain de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Macron, c'est le branle-bas de combat dans les instances politiques locales. Soupe à la grimace au Tavini qui perd ses trois députés d'un coup et qui n'est pas sûr de renouveler l'exploit de 2022. Du côté des autonomistes, c'est l'union qui fera la force. Il va falloir en effet tirer les leçons du passé pour faire front commun et ne pas disperser ses voix. Des réunions ont eu lieu ce lundi entre le Tapura, Amuitahira'a et Ia Ora te Nuna'a. Elles se poursuivront mardi matin avec Ahip.
 

La fameuse plateforme autonomiste appelée de ses vœux par Édouard Fritch après la sanction du Tapura lors des dernières élections territoriales va-t-elle enfin voir le jour ? Elle n'a jamais été aussi bien engagée en tout cas. Les élections législatives anticipées des 29 juin et 6 juillet prochains sont une aubaine pour les autonomistes qui ont bien l'intention de saisir cette occasion. Si le calendrier est serré avec un premier tour dans seulement trois semaines, cela permet aussi de donner un coup d'accélérateur au rapprochement entre les quatre formations politiques autonomistes.
 
Le Tapura Huiraatira d'Édouard Fritch et le Amuitahira'a de Gaston Flosse se sont déjà réconciliés entre les deux tours des territoriales permettant ainsi à Pascale Haiti-Flosse d'obtenir un siège à Tarahoi. Les relations plus compliquées avec Ia Ora te Nunaa de Teva Rohfritsch et A Here ia Porinetia (Ahip) de Nicole Sanquer semblent s'apaiser. Le Tapura et Ia Ora te Nuna'a ont tous deux soutenu le candidat Moerani Frébault sur la liste de la majorité présidentielle pour les européennes.
 
À l'assemblée de la Polynésie française, le Tapura et Ahip, qui étaient comme chien et chat, se retrouvent aujourd'hui de plus en plus souvent pour dénoncer l'attentisme du gouvernement d'un côté et l'interventionnisme du patron de Tarahoi de l'autre.
 
Cette attitude du Tavini est justement le trait d'union qui peut les rassembler. “Il ne se passe pas un jour sans qu'on parle d'indépendance, que ce soit à Tahiti, à Caracas, à Paris, à Singapour et bientôt au Japon ! Les électeurs ont été trompés au nom d'une alternance, et les législatives sont la première occasion de sortir de cette impasse”, a ainsi commenté Teva Rohfritsch, ce lundi midi au sortir de sa réunion avec Édouard Fritch, Tepuaraurii Teriitahi et René Temeharo.

“Il faut que les autonomistes gagnent”

Après des premiers coups de fil aux uns et aux autres dès dimanche, les réunions se sont en effet enchaînées de manière plus formelle ce lundi à la mairie de Pirae. Édouard Fritch a d'abord reçu Gaston Flosse, Pascale Haiti et Bruno Sandras pendant une bonne heure et demie. “Nous avons fait un tour d'horizon... examiné les résultats des européennes, mais nous n'avons rien décidé. Nous devons nous revoir demain”, a lâché Gaston Flosse en sortant.
 
Si une réunion était prévue à 14 heures avec Ahip, elle a finalement été reportée à mardi matin, le Tapura devant réunir son conseil politique ce lundi à 16 heures. “On a tous conscience qu'il faut que les autonomistes gagnent. Maintenant, il faut se mettre d'accord sur la stratégie, autrement dit si c'est au premier ou au second tour”, nous a confié Nicole Sanquer qui envisage de se présenter dans la deuxième circonscription, sans pour autant écarter l'idée d'un candidat “plus consensuel” comme Nuihau Laurey.

Le “pari de la jeunesse”

Il n'en demeure pas moins qu'il y a quatre partis pour trois sièges et que les appétits vont être compliqués à satisfaire. Mais selon nos informations, on se dirigerait vers une union des autonomistes avec un candidat Tapura, un candidat Amuitahira'a et un candidat Ahip pour tenter de ravir les trois sièges occupés jusqu'ici par Tematai Le Gayic, Steve Chailloux et Mereana Reid-Arbelot. De son côté, Ia Ora te Nuna'a pourrait être représenté au niveau des suppléants, Teva Rohfritsch disposant déjà d'un siège au Sénat.
 
Édouard Fritch a annoncé dimanche soir chez nos confrères de TNTV qu'il ferait le “pari de la jeunesse”, en précisant qu'il fallait que ce soit “une jeunesse qui s'investit”. C'est ainsi que le nom de Moerani Frébault est naturellement sorti et il semble faire l'unanimité sur la circonscription 1. Il a fait ses preuves pendant la campagne des européennes (malgré une abstention record) et il est tombé dans la politique quand il était petit avec sa maman, Joëlle Frébault, tāvana de Hiva Oa et élue à l'assemblée.

Un Tapura, un Ahip, un Amuitahira'a

Un autre nom qui circule beaucoup dans les rangs du Tapura est celui de Naumi Mihuraa. Si elle aussi a l'expérience du terrain pour être aussi tombée dedans avec une mère – Lana Tetuanui – sénatrice et un beau-père – Cyril Tetuanui – président du Syndicat pour la promotion des communes (SPCPF), elle divise davantage. C'est ce qui est notamment ressorti du conseil politique du Tapura qui s'est réuni plusieurs heures à la mairie de Pirae ce lundi. Il y avait d'autres candidats comme Orava Guenin, Moehara Tupana, Antoine Puputauki pour les plus jeunes, mais aussi, des plus anciens comme Heremoana Maamaatuaiahutapu ou encore Tearii Alpha qui est bizarrement réapparu très opportunément... Si aucun nom n'est encore arrêté, c'est bien celui de Moerani Frébault qui semble être le plus fédérateur.
 
La grande inconnue viendra donc du Amuitahira'a. Quel candidat pour la circonscription 3 (Punaauia, Faa'a et les îles Sous-le-Vent) si la 1 revient à Moerani Frébault et la 2 à Nicole Sanquer ?
 
Peu de chance que ce soit Pascale Haiti-Flosse au regard de la menace d'inéligibilité qui plane au-dessus de sa tête. Bruno Sandras se verrait bien au palais Bourbon mais il réside... à Papara.
 
Des questions qui trouveront réponse ce mardi après les réunions prévues entre les autonomistes et les conseils politiques prévues en fin d'après-midi du côté de Ahip et de Amuitahira'a.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 11 Juin 2024 à 09:29 | Lu 2764 fois