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​Le ‘ori Tahiti pour toutes à Mataiea


Manihiki Poroi et Heimoana Metua ont décidé d’unir leurs talents (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Manihiki Poroi et Heimoana Metua ont décidé d’unir leurs talents (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 21 janvier 2025 – Manihiki Poroi, meilleure danseuse 2009, et Heimoana Metua, cheffe de la troupe Teva i Tai, ont décidé d’unir leurs talents en proposant des cours de danse à la séance pour enfants et adultes, sans oublier les matahiapo. Avec un objectif : retrouver “le plaisir de danser, tout simplement”.

 
Derrière la mairie de Mataiea, en face de la salle omnisports, des mélodies d’antan résonnent depuis la semaine dernière. Dans la salle de taekwondo, les kimonos ont laissé la place aux pāreu, le temps des cours de danse supervisés par Manihiki Poroi.
 
Sacrée meilleure danseuse au Heiva i Tahiti 2009, ses premiers pas de danse remontent à l’âge de 4 ans auprès de Makau Foster, avant de “grandir” dans la troupe familiale Kei Tawhiti. Elle s’est ensuite investie auprès de plusieurs groupes, avant de marquer une pause, “car je ne dansais plus pour mon plaisir”. Un détour par le fitness avec son conjoint et un quatrième petit garçon plus tard, l’envie de remonter sur scène est revenue comme pour se challenger à l’aube de ses 40 ans, en commençant par remporter le premier prix de sa catégorie au concours ‘Ori Tahiti Nui Solo Competition 2024.
 
Manihiki Poroi s’est aussi sentie prête à transmettre à son tour sa passion. “Je voulais apporter un autre concept avec une nouvelle approche. Les gens ne s’engagent pas au mois : ils viennent quand ils sont disponibles, en sachant que j’ai beaucoup d’infirmières ou de personnes qui travaillent le soir. Il n’y a pas de chorégraphie à retenir d’une fois sur l’autre. On vient pour danser et se défouler. Moi-même, j’aime les cours de cardio autour de la danse”, confie-t-elle, ravie d’avoir choisi sa commune d’adoption, où elle réside depuis une dizaine d’années, pour se lancer. “J’aime la Presqu’île : on y danse avec son cœur et avec son âme !”
 

Chaque mardi et jeudi, la séance “mehura” est ouverte aux personnes âgées.
Chaque mardi et jeudi, la séance “mehura” est ouverte aux personnes âgées.

Une séance accessible aux matahiapo


Toutes les séances sont à 500 francs, aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Chaque mardi et jeudi, à 9 heures, un créneau “mehura” est également ouvert aux personnes âgées. C’est son amie et cheffe de la troupe Teva i Tai, Heimoana Metua, qui dispense cette heure de cours centrée sur le ‘aparima. “J’avais envie d’intégrer les matahiapo parce qu’à la Presqu’île, nos aînées n’ont pas beaucoup d’opportunités de sortie. C’est aussi le moyen de faire de l’éveil corporel et de partager un moment agréable avec nos anciennes chansons, qu’elles écoutent toujours avec plaisir. On n’est pas dans l’objectif de faire un spectacle de danse : on est là pour passer une heure agréable ensemble, pour prendre le temps de revoir les pas de base et pour le plaisir de danser, tout simplement”, explique-t-elle.
 
Le ‘ori Tahiti permet de travailler la coordination et la mémoire, mais ce ne sont pas les seuls atouts de la danse traditionnelle. “La semaine dernière, une dame atteinte de la maladie d’Alzheimer était avec nous. Elle a retrouvé le sourire et quelques réflexes. C’était beau à voir”, remarque Heimoana Metua, inspirée par sa mère et ses propres blessures physiques. L’initiative revêt également une dimension sociale en rendant ce nouveau lieu de vie accessible à toutes.
 

Maeva Margot, 65 ans, de Taravao : “Se vider la tête et garder la forme”

“J’ai suivi des cours de danse dans plusieurs écoles. J’ai arrêté pendant presque deux ans à cause de problèmes de santé et pour aider mes enfants pour leurs costumes pour le Heiva. Quand j’ai appris qu’il existait des cours adaptés aux matahiapo, j’ai trouvé ça extraordinaire ! Même si on a l’habitude de danser, chacun a son rythme. On peut danser avec des jeunes, mais on risque de forcer et de se faire mal. Le ‘aparima, c’est parfait, même si je ne suis pas contre un petit ‘ōte’a de temps en temps ! Je suis heureuse de reprendre des cours de danse. Ça permet de se vider la tête et de garder la forme.” 

Gisèle Mai, 53 ans, de Papara : “Revenir avec mes amies”

“J’adore danser, mais c’est mon tout premier cours de danse. J’ai envie de m’imprégner de ma culture. J’ai entendu parler de ce concept sur Facebook, et comme je suis disponible le matin par rapport à mon travail, ça m’a tout de suite intéressée. Le fait de payer à la séance, c’est vraiment pratique. Si ça me plaît, je vais en parler à mes amies pour qu’on puisse revenir partager ce moment ensemble.” 

À la Presqu’île, le concept a déjà ses adeptes.
À la Presqu’île, le concept a déjà ses adeptes.

​Plus d’infos

Sur la page Facebook Manihiki ‘Ori i Mataiea.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mardi 21 Janvier 2025 à 16:25 | Lu 2739 fois