​Le ministère de la Santé perquisitionné


Tahiti, le 11 juin 2020 – Plusieurs perquisitions ont été menées jeudi matin par les policiers de la direction de la sécurité publique (DSP) au ministère de la Santé, au domicile du ministre Jacques Raynal et dans les sociétés du groupe MedEx Polynésie dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte pour prise illégale d'intérêts.
 
L'actualité judiciaire s'emballe cette semaine. Jeudi matin, à partir de 7 heures, plusieurs perquisitions ont été menées par les enquêteurs de la brigade financière de la Direction de la sécurité publique (DSP) dans les locaux du ministère de la Santé, au domicile du ministre, Jacques Raynal, et dans les sociétés du groupe MedEx Polynésie. Cette dernière entité étant un groupe de sociétés médicales privées co-fondé par Jacques Raynal avant qu'il ne soit ministre de la Santé.
 
Selon nos informations, les opérations menées par la DSP ont été organisées dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Papeete dans le courant de l'année dernière et portant sur des soupçons de prise illégale d'intérêts et de recel de prise illégale d'intérêts (et non de détournement de fonds publics, comme nous l'indiquions initialement, NDLR). Les enquêteurs s'intéressent aux conventions passées entre les sociétés du Groupe MedEx (Fenua MedEx, Rima MedEx, Taote MedEx, Moana MedEx, Nati MedEx), le Centre hospitalier de la Polynésie française et la CPS.
 
Prestations de santé
 
En effet, les sociétés du groupe médical effectuent des prestations régulières, sur convention, pour le compte de la direction de la Santé, du Centre hospitalier ou de la CPS (voir ci-dessous). Le groupe MedEx s'occupe notamment de projets de télémédecine avec le Pays, il s'est vu confier l'activité de la Maison médicale de garde au centre hospitalier et il a encore effectué des missions dans les îles lors de la récente crise du coronavirus.
 
Jacques Raynal a cédé l'intégralité de ses parts dans MedEx en apprenant sa nomination au ministère de la Santé en 2017. Mais les enquêteurs cherchent à savoir si le ministre a pu favoriser son ancienne société dans le cadre de missions de santé publique confiées au privé et, le cas échant, s'il a pu en retirer un bénéfice personnel. Des hypothèses formellement démenties par le ministre et le groupe MedEx Polynésie (voir ci-contre).
 
De sources judiciaires, on confirme qu'aucune garde à vue ou audition n'a été menée jeudi. Des convocations ultérieures pourront être réalisées, après l'exploitation des documents et données récoltées lors des perquisitions du jour.


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun et Antoine Samoyeau le Jeudi 11 Juin 2020 à 09:01 | Lu 11966 fois