​Le Pays table sur un nouvel emprunt de 25 milliards


Tahiti, le 23 juillet 2020 - Le Pays envisage de solliciter un nouveau prêt garanti par l’État de 25 milliards de Fcfp, après l’assurance obtenue du nouveau ministre des Outre-mer, a indiqué Edouard Fritch jeudi lors de l'examen du troisième collectif budgétaire de l'année.
 
"Hier soir, a expliqué Édouard Fritch lors de son allocution pour l’ouverture de la session extraordinaire de l’assemblée, j’étais en visioconférence avec notre nouveau ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, en présence de notre vice-président, de notre ministre du tourisme et du haut-commissaire. Le ministre des Outre-mer nous a apporté l’assurance qu’une seconde tranche de prêt garanti par l’État de l’ordre de 25 milliards de Fcfp pourra être octroyée à notre Pays selon les besoins définis dans notre Plan de relance. Nous en saurons un peu plus d’ici la fin du mois d’août."

L’assemblée a adopté hier à l'unanimité, la troisième modification du budget général de la collectivité pour cette année. Au centre des préoccupations, toujours la volonté d’une réponse financière adaptée pour faire face aux conséquences de la crise du coronavirus en Polynésie. En l’occurrence, le financement des mesures de soutien à l’emploi pour 9,3 milliards Fcfp et une enveloppe complémentaire de 2,9 milliards de Fcfp accordée pour les CAE. Pour le reste, il s’agit d’opération de rattrapage, de régularisation et de l’inscription d’une aide massive en faveur de la CPS.

Après la mobilisation des crédits provenant des excédents cumulés et de la réduction de certains postes de dépenses obligatoires, le collectif budgétaire du 26 mars avait affecté 29,6 milliards de Fcfp aux dépenses de sécurité sanitaire, des mesures de sauvegarde de l’emploi, des entreprises et pour l’aide aux familles en situation précaire. Mais il n’avait pas tenu compte d’une baisse des recettes fiscales inévitable en 2020, suite à la crise économique causée par la pandémie. Afin de respecter la sincérité du budget de la collectivité, la prévision de rendement des impôts et taxes inscrite pour l’exercice 2020 est abaissée de 15 milliards de Fcfp.

Ce budget complémentaire d’un montant de 37,6 milliards de Fcfp est essentiellement rendu possible par le prêt de 28,6 milliards de Fcfp contracté auprès de l’Agence française de développement avec la garantie de l’État. Mais ces moyens financiers sont jugés insuffisants par l’exécutif. En mars dernier, un comité de financeurs publics constitué à la demande du président Macron avait estimé les besoins de la Polynésie française à 56 milliards de Fcfp, dont 19 milliards pour renflouer la trésorerie de la Caisse de prévoyance sociale. La "réponse partielle de l’Etat ne nous permet pas de combler tous nos besoins financiers", a déploré Édouard Fritch hier, alors que le collectif budgétaire et la modification des budgets spéciaux adoptés dans l’après-midi prévoient le versement de 16,5 milliards de Fcfp en faveur de la CPS.

Pourtant, "il existe d’autres prêteurs, notamment obligataires, qui peuvent prendre le relai de l’Etat", a rappelé le sénateur Nuihau Laurey. Depuis les bancs des non-inscrits, il a réitéré une suggestion déjà faite en mars dernier. S’il a voté en faveur de ce budget modificatif, il a aussi insisté jeudi pour dire son désaccord sur le fond quant aux choix économiques faits par le gouvernement pour financer des "mesures insuffisantes pour soutenir l’économie dans les secteurs impactés". En mars, il proposait le recours à un emprunt massif d’au moins 90 milliards de Fcfp.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 23 Juillet 2020 à 19:23 | Lu 1302 fois