​La FTS bancale face à Avvenenti


Tahiti, 7 février 2023 – La rapporteure publique du tribunal administratif a conclu à l'annulation de la sanction de deux ans d'interdiction de compétitions prononcée par la fédération tahitienne de surf à l'encontre du surfeur tahitien Lorenzo Avvenenti, après les incidents de juin dernier à Teahupo'o. La fédération n'ayant pas respecté les procédures.
 
Un dossier pour le moins original a occupé les magistrats du tribunal administratif mardi en fin de matinée. Le surfeur tahitien Lorenzo Avvenenti avait saisi la juridiction pour contester une lourde sanction prononcée à son encontre par la fédération tahitienne de surf (FTS) l'an dernier. Le 17 juin 2022, la FTS avait effectivement prononcé une interdiction de toute inscription "aux compétitions locales et internationales sur une période de deux ans" à l'encontre du surfeur. Décision confirmée par la commission d'appel de la fédération le 21 juillet suivant.
 
En cause, un incident rapporté à l'époque par nos confrères de Polynésie la 1ère sur la vague mythique de Teahupo'o. En stage olympique à Tahiti pour préparer les Jeux de 2024, la fédération française de surf et la fédération tahitienne de surf avaient organisé début juin 2022 une compétition rassemblant une vingtaine de surfeurs locaux et nationaux : la Tatauraa Horue Pererure Teahupoo. Sauf que le jour de la compétition, quelques surfeurs locaux non-inscrits avaient décidé de s'inviter sur le spot de la Presqu'île. La FTS avait alors eu recours à la police municipale pour faire sortir ces surfeurs de l'eau et avait promis des "sanctions exemplaires" à leur encontre.
 
"On a sans doute été un peu légers"
 
Principal athlète visé par ces sanctions, Lorenzo Avvenenti a rapidement subi le châtiment de la fédération. Un peu trop rapidement même… Comme la rapporteure publique du tribunal administratif l'a relevé à l'audience, la procédure de sanction initiée par la fédération s'est retrouvée truffée d'irrégularité. À commencer par les délais de convocation du surfeur. Le règlement prévoit qu'ils soient de quinze jours, quand Lorenzo Avvenenti n'en a eu que trois… "On a sans doute été un peu légers sur la procédure, mais vue la gravité de l'incident il était important de prendre une décision rapide", s'est justifié le président de la fédération, Lionel Teihotu, à la barre.
 
À l'extérieur de l'audience, le président de la FTS a déploré la mauvaise image donnée par cet incident devant la fédération française, en pleine préparation des Jeux Olympiques de 2024. L'avocat de Lorenzo Avvenenti a défendu le droit pour son client d'être "libre de s'entraîner" où bon lui semblait, puisqu'aucun arrêté n'avait été prévu ce jour-là pour réserver le site de Teahupo'o à cette compétition. "Si on doit faire un arrêté à chaque fois qu'on organise une compétition, on ne s'en sort plus", a rétorqué Lionel Teihotu. Une "légèreté" procédurale qui a tout de même valu à la rapporteure publique de demander l'annulation de la sanction contre le surfeur. Le tribunal se prononcera sous quinzaine.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 7 Février 2023 à 21:27 | Lu 4587 fois