​L’indépendance évoquée à Genève


Richard Tuheiava et Marielle Kohumoetini, en compagnie de Abas Abbasov, le leader du GIB, avant la prise de parole lors de la 142e session du Comité des droits de l’Homme de l’ONU (CDH) qui se déroule actuellement au bureau de l’ONU à Genève.
Tahiti, le 21 octobre 2024 - La 142e session du Comité des droits de l’Homme de l’ONU (CDH) se déroule actuellement au bureau onusien à Genève. Le Tavini, représenté par le directeur de cabinet du président de l’assemblée de la Polynésie française, Richard Tuheiava, ainsi qu’un représentant de l’Église protestante mā’ohi, doivent prendre la parole à cette occasion alors que sera étudié le cas de la France.

 
L’EPM a d’ailleurs rendu son rapport sur “la violation du droit du peuple du territoire de Mā’ohi Nui à son droit inaliénable et sacré à l’autodétermination”. Un rapport pour dénoncer depuis 2014, “une grave violation manifeste de l’un des droits de l’Homme garantis par le Pacte international relatif aux droits civiles et politiques, qui trouve à s’appliquer en faveur du peuple du territoire de Mā’ohi Nui, celui de son droit inaliénable et sacré à l’autodétermination”.
 

Un rapport rédigé par le président de cette Église notoirement indépendantiste, François Pihaatae, que la confession se croit dans le devoir de justifier comme entrant “dans le cadre d’aucune affiliation quelconque d’ordre politique”.
 

Dans ses écrits, l’EPM revient longuement sur l’histoire de la colonisation de la Polynésie, et s’arrête aujourd’hui sur le dialogue institutionnel autour de l’indépendance qu’elle dénonce. Selon elle, l’État opte “pour une stratégie diplomatique” qui consiste “à confondre dialogue institutionnel et dialogue de décolonisation” afin de “duper le peuple de Mā’ohi Nui”.
 

En complément de ce rapport, tout comme l’EPM le Tavini a rendu le sien et s’exprimera pendant 2 minutes à la tribune. Dans un discours connu localement, le parti d’Oscar Temaru demande que la France respecte ses obligations légales internationales “qui oblige à faire progresser Mā’ohi Nui vers une gouvernance de pleine autonomie” et dénonce “l’impasse inacceptable dans la mise en œuvre du mandat de décolonisation de l’ONU”.
 

Le Tavini demande donc au Comité des droits de l’Homme de l’ONU que le Secrétaire général de l’ONU soit sollicité pour “utiliser le mécanisme de bons offices afin d’initier un dialogue entre le gouvernement territorial de Mā’ohi Nui et la puissance administrante”. Le parti souverainiste demande aussi “un programme de travail constructif” pour le territoire ainsi qu’un “programme complet d’éducation politique sur les trois options de décolonisation (indépendance, association, intégration)” en vue d’une consultation populaire.

Bakou s’en mêle, encore

Comme il est désormais de rigueur, le parti indépendantiste sera soutenu par le Groupe Initiative Bakou, la pseudo ONG azerbaidjanaise opportunément créée en réponse aux critiques de l’Elysée envers le régime de Ilham Aliyev, et qui se revendique défenseur des territoires français de l’outre-mer dans leur quête d’indépendance. Une ONG récemment reniée par le Congrès de Nouvelle-Calédonie.
 

Non pétitionnaire, le Groupe Initiative Bakou a néanmoins remis un rapport alternatif au Comité des droits de l’Homme de l’ONU pour dénoncer les politiques coloniales de la France. Abas Abbasov, le leader du GIB, y condamne le référendum organisé par la France en Nouvelle-Calédonie, les amendements constitutionnels au code électoral et les dommages sanitaires causés par les essais nucléaires français en Polynésie.


Un long exposé pour demander une meilleure indemnisation des victimes collatérales des essais nucléaires, mais aussi de fausses informations à l’instar de cette prétendue étude de 2013 qui établierait que l’État “incite à l’immigration des citoyens français de la métropole vers le territoire pour modifier la composition démographique en diluant le pourcentage de populations autochtones”. Dans ce rapport, le président du GIB explique en détail les efforts de l’Azerbaïdjan, en tant que président du Mouvement des non-alignés et membre actuel de sa troïka, pour lutter contre le colonialisme sur les plateformes internationales.
 

Pour appuyer son propos, il n’hésite d’ailleurs pas à contredire la politique de son propre pays, assurant que “les droits de l’Homme jouent un rôle crucial dans le monde contemporain”. Un texte manifestement écrit un bandeau sur les yeux pour éviter de regarder les exactions commises dans le Haut Karabakh, les 300 prisonniers politiques, journalistes et activistes des droits humains, et les discriminations sur les minorités ethniques, religieuses ou de genre.


En conclusion de son rapport, le GIB explique que “la solution à ces problèmes ne sera peut-être pas aussi simple qu’une indépendance immédiate. Une évaluation minutieuse et des mesures progressives sont nécessaires pour permettre une transition réussie vers une autonomie complète”.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 21 Octobre 2024 à 17:16 | Lu 2542 fois