​L’ex-femme d’Alfonsi, cheville ouvrière du trafic


Tahiti, le 3 octobre 2020 - Au cinquième jour du procès de l’affaire Sarah Nui, le tribunal correctionnel a longuement entendu l’ex-femme de Tamatoa Alfonsi, Rarahu Pambrun, à laquelle il est notamment reproché d’avoir collecté l’argent du trafic à hauteur de 50 millions de Fcfp. 
 
Ancienne hôtesse de l’air, licenciée pour ses « problèmes de toxicomanie » et déjà condamnée dans l’affaire ATN, Rarahu Pambrun a comparu devant le tribunal correctionnel de Papeete vendredi après-midi au cinquième jour du procès de l’affaire dite « Sarah Nui ». L’ex compagne de l’un des deux boss du réseau, Tamatoa Alfonsi, et mère de leur fille, est poursuivie pour avoir notamment collecté le fruit du trafic à Tahiti, à savoir 50 millions de Fcfp. A la barre du tribunal, la quadragénaire a mollement reconnu les faits en affirmant, tel qu’elle l’avait déjà fait devant le juge d’instruction, qu’elle avait fait « tellement de choses » qu’elle ne se souvenait pas de tout. 
 
Véritable cheville ouvrière du trafic, Rarahu Pambrun a ensuite expliqué au tribunal qu’elle avait, depuis son interpellation, laissé « tout cela derrière » et qu’elle était passée à « autre chose ». Interrogé sur un voyage effectué avec sa fille à Los Angeles et surtout, sur l’achat de vaseline et de ruban adhésif alors qu’elle s’y trouvait, l’ancienne hôtesse a nié toute importation d’ice en affirmant qu’elle avait acheté la vaseline pour « hydrater ses lèvres » et le scotch pour « bricoler ». Des explications peu convaincantes, et une implication conséquente dans le trafic, qui ont passablement surpris le président du tribunal qui a cherché à comprendre comment une femme « intégrée socialement » avait pu participer à un trafic d’ampleur internationale. « J’ai fait cela sans réfléchir », a-t-elle ainsi affirmé à la barre avant que le magistrat ne la sermonne. « Madame, on ne vous reproche pas d’avoir fait le coursier sur un jour mais pendant un an ! »
 

Maîtresse d’Alfonsi

A l’occasion de son audition, le président du tribunal a lu des lettres envoyées à Rarahu Pambrun par Tamatoa Alfonsi alors qu’il était incarcéré à la prison de Villepinte. Et tel que l’on avait déjà pu le constater au cours de cette première semaine de procès, le multirécidiviste aime écrire. A l’époque, il lui décrivait notamment l’hiver métropolitain : « Me voilà à Villepinte après une année de folie à Tijuana. Il fait très froid ici. J’ai vu la neige tomber pour la première fois, c’était magnifique. J’étais avec un Colombien et c’était la première fois pour lui aussi. On a regardé les gros flocons comme des enfants ». Il lui suggérait également de contacter un ami afin que ce dernier lui remette deux millions et qu’elle puisse prendre deux billets en « business class » pour venir le voir avec leur fille. Évoquant cette dernière, il lui disait : « Papa veut que tu saches que tu n’es jamais seule et que tu ne sors jamais de son cœur. »
 
Après l’ex-femme d’Alfonsi, c’est sa maîtresse qui a été longuement entendue par le tribunal vendredi. Déjà lourdement condamnée pour des faits similaires à huit ans de prison, Reiani Nena avait reconnu lors de l’instruction qu’elle avait envoyé sept millions de Fcfp à Tamatoa Alfonsi au Mexique. A la barre, elle a affirmé qu’elle avait pris part au trafic car elle aimait le multirécidiviste. 
 
Au terme de cette première semaine de procès, les deux principaux prévenus, boss présumés de ce vaste trafic international, Tamatoa Alfonsi et Maitai Danielson, seront restés sur des lignes de défense différentes. Le premier reconnaissant les faits quand le second nie toujours son implication malgré des éléments accablants. Ils seront entendus mardi durant des heures qui promettent d’être longues. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Samedi 3 Octobre 2020 à 15:50 | Lu 10914 fois