​L'association 193 regrette l'absence du nucléaire dans la campagne


Le président de l'Association 193, le Père Auguste Uebe-Carlson.
Tahiti, le 4 avril 2023 – L'Association 193 de défense des victimes des essais nucléaires s'est rappelée au bon souvenir des candidats aux territoriales lundi, en adressant une lettre ouverte aux différentes listes en lice pour leur demander principalement de s'engager sur le retrait du seuil minimum d'irradiation de 1 mSv dans les demandes d'indemnisation.
 
À deux semaines du premier tour des élections territoriales, l'Association 193 de défense des victimes des essais nucléaires a diffusé une "lettre ouverte" aux sept listes en lice pour les prochaines élections territoriales des 16 et 30 avril. "L'Association 193 fait le constat que le sujet du nucléaire et ses conséquences est quasi inexistant lors des débats, des programmes et ce, de presque tous les partis politiques", entame le Père Auguste Uebe-Carlson, président de l'association. Mettant en garde les futurs représentants sur le "risque" d'assimiler la question de l'indemnisation des victimes des essais nucléaires à "un sujet soldé", l'association se fait le relai de problématiques qu'elle estime toujours non résolues.
 
Au premier chef de ces problématiques, l'association cite le seuil minimum d'irradiation de 1 mSv qui permet toujours au Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) de refuser les indemnisations. Seuil qui témoignerait d'un "fonctionnement colonial du Civen". L'Association 193 appelle donc les "futurs dirigeants politiques du Pays à se saisir de ce dossier" et à "mener les actions idoines pour le retrait total du 1 mSv". Difficulté politique pour les principaux partis en lice pour ces territoriales, ce seuil de 1 mSv a été ajouté à la méthodologie du Civen sur la base de travaux d'une commission parlementaire de 2019 présidée par la sénatrice Tapura Lana Tetuanui et constituée notamment des députés Nicole Sanquer et Moetai Brotherson…
 
Inventaire
 
Dans sa lettre, l'Association 193 rappelle un certain nombre de demandes anciennes. Elle affirme avoir recensé 55 000 pétitionnaires demandant l'organisation d'un référendum local sur le nucléaire depuis 2016. Elle demande des études sur les maladies transgénérationnelles sous l'égide de l'ONU. Elle chiffre à "plusieurs dizaines de milliards" la dette de l'État envers la CPS pour la prise en charge des maladies radio-induites. Elle demande "l'accès aux archives déclassifiées à d'autres chercheurs", sur lequel pourtant la communauté scientifique s'accorde sur la réalité d'une telle déclassification depuis 2022. Et enfin, elle demande la "restitution des registres des cancers" détenus selon elle par "les chefs médecins militaires". Nouveauté en revanche, l'association estime "scandaleux" le récent refus de l'État de participer au financement de l'Institut du cancer malgré les annonces du Président de la République.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 4 Avril 2023 à 17:00 | Lu 2238 fois