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​L'assemblée compte sur l'État pour faire baisser les tarifs d'Air Tahiti


Pendant 6 mois, une mission d'information a été menée sur les conditions tarifaires d'Air Tahiti. Elle a été lancée à la suite de nombreuses doléances rapportées par les habitants des îles éloignées.
Pendant 6 mois, une mission d'information a été menée sur les conditions tarifaires d'Air Tahiti. Elle a été lancée à la suite de nombreuses doléances rapportées par les habitants des îles éloignées.
Tahiti, le 16 décembre 2021 – Le rapport de l'étude sur les tarifs conditions tarifaires d'Air Tahiti, créée à l'initiative de Lana Tetuanui, a été rendu public jeudi. Si une baisse tarifaire de l'ordre de 25% a été rapportée sur les destinations de désenclavement (10% du trafic), c'est du côté de l'État que Lana Tetuanui et Tepuaraurii Teriitahi, les rapporteures de la mission, espèrent trouver des leviers supplémentaires pour que les passagers accèdent à des billets moins chers.
 
Les très attendus résultats de la mission d'information sur les tarifs de la compagnie aérienne locale Air Tahiti ont été rendus publics lors d'une conférence de presse jeudi à l'assemblée. Ils ont été présentés par ses deux rapporteures Tepuaraurii Teriitahi et Lana Tetuanui, accompagnées des deux autres membres de la mission Teumere Atger-Hoi et Romilda Tahiata.
 
Cette mission, commandée par l'assemblée de la Polynésie, sous l'impulsion de la sénatrice-représentante Lana Tetuanui avait pour but de mener une étude auprès de la population afin de connaître la vision des Polynésiens de la compagnie, d'analyser les tarifs (passagers et fret), examiner les situations des îles éloignées, étudier la fréquence des vols et mesurer le rôle du transporteur aérien. Pendant six mois, la compagnie locale a donc été passée au crible comme en attestent les nombreux documents retrouvés au fil des 275 pages du rapport détaillé. Au terme de l'étude, 13 préconisations ont été dressées (voir encadré).
 
Lire aussi : Les tarifs d'Air Tahiti dans le viseur de l'assemblée  

En mai, l'annonce du lancement de cette étude avait suscité l'étonnement. Chez Air Tahiti on redoutait un rapport “à charge” contre la compagnie. Elle peut se rassurer, il n'en est rien. Si certains “dysfonctionnements”, voire même des “aberrations”, ont bien été relevés, les principaux constats sur les tarifs appliqués sont presque élogieux puisque les deux “résultats marquants” retenus de cette mission sont : “une baisse des tarifs des billets concernant les destinations de désenclavement” de 25,75% en moyenne et “une baisse tarifaire à venir des destinations de libre concurrence”. (voir encadré)
 
Des baisses tarifaires que le rapport explique principalement par l'effet de l'introduction du Fonds de continuité territoriale aérienne interinsulaire (approvisionné par la “taxe de solidarité” mise en place au 1er juillet) et qui est forcément le résultat d'une baisse des tarifs de la part d'Air Tahiti, qui y a bien été contrainte. 
 
Faire appel à l'État
 
Cette baisse, effective et à venir, ne satisfait tout de même pas les rapporteures. Selon elles, le principal levier pour faire baisser les tarifs ne viendra pas d'Air Tahiti mais de l'État, comme le précise Tepuaraurii Teriitahi : “Il faut augmenter les contributions dans le fonds de continuité et faire principalement appel à l'État pour qu'il mette sa part dans ce fonds, c'est une priorité.” Parmi les pistes envisagées : qu'il supporte une partie ou la totalité de la taxe aéroport payée par le passager.

Beaucoup d'espoirs sont portés dans la loi de 2017 relative à l'égalité réelle outre-mer (dite loi EROM) qui traite notamment de la continuité territoriale dans les territoires d'outre-mer avec “la mise en place ou le maintien d'une offre de transports continus et réguliers à l'intérieur de ces territoires et entre ces territoires et la France hexagonale.” Selon Tepuaraurii Teriitahi, “la loi est applicable en Polynésie, le problème c'est que l'État n'a pas donné les moyens, pas encore. C'est le travail des parlementaires qui doivent absolument porter le sujet”. Avis partagé par Lana Tetuanui qui confirme : “C'est le combat des parlementaires (…) que l'État contribue à la continuité territoriale, c'est le sens de cette mission. Je m'engage, je vais porter ce rapport aux ministres et leur rappeler ce qui a été acté en 2017. On est plus au stade de palabrer aujourd'hui.”
 
L'autre levier évoqué, particulièrement d'actualité, c'est la concurrence. Outre la récente arrivée de la desserte maritime dans les Raromatai, c'est bien de nouveaux opérateurs aériens dont on parle puisqu'une nouvelle licence de transporteur aérien vient d'être accordée mercredi à Air Moana en conseil des ministres. Une fin de monopole dont se réjouit la sénatrice Lana Tetuanui : “Ils vont s'entretuer, c'est très bien, l'objectif c'est que le prix payé par les concitoyens soit le plus bas possible.”

Jeudi, à l'assemblée, Tepuaraurii Teriitahi et Lana Tetuanui, les rapporteures, ont présenté le rapport de la mission d'information.
Jeudi, à l'assemblée, Tepuaraurii Teriitahi et Lana Tetuanui, les rapporteures, ont présenté le rapport de la mission d'information.

Les 13 préconisations du rapport
 
• Permettre à l’ensemble des résidents polynésiens de bénéficier des niveaux de tarification les plus avantageux proposés par Air Tahiti
• Envisager une meilleure communication sur la politique tarifaire d’Air Tahiti
• Améliorer les conditions de rapatriement des dépouilles mortelles sur les vols affrétés ou commerciaux
• Maintenir en faveur du personnel d’Air Tahiti des conditions de travail favorables au maintien d’un niveau élevé de qualité du service rendu aux usagers
• Maintenir les avantages sociaux du personnel affecté aux destinations de désenclavement
• Envisager des vols spécifiquement fret ou mixte
• Prioriser les personnes se déplaçant dans le cadre d’une évacuation sanitaire
• Mener des réflexions sur la question de la mise en place d’une taxe d’entrée sur le territoire applicable aux visiteurs et éventuellement aux résidents se rendant à l’étranger
• Mener des réflexions sur l’extension de la contribution de solidarité aux usagers du transport maritime de personnes
• Négocier la diminution voire la suppression de la “taxe d’aéroport”
• Envisager dans le schéma directeur des déplacements durables interinsulaires 2015-2025, des améliorations en matière de desserte intra et inter-archipels
• Prévoir la représentation de l’assemblée de la Polynésie française au sein du conseil d’administration d’Air Tahiti
• Multiplier les contrôles des opérateurs et instaurer une graduation des sanctions
 

Destinations en libre concurrence ou de désenclavement

Air Tahiti opère des liaisons sur 12 destinations de libre concurrence : Moorea, Bora Bora, Huahine, Maupiti, Raiatea, Fakarava, Rangiroa, Tikehau, Hiva Oa, Nuku Hiva, Rurutu et Tubuai. Elles représentent 90% du trafic. Sur ces lignes, Air Tahiti fixe librement ses tarifs, mais ils doivent être homologués par le Pays. Son programme de vols est libre, sous réserve du respect d'obligations de service public et doit être approuvé par le conseil des ministres.
 
32 autres destinations, dites de désenclavement, sont desservies dans le cadre de la délégation de service public : les tarifs et les programmes de vols sont définis par le Pays. Ce dernier apporte une contribution plafond.

Rédigé par Julie Barnac le Jeudi 16 Décembre 2021 à 20:00 | Lu 2777 fois