​L'ancien P-dg d'EDT Hervé Dubost-Martin débarque à la TEP


Tahiti le 18 mai 2020 – Bien connu du tissu économique local comme du monde du va’a, l’ancien P-dg d’EDT-Engie entre 2008 et 2015, Hervé Dubost-Martin, fait son retour au fenua dans le secteur de l’énergie. Le gouvernement vient de faire entrer l’ancien patron du producteur d’électricité au sein du conseil d’administration de la TEP, pièce maîtresse du plan de transition énergétique du Pays.
 
L’information qui bruissait depuis quelques semaines côté Pays a été confirmée vendredi par un arrêté publié au journal officiel. L’ancien P-dg d’EDT-Engie entre 2008 et 2015, Hervé Dubost-Martin, est de retour au fenua pour intégrer la société d’économie mixte locale (SEML) Transport d’énergie électrique de Polynésie (TEP). L’ex-patron du principal acteur privé du secteur de l’énergie en Polynésie française a été nommé par le gouvernement d’Edouard Fritch en tant que représentant du Pays au sein du conseil d’administration de la TEP.
 
Bien connu pour ses huit années à la tête d’EDT comme pour sa passion du va’a, Hervé Dubost-Martin avait été décoré de l’ordre de Tahiti Nui par Edouard Fritch à son départ de Polynésie française en 2015. Il a ensuite passé quatre ans à la direction régionale d’Engie Cofely en région parisienne, qu’il a quitté en juin 2019 pour exercer depuis en tant que « consultant indépendant ». Toujours très attaché à la Polynésie, le diplômé de HEC âgé aujourd’hui de 56 ans a visiblement gardé de bons contacts avec l’administration locale.
 
Quel rôle à la TEP ?
 
La nomination d’Hervé Dubost-Martin à la TEP est loin d’être anodine dans le cadre du fameux « plan de transition énergétique 2015-2030 » voté il y a près de cinq ans avec le Pays, mais qui a pris aujourd’hui un retard considérable par rapport à ses objectifs initiaux (voir encadré). Dans ce plan bâti par l’ancien vice-président, Nuihau Laurey, la TEP doit devenir un acteur central « indépendant » et aux missions « élargies » à même de garantir « l’équité et la transparence dans les relations entre producteurs et distributeurs d’électricité ».
 
Toute la question est maintenant de savoir quel sera le rôle exact de l’ancien patron d’EDT à la TEP ? Mais il y a fort à parier que le Pays ne s’est pas offert un profil si expérimenté pour l’installer comme simple administrateur d’une société d’économie mixte. Détail intéressant, Hervé Dubost-Martin a été nommé en remplacement du représentant Tapura, Antonio Perez, au sein du conseil d’administration, alors que ce dernier en était jusqu’ici le président. Le CA de la TEP devra donc élire un nouveau président lors de sa prochaine réunion. Et les regards se tournent évidemment vers le nouvel arrivant pour endosser, au minimum, ces responsabilités.
 
Pas « d’affrontement » avec EDT
 
Côté Pays, on glisse en effet que le profil de l’ancien patron d’EDT intéresse tout particulièrement l’administration dans le cadre des futures missions qui seront dévolues à la TEP. Le code de l’énergie voté l’an dernier prévoit que la société d’économie mixte récupère au plus tard au 1er janvier 2022 le « dispatching » de l’électricité en Polynésie française, délégué depuis la création de la TEP en 1985 à EDT. « Il est vrai que le rôle de la TEP doit devenir de plus en plus important. Et que dans le secteur de l’énergie, nous avons peu de ressources », confirme-t-on côté Pays. « Les relations sont certes quelques peu tendues entre EDT et la TEP. Mais il ne s’agit pas du tout d’aller faire s’affronter Hervé Dubost-Martin avec EDT. Il ne vient pas pour ça ».

​La TEP, acteur central en devenir

Dans son plan de transition énergétique 2015-2030, dont le calendrier a pris un sérieux retard, le Pays ambitionnait à l’origine dès le « 2ème semestre 2016 » d’instaurer une « meilleure régulation de l’électricité » pour « garantir une saine concurrence et assurer l’équité de traitement entre les différents acteurs économiques ». Et pour le Pays, l’organisation d’une véritable concurrence nécessite la présence d’une « acteur à dominance publique capable de garantir en toute indépendance l’équité et la transparence dans les relations entre producteurs et distributeurs ». Un acteur qui ne serait autre que la TEP, dont les missions doivent être « élargies » et l’indépendance « renforcée ».
 
Le plan de transition énergétique prévoyait que le périmètre d’intervention de la TEP soit élargi aux îles « afin d’assister techniquement les communes dans leurs projets de développement énergétique ». Autre sujet d’importance, la place de la TEP devait être renforcée dans la fonction de « dispatching » actuellement assurée exclusivement par EDT-Engie. Et depuis l’adoption du code de l’énergie en 2019, ce dispatching doit revenir à la TEP au plus tard le 1er janvier 2022. Une façon de « garantir à tous les acteurs de l’énergie un traitement équitable et d’assurer une gestion des flux d’énergie indépendante et non discriminatoire », indique à ce propos le plan de transition énergétique.
 
Notons enfin que pour assurer la « neutralité » de la TEP, le plan de transition énergétique prévoyait trois mesures phares : premièrement le maintien d’une majorité du capital de l’entreprise sous le contrôle du Pays, deuxièmement « la prohibition de la détention d’une partie de son capital par des entreprises assurant des activités de production ou de distribution d’électricité », et troisièmement l’entrée au capital « d’acteurs spécialisés dans le transport d’énergie électrique dont l’expertise permettra de renforcer les capacités de la société ». Pour l’heure, le Pays est actionnaire majoritaire de la TEP, mais les deux autres points tardent à se réaliser. Le budget prévisionnel 2020 faisait apparaître une enveloppe destinée à racheter les parts d’EDT dans la TEP. Mais selon nos informations, l’opération n’a toujours pas été effectuée.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 19 Mai 2020 à 09:50 | Lu 4591 fois