​Jugé pour avoir tué sa grand-mère


Me Hina Lavoye, conseil de l'accusé depuis le début de l'affaire.
Tahiti, le 6 septembre 2023 - Le procès d'un homme de 29 ans poursuivi pour des coups mortels portés à sa grand-mère s'est ouvert mardi devant la cour d'assises. L'accusé, qui avait frappé la victime car cette dernière avait nourri ses chiots, encourt vingt ans de réclusion criminelle. 
 
C’est sans partie civile que s'est ouvert mardi devant la cour d'assises le procès d'un manutentionnaire de 29 ans jugé pour des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner commises sur sa grand-mère de 84 ans. Les faits s'étaient déroulés le 20 septembre 2017 au domicile familial où l'accusé cohabitait avec cette dernière ainsi qu'avec sa mère. Ne supportant pas que l'octogénaire ait nourri ses chiots en leur donnant des bouts de pizza, il lui avait mis plusieurs gifles avant de lui tirer les cheveux. Le soir-même, la victime avait commencé à se sentir mal et avait dû être hospitalisée en raison d'un hématome sous-dural. 
 
Si une enquête avait alors été ouverte pour des faits de “violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente”, la vieille dame, qui souffrait au demeurant d'une grave pathologie cardiaque, avait fini par réintégrer le domicile familial. Huit mois après les faits, elle était décédée. Le juge d'instruction en charge de l'affaire n'ayant pas été averti du décès de l'octogénaire, cette dernière avait été inhumée sans qu'une autopsie ait été préalablement effectuée. Un médecin avait cependant établi, au regard des éléments du dossier, que son décès était lié aux coups portés par son petit-fils. Les faits avaient donc alors été requalifiés en coups mortels.  
 
Un accusé instable et immature
 
Jamais détenu dans le cadre de cette affaire, l'accusé, père d'un enfant, s'est donc présenté libre mardi matin au premier jour de son procès. Fleur de tiare à l'oreille, il a reconnu à l'aune des débats qu'il avait “bien donné”des coups à la malheureuse car il était “sous l'effet du paka” et ce, alors qu'il s'était toujours bien entendu avec elle. Comme il en est d'usage aux assises, la présidente de la cour a ensuite évoqué la personnalité de l'intéressé : un jeune homme issu de la “classe moyenne” qui était, selon ses déclarations, battu par son père lorsqu'il était enfant. Depuis les faits, le manutentionnaire a arrêté le paka. Il est ressorti de l'enquête de personnalité ordonnée par le juge d'instruction qu'il se consacre désormais à l'éducation de son fils afin que ce dernier puisse avoir un “bel avenir”.
 
Après avoir évoqué la personnalité de l'accusé, la cour a entendu l'expert qui avait examiné l'accusé à deux ans d'intervalle. Concernant la première expertise, le psychologue a fait état d'un entretien “très pénible”, du fait que l'accusé, qui faisait preuve d'une certaine “agressivité”, s'était montré familier et “peu enclin à répondre aux questions”. L'expert avait alors relevé l'“immaturité”, “l'instabilité” et le “narcissisme” du jeune homme qui présente une “intelligence médiocre”. Lors du second entretien, le psychologue avait noté que l'intéressé tenait à donner une “bonne image de lui” et qu'il était devenu “plus coopérant”. Il avait cependant de nouveau trouvé que l'accusé faisait toujours preuve de familiarité et qu'il souffrait encore d'un manque de maturité. 
 
Lien de causalité direct
 
Entendue à son tour, la mère de l'accusé – et fille de la victime – a indiqué à la cour qu'elle avait déjà vu le jeune homme frapper sa mère avant les faits. Selon elle, il était en manque de paka lorsqu'il a frappé l'octogénaire. Même constat pour l'ex-compagne de l'accusé et mère de leur petit garçon, qui a expliqué à la barre qu'elle pensait qu'il avait agi avec cette brutalité car il était consommateur de cannabis. Les deux femmes ont évoqué la “violence” du jeune homme en assurant qu'elles avaient parfois peur de lui car elles savaient ce dont il est capable. 
 
Aucune autopsie n'ayant été ordonnée dans ce dossier, la présidente de la cour d'assises devrait lire mercredi les expertises réalisées sur pièces du dossier qui avaient amené les médecins à établir un lien de causalité “direct” entre les coups et le décès de la malheureuse. Lorsqu'elle avait été entendue par les enquêteurs, la vieille dame avait expliqué qu'elle ne voulait pas que son petit-fils ait des problèmes. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 6 Septembre 2023 à 06:32 | Lu 2312 fois