​Jugé aux assises pour le viol de sa sœur


Tahiti, le 15 juin 2023 - Le procès d'un homme de 29 ans poursuivi pour avoir violé sa sœur de 15 ans sous la menace d'une arme s'est ouvert jeudi pour deux jours devant la cour d'assises. Alors qu'il avait évoqué un rapport consenti devant le juge d'instruction, l'accusé a nié les faits en ce premier jour d'audience. Il encourt vingt ans de prison. 
 
C'est à huis clos partiel que s'est ouvert jeudi, devant la cour d'assises, le procès d'un homme de 29 ans jugé pour avoir violé sa sœur mineure. L'affaire avait été révélée en novembre 2020 lorsque l'adolescente avait déposé plainte en expliquant que son frère s'était introduit dans sa chambre et l'avait violée après l'avoir menacée de la blesser avec un couteau. 
 
En ce premier jour d'audience et alors que l'affaire est prévue sur deux jours, l'accusé, qui porte des marques d'automutilation, a nié les faits. Avant de les aborder, la présidente de la cour d'assises a tout d'abord évoqué la détention difficile du jeune homme à Nuutania, où il a connu de nombreux incidents relatifs à des outrages, des insultes, des menaces, des actes de détérioration et même un incendie volontaire dû à son “intolérance à la frustration”. Interrogé sur un éventuel suivi psychologique, le jeune homme a rétorqué qu'il n'était ni “cinglé”, ni “débile”. Il a par ailleurs expliqué qu'il suivait une “médiation animale” avec un petit chien et que cela lui faisait “du bien”. 
 
Enfance malmenée
 
Après la détention de l'accusé, la cour a exploré son lourd passé, de son enfance ballotée dans des familles d'accueil et des foyers en raison de l'alcoolisme sévère de sa mère – actuellement incarcérée – à ses quelques années passées à la rue à voler pour se nourrir et se vêtir. Questionné sur d'éventuelles addictions, l'accusé a expliqué qu'il fumait du paka et qu'il buvait “comme sa mère”, “n'importe quel alcool” sans aucune limite. Volubile mais respectueux de ses interlocuteurs, le jeune homme a fait état du grand attachement qu'il avait envers cette mère malade en affirmant qu'il avait envie de “prendre soin” d'elle. 
 
Entendue avec le soutien à ses côtés d'une psychologue de l'Association polyvalente d’actions judiciaires (Apaj), la victime désormais majeure a réitéré ses accusations. À la barre, elle a elle aussi fait état d'une enfance très rude. Placée dès ses neuf mois – toujours en raison de l'alcoolisme de sa mère –, la jeune femme a ensuite vécu dans pas moins de neuf familles d'accueil avant d'être placée en foyer. Face à la cour, elle a expliqué qu'elle regrettait d'avoir révélé les faits et qu'elle avait des sentiments contradictoires à l'égard de son frère. En pleurs, elle a dit sa “pitié” pour un frère dont elle “comprend” la vie, “balloté” dans des foyers à cause de l'alcoolisme de leur mère dont a “toujours” eu “peur”. 
 
Au terme de ce procès qui doit s'achever vendredi, l'accusé encourt vingt ans de réclusion criminelle.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 15 Juin 2023 à 17:54 | Lu 3803 fois