​Hao face à une pénurie d'eau potable


L'église des saints des derniers jours met gracieusement à disposition l'eau de ses citernes à ceux qui en ont besoin.
Hao le 25 août 2021- Le manque de pluie du début d'année a eu raison des réserves d'eau potable de nombreux foyers à Hao. Sur l'atoll, comme d'autres aux Tuamotu, les habitants s'organisent entre l'achat à des points d'eau potable communaux, l'accès à celle distribuée gratuitement par les églises ou encore comptent sur la solidarité entre particuliers.
 
L'accès à l'eau potable dans les Tuamotu, ressource vitale pour leurs habitants est une problématique fondamentale pour ces territoires isolés qui ne possèdent ni rivières naturelles, ni sources souterraines.
 
Les réserves d'eau des Paumotu se font principalement pendant la saison des pluies avec des cumuls les plus importants concentrés en décembre et janvier. Malheureusement, un déficit record de précipitations a été enregistré en ce début d'année 2021, qui a eu pour conséquence immédiate de ne pas remplir suffisamment les réserves d'eau des habitants. Ils devront attendre l'arrivée de la prochaine saison des pluies en octobre ou novembre.
 
Générosité et solidarité
 
Comment les habitants de Hao gèrent-ils cette pénurie ? Habitués à gérer les réserves d'eau potable, la plupart des habitants de l'atoll possèdent des citernes d'eau en plastique de 5 000 ou 7 500 litres. Mais cette année, le déficit de précipitations a eu raison de ces réserves et un certain nombre de foyers se retrouve sans eau à boire. Heureusement, quelques solutions s'offrent à eux. Ils ont la possibilité d'acheter de l'eau à l'un des trois points d'eau potable mis à la disposition de la population par la commune. Celle-ci vend de l'eau (de pluie) via un système de carte prépayée à 10 Fcfp le litre. De leur côté, l'église catholique et l'église des saints des derniers jours offrent généreusement de l'eau à ceux qui en manquent. Enfin, certains peuvent compter sur la solidarité entre particuliers pour se dépanner.
 
L'eau des puits peut-être contaminée
 
Une dernière solution réside dans les puits d'eau saumâtre, de nombreux foyers en possèdent sur l'atoll, ils leurs permettent d'effectuer les tâches quotidiennes telles que l'arrosage des plantes, le lavage du linge, la douche ou encore la vaisselle. L'eau des puits ou eau saumâtre est puisée peu profondément, le plus souvent entre 1 et 2 mètres. La couche de sable corallien qui la sépare de la surface de l'atoll, de par sa composition et sa granulométrie, a un très mauvais pouvoir filtrant qui la protège mal des activités humaines. Elle est donc exposée à des pollutions diverses et comme le précise le guide d'hygiène de la Direction de la santé de Polynésie Française, l'eau de ces puits peut être contaminée (contamination animale, humaine, chimique ou microbienne) et provoquer des maladies digestives et cutanées. Par conséquent son usage doit être restreint. D'autant plus que l'atoll ne possède pas de réseau de tout-à-l'égout. Malgré tout, face à la pénurie, certains n'hésitent plus à la consommer à leurs risques et périls.
 
Le collège de Hao, lui, possède depuis 20 ans un osmoseur ou désalinisateur d'eau de mer. Cette machine, gourmande en moyens et en main d'œuvre, permet à l'établissement d'être complètement autonome en matière d'eau potable.
 
Les questions mondiales de dérèglement climatique et d’inégalités d'accès à l'eau potable sont déjà une réalité dans le quotidien des Paumotu.

Manumea Teiefitu, président de l'église des saints des derniers jours de Hao :
“Ici l'eau est très précieuse”
Nous avons actuellement trois citernes de 7 500 litres que nous mettons à disposition des personnes ayant besoin d'eau pour boire uniquement, bientôt nous en aurons deux de plus ce qui fera cinq citernes de 7 500 litres. C'est notre manière à nous d'aider notre prochain et nous le faisons avec de l'eau car ici l'eau est très précieuse.”
 
 

David P., agriculteur
“Il me reste un petit peu d'eau”
Moi il me reste un petit peu d'eau dans ma citerne, mais j'utilise beaucoup plus l'eau de mon puits, je fais tout avec ! La vaisselle, le linge, la cuisine, il m'arrive même de la boire.”

Piki R. habitant de l'atoll :
“Je galère”
Je galère car je n'ai qu'une petite citerne de 1 000 litres seulement, alors pour la remplir régulièrement je fais appel au service de la commune qui va pomper l'eau dans le puits d'un ami et qui vient ensuite remplir ma petite citerne une fois toutes les deux semaines”.

Piki, a fait appel aux services de la commune pour remplir sa citerne.

Rédigé par Teraumihi tane le Mercredi 25 Aout 2021 à 16:22 | Lu 2093 fois