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​Gilles Yau condamné à quatre ans ferme et écroué


Tahiti, le 15 octobre 2020 – Le président de la Fédération générale du commerce (FGC) et ancien président de la Chambre de commerce (CCISM), Gilles Yau, a été condamné jeudi matin en appel pour "agression sexuelle sur mineure" à quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt prononcé à l'audience. Le patron d'Agritech a été incarcéré dans la foulée.
 
Deux semaines après une audience qui s'était déroulée à huis clos total, la cour d'appel de Papeete a condamné jeudi matin le patron d'Agritech, président de la FGC et ancien président de la CCISM, Gilles Yau, à quatre ans de prison ferme pour "agression sexuelle sur mineure". La cour a également prononcé à son encontre une interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole en contact avec les mineurs, l'interdiction d'entrer en contact avec la victime et son inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles et violentes (Fijais). Mais surtout, les juges ont prononcé un mandat de dépôt à l'audience. Arrivé libre à l'audience, Gilles Yau a été incarcéré à Nuutania dans la foulée de sa condamnation.
 
"Je suis surpris. C'est un peu moins qu'en deuxième instance, il y a le sursis qui a disparu. Mais comme tout avocat de la défense, je suis déçu de voir mon client sortir de l'audience entravé, les menottes au poignet. Je vais discuter avec lui de la suite à donner au dossier", a déclaré son avocat, Me François Quinquis à l'issue de la décision. L'avocat a indiqué que "a priori" il "excluait" un pourvoi en cassation, sans pour autant être définitif sur cette question. En revanche, Me Quinquis a assuré qu'il formulerait "une demande de remise en liberté avec le juge d'application des peines, le cas échéant le plus rapidement possible".
 
"Nous sommes très heureux de cette décision", a réagi de son côté l'avocat de la victime, Me Brice Dumas. "Nous nous sommes battus pour que vérité soit faite, M. Gilles Yau ayant toujours contest" avoir agressé sexuellement ma cliente et n'hésitant pas à tenter de salir la réputation de la victime. La cour a fait la démonstration qu'en Polynésie la justice est la même pour tous, que l'on soit un puissant homme d'affaires ou un simple citoyen. C'est un grand jour pour notre Etat de droit et notre système judiciaire".

Des faits "sordides"
 
Le 10 mars dernier, Gilles Yau avait déjà écopé de cinq ans de prison, dont un an avec sursis et mise à l’épreuve pendant 24 mois, devant le tribunal correctionnel. Il avait fait appel, estimant que la peine prononcée était trop lourde. Mais à l'audience en appel, le parquet avait requis la confirmation de la peine de première instance, sans toutefois demander le mandat de dépôt.
 
Gilles Yau est condamné pour avoir eu une relation sexuelle non consentie avec une adolescente de 15 ans en juillet 2013 à la suite d’une séance de photographies dénudées réalisée avec cette dernière. En première instance, le tribunal avait affirmé que la "culpabilité" de Gilles Yau avait été établie par les "déclarations de la victime", "corroborées" par au moins deux témoins. Décrit par l’expert psychiatre comme un individu "égocentrique" et "manipulateur", Gilles Yau avait, selon le tribunal correctionnel, "imposé une relation sexuelle à une jeune mineure dans des conditions sordides", avant de "tenter d'intimider" la prévenue en "cherchant à acheter le silence de la victime" afin de "préserver ses intérêts".
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 15 Octobre 2020 à 10:42 | Lu 12018 fois