​Forte hausse des dépenses de l’État en 2023 au Fenua


Le haut-commissaire Éric Spitz, jeudi lors de la présentation du bilan annuel 2023 des dépenses de l'état en Polynésie française.
Tahiti, le 11 juillet 2024 - Les dépenses de l’État s’élèvent en 2023 à 210,3 milliards de francs au Fenua, en augmentation de 5,5% par rapport à 2022. Outre le financement des propres compétences de l’État, la moitié de cette somme est allouée dans le cadre du soutien des investissements de la Polynésie française et 15% pour les communes.
 
En 2023, le montant des dépenses de l’État en Polynésie française est de 210,3 milliards de francs. Une enveloppe qui représente un tiers du PIB de la collectivité et qui se trouve en augmentation de 10 milliards (+5,5%) par rapport à l’année précédente. Hors dépenses de solidarité exceptionnelles durant la crise Covid, ce montant de dépenses affiche un record annuel en 2023.
 
C’est pourtant sans le claironner, mais avec un souci du détail, que le haut-commissaire Éric Spitz s’est prêté jeudi matin à l’exposé de ce bilan, lors d’une conférence de presse donnée dans ses locaux de l’avenue Pouvana’a a Oopa. Ainsi, pour tordre le cou à une information qui circule et selon laquelle il faudrait retrancher au montant de ces dépenses les recettes de la taxe pour la sûreté aérienne qui vient s’ajouter au prix des billets d’avion, “c’est une taxe que ne revient pas en métropole”, a-t-il d’emblée tenu à préciser. “Elle est entièrement reversée à ADT [la société Aéroport de Tahiti, gestionnaire de la plateforme aéroportuaire de Tahiti-Faa’a, NDLR] pour financer ses investissements dans le domaine de la sûreté. Et bien évidemment, reste sur le territoire.”
 
Reste que ce bilan annuel doit faire l’objet d’une brochure en français et en tahitien publiée à 10 000 exemplaires et diffusée en format numérique sur les réseaux sociaux “de manière à ce que tout le monde puisse avoir accès aux dépenses de l’État en Polynésie française”, a annoncé le haut-commissaire jeudi.
 
106 milliards pour le Pays
 
Globalement, en 2023, l’État a consacré 106 milliards de francs (+3%) à l’aide au financement des compétences de la collectivité territoriale. Il s’agit de la moitié de ses dépenses annuelles en Polynésie française. Le plus gros poste de dépenses (71,5 milliards de francs) est consacré à la rémunération des enseignants des premier et second degrés des établissements publics et privés du territoire.
 
Dans les grandes lignes, l’enveloppe allouée au Pays est complétée par la Dotation globale d’autonomie (DGA : 10,8 milliards), le Troisième instrument financier (3IF : 4,8 milliards) et le Contrat de développement et de transformation (2,9 milliards). Enfin, les dépenses liées à l’aide à l’emploi pèsent pour 5,2 milliards de francs (RSMA, chantiers de développement).
 
À noter que les financements versés en 2023 aux entreprises polynésiennes dans le cadre du dispositif de défiscalisation national ne sont pas comptabilisés dans le bilan des dépenses de l’État au Fenua. Il s’agit pourtant de 7,6 milliards de francs qui ont bénéficié à 22 projets l’année dernière.
 
14,4 milliards pour les communes
 
L’État a par ailleurs consacré 14,4 milliards de francs, l’année dernière, à des dépenses entrant dans le champ de compétences des communes. En tête : la Dotation générale de fonctionnement (DGF) représente 10,2 milliards de francs en augmentation de 2,3% par rapport à l’année précédente.
 
La contribution de l’État au Fonds intercommunal de péréquation (FIP) se monte quant à elle à 1,95 milliard de francs l’année dernière. Cette aide, dont la majeure partie est allouée par le Pays sur la base de ses recettes fiscales, permet de doter les communes polynésiennes d’une source de financement stable en l’absence de fiscalité propre.
 
89,8 milliards pour les compétences de l’État
 
Pensions civiles et militaires, dépenses militaires, justice, ordre public, sécurité civile, aviation civile, enseignement supérieur, administration territoriale de l’État : en 2023, l’État consacre 43% de ses dépenses en Polynésie française à l’exercice de ses compétences propres. Cela représente une dépense de 89,8 milliards de francs l’année dernière, en augmentation de 6% et sur une tendance haussière, selon le haut-commissaire : “Le nombre de fonctionnaires d’État a augmenté de plus de 100 personnes en 2023 et il a vocation à augmenter encore jusqu’en 2030 puisque l’Armée va renforcer considérablement sa présence avec 230 militaires supplémentaires qui seront affectés d’ici l’année 2030, de nouveaux moyens aériens, maritimes… toute une série de dépenses qui soutiennent la commande publique ici en Polynésie française”, explique Éric Spitz.

Transition énergétique
 
L’État prend part à la transition énergétique de la Polynésie française par le biais du Fonds de transition énergétique (FTE), le Fonds “Macron”, doté de 7,2 milliards sur quatre ans.
 
En 2023, le premier appel à projets du FTE a permis de financer huit projets sur l’ensemble de la Polynésie française à hauteur de 1,2 milliard de francs. Ces projets doivent permettre la production de 3,75 GWh d’énergie renouvelable par an avec l’économie annuelle de 2 674 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
 
Le FTE est l’un des 27 engagements annoncés par le président de la République Emmanuel Macron lors de son déplacement au Fenua en juillet 2021.

Un milliard du Fonds vert

Le Fonds vert pour l’accélération de la transition écologique dans les territoires a représenté une enveloppe d’1 milliard de francs en 2023 en Polynésie française.
 
Il a notamment été mis à profit en contribuant à hauteur de 79,5% au financement des 312,4 millions de francs dépensés dans le cadre de la demande d’inscription des Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce fonds a financé 90% (avec l’OFB) du projet Tamatoroa sur la compréhension de l’écologie du grand requin marteau.
 
Un fonds également mis à profit pour le financement de 80% du projet “Stop extinction en Polynésie française” dédié au sauvetage des cinq espèces d’oiseaux les plus menacées au Fenua.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 11 Juillet 2024 à 16:55 | Lu 2827 fois