Tahiti, le 17 octobre 2024 - Jeudi, la cour d’appel de Papeete a autorisé un jeune homme qui sortait de la prison de Tatutu le jour même à rester sur le territoire de la Polynésie française. Fiché S, il avait prêté allégeance à Daesh mais s’avère surtout relever de la psychiatrie.
Après avoir purgé une peine de prison de cinq ans pour des violences sur un agent pénitentiaire, peine qui englobait d’autres condamnations, le justiciable était censé être expulsé de Polynésie française parce que fiché S. Une expulsion pour une durée minimale de cinq ans, afin d’intégrer un centre de réhabilitation à Lille, dans le nord de la France.
Pour éviter d’envoyer quelqu’un de fragile intellectuellement et très influençable dans des centres où il pourrait être mis en contact, cette fois-ci, avec de vrais djihadistes, toujours prêts à exploiter la misère humaine pour leur combat, son contrôleur judiciaire avait demandé à le maintenir en centre de soins à Taravao.
Cette histoire de fichier S au Fenua, c’est d’abord l’histoire d’un pauvre hère. Illettré, abandonné par sa famille, ayant subi des sévices sexuels dans son enfance dans un des nombreux foyers d’accueil où il a été hébergé avant d’être relâché dans la nature. Des vols, nombreux, des peines de prisons, ont fait que ce trentenaire – qui a déjà passé un tiers de sa vie derrière les barreaux –s’est tourné, comme un enfant, vers ce qui ferait parler de lui, vers ce qui ferait que l’on s’occupe de lui.
“Un sacré problème psychiatrique”
Seul, “parce qu’il avait vu ça à la télé”, explique son contrôleur judiciaire, il a versé dans l’islamisme radical, sans même rien en connaître, sans précepteur, sur la base de ce qu’il a pu en comprendre avec un affect qui le rend très fragile aux influences. Son avocat, Me Hellec, explique ce singulier personnage : “Il se réclame du Djihad mais il y a surtout les expertises qui expliquent qu’il y a un sacré problème psychiatrique derrière. Il ne sait pas lire, il n’a pas les idées structurées.”
En 2018, son interdiction de séjour sur le territoire à la sortie de sa peine de prison était liée aux propos qu’il avait tenus lors de son audience. “Vive l’État islamique ! Vive le Djihad ! Et vivent les attentats en France !” avait-il lancé alors qu’il était jugé pour violences et tentative d’évasion. “Quand on discute avec lui, il explique qu’il ne sait pas lire, qu’il n’a pas lu le Coran, et qu’il est catholique”, poursuit son avocat. “Sa place, elle est à Tokani, pas à Tatutu.”
Les craintes de l’avocat étaient que, s’il avait été expulsé du territoire, il aurait été libre en France, avec l’obligation de “pointer” dans un centre de déradicalisation. Il aurait donc eu tout le loisir d’aller dans des mosquées malveillantes de quartier, se faire former au djihad, se faire armer, et au bout de cinq ans, revenir au Fenua pour y déclencher un attentat.
“Les psychiatres et le SPIP [Service pénitentiaire d'insertion et de probation, NDLR] révèlent qu’il est extrêmement influençable”, conclut son avocat. “Autant dire que l’envoyer en France, c’est comme lui mettre un joli ruban rose en disant à Daesh ‘Tenez, c’est cadeau’.”
Jeudi après-midi, il devait, après avoir récupéré ses affaires à Tatutu, intégrer un centre de soins à Taravao où des équipes médicales et des psychiatres vont pouvoir le prendre en charge. “Une bonne chose”, s’est satisfait son avocat. “La cour a parfaitement pris la mesure de la situation. C’est mieux pour tout le monde.”
Après avoir purgé une peine de prison de cinq ans pour des violences sur un agent pénitentiaire, peine qui englobait d’autres condamnations, le justiciable était censé être expulsé de Polynésie française parce que fiché S. Une expulsion pour une durée minimale de cinq ans, afin d’intégrer un centre de réhabilitation à Lille, dans le nord de la France.
Pour éviter d’envoyer quelqu’un de fragile intellectuellement et très influençable dans des centres où il pourrait être mis en contact, cette fois-ci, avec de vrais djihadistes, toujours prêts à exploiter la misère humaine pour leur combat, son contrôleur judiciaire avait demandé à le maintenir en centre de soins à Taravao.
Cette histoire de fichier S au Fenua, c’est d’abord l’histoire d’un pauvre hère. Illettré, abandonné par sa famille, ayant subi des sévices sexuels dans son enfance dans un des nombreux foyers d’accueil où il a été hébergé avant d’être relâché dans la nature. Des vols, nombreux, des peines de prisons, ont fait que ce trentenaire – qui a déjà passé un tiers de sa vie derrière les barreaux –s’est tourné, comme un enfant, vers ce qui ferait parler de lui, vers ce qui ferait que l’on s’occupe de lui.
“Un sacré problème psychiatrique”
Seul, “parce qu’il avait vu ça à la télé”, explique son contrôleur judiciaire, il a versé dans l’islamisme radical, sans même rien en connaître, sans précepteur, sur la base de ce qu’il a pu en comprendre avec un affect qui le rend très fragile aux influences. Son avocat, Me Hellec, explique ce singulier personnage : “Il se réclame du Djihad mais il y a surtout les expertises qui expliquent qu’il y a un sacré problème psychiatrique derrière. Il ne sait pas lire, il n’a pas les idées structurées.”
En 2018, son interdiction de séjour sur le territoire à la sortie de sa peine de prison était liée aux propos qu’il avait tenus lors de son audience. “Vive l’État islamique ! Vive le Djihad ! Et vivent les attentats en France !” avait-il lancé alors qu’il était jugé pour violences et tentative d’évasion. “Quand on discute avec lui, il explique qu’il ne sait pas lire, qu’il n’a pas lu le Coran, et qu’il est catholique”, poursuit son avocat. “Sa place, elle est à Tokani, pas à Tatutu.”
Les craintes de l’avocat étaient que, s’il avait été expulsé du territoire, il aurait été libre en France, avec l’obligation de “pointer” dans un centre de déradicalisation. Il aurait donc eu tout le loisir d’aller dans des mosquées malveillantes de quartier, se faire former au djihad, se faire armer, et au bout de cinq ans, revenir au Fenua pour y déclencher un attentat.
“Les psychiatres et le SPIP [Service pénitentiaire d'insertion et de probation, NDLR] révèlent qu’il est extrêmement influençable”, conclut son avocat. “Autant dire que l’envoyer en France, c’est comme lui mettre un joli ruban rose en disant à Daesh ‘Tenez, c’est cadeau’.”
Jeudi après-midi, il devait, après avoir récupéré ses affaires à Tatutu, intégrer un centre de soins à Taravao où des équipes médicales et des psychiatres vont pouvoir le prendre en charge. “Une bonne chose”, s’est satisfait son avocat. “La cour a parfaitement pris la mesure de la situation. C’est mieux pour tout le monde.”