Tahiti Infos

​Elle attaque le CHPF pour "occupation illicite du corps humain"


Tahiti, le 25 août 2020 - Un neuro-stimulateur avait été retiré, après 10 ans de bons et loyaux services, du corps d’une patiente du CHPF. Une partie du matériel n’ayant pas été correctement enlevée, elle demandait réparation mardi devant le tribunal administratif de Papeete pour son préjudice.
 
Suite à un traumatisme sévère, une patiente se voit implanter en 2008 un neuro-stimulateur électrique au niveau de l’abdomen pour lutter contre des douleurs persistantes. Après une dizaine d’années de fonctionnement de ce matériel, celui-ci lui est retiré en novembre 2018 par le CHPF. À l’heure du développement controversé de la 5G et des ses effets potentiellement nocifs sur la santé, la malheureuse souhaitait bénéficier seulement de la technologie sans fil, plus sûre et inoffensive.
 
Début 2019, une radio de contrôle révèle la présence d’éléments résiduels, à savoir… des câbles électriques restés dans le corps de la patiente. Quelques mois à stocker donc, dans son abdomen, sans le savoir, du matériel médical, avec un choc certain lors du retour à la réalité ; Un "Very Bad Tripes" en quelque sorte. S’il arrive de faire don de son corps à la médecine, c’est généralement post-mortem ou alors comme cobaye pour des expérimentations pharmaceutiques. Or, madame n’était ni décédée, ni volontaire pour des tests rémunérés. Si la cicatrice sur la peau s’est effacée, celle morale est encore vive.
 
100 000 F par jour d’occupation
 
Une demande d’indemnisation du préjudice subie est ainsi formulée. Elle est des plus originales : 36 millions de Fcfp pour indemniser d’une "occupation illicite du corps humain" correspondant à 100 000 F la journée d’ "occupation". Si l’on ne doute pas de la beauté intérieure de l’intéressée, le tarif de location peut laisser pantois, même si le lieu de conservation est des plus sûrs. Un raisonnement et un mode de calcul qui ont eu du mal à convaincre. Pour le rapporteur public, "un tel préjudice n’est pas reconnu", même si la souffrance morale subie du fait de la présence dans son corps d’une partie du matériel médical oublié à la suite de l’intervention fautive, peut être indemnisée.
 
Une souffrance à relativiser cependant. La plaignante n’a en effet jamais fait part de douleurs après l’opération, ce qu’un rapport d’expertise confirme en indiquant que la "présence de ce matériel résiduel ne présente aucun danger et n’a pas de répercussion objective sur l’état de santé" de la patiente. La magistrate conclura néanmoins à une indemnisation totale à hauteur de 234 000 Fcfp pour les quelques souffrances endurées à l’occasion des complications post opératoires sans lien avec la faute évidente du CHPF. Un moindre mal pour le CHPF du fait d’un moindre mal pour la patiente.
 

Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 25 Août 2020 à 17:03 | Lu 9749 fois