​D'abord “l'autonomie alimentaire, agricole et économique”


Tahiti, le 16 août 2023 - La délégation ministérielle conduite par Gérald Darmanin est arrivée ce mercredi au fenua. Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer s'est adressé à la presse à la descente de l'avion.
 
Ambiance très détendue, ce mercredi matin, lors de l'arrivée de la délégation ministérielle à Papeete. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, accompagné par Philippe Vigier, ministre délégué, et la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a pu bénéficier d'un accueil comme rarement ministre a pu connaître. Pas un militant Tavini sur la route, pas une pancarte de l'association 193, pas une manifestation de l'Église protestante mā'ohi, pas de statuette bleue de la statue de la Liberté…
 
Maintenant que les indépendantistes conduisent les affaires du Pays, les revendications se feront dans les bureaux feutrés de la présidence. D'ici ou d'ailleurs. En témoigne le sourire béat affiché sur le visage du député Steve Chailloux, heureux comme un enfant à Disneyland qui, écharpe tricolore ceinte, filmait la scène à l'aéroport. La désapprobation signée le 22 juillet dans un communiqué contre la nomination de Philippe Vigier semblait déjà loin.
 
Cette détente, Gérald Darmanin la devait aussi certainement aux doux mots de son mentor, Nicolas Sarkozy, qui quelques heures avant que l'avion du ministre ne se pose sur le tarmac, dévoilait son dernier livre dans lequel il écrit : “Jusqu'à présent, les faits lui ont largement donné raison. Saura-t-il franchir une autre étape, voire l'étape ultime, celle qui mène à la présidence de la République ? Je le lui souhaite, car il a des qualités évidentes.”

​“Plutôt que de penser à autre chose…”

Passées les premières salutations, et avant de commencer sa tournée des rendez-vous protocolaires, Gérald Darmanin s'est arrêté avec la presse sur certains des sujets qui seront évoqués pendant son séjour. Comme à son habitude, Gérald Darmanin n'a pas masqué ses mots au moment d'aborder quelques sujets, comme l'indépendance notamment. “Nous allons aussi discuter développement économique car il y a encore beaucoup de travail à faire en la matière avant d'atteindre des projets politiques qui sont propres (aux choix du Tavini, NDLR). Quand je vois que l'on ne produit que 35% de ce que l'on consomme ici, il faut d'abord faire l'autonomie alimentaire, l'autonomie économique, agricole, plutôt que de penser à d'autres choses et d'autres sujets institutionnels.”
 
En deux phrases, le ton de la visite était donné. Gérald Darmanin était clairement au fenua pour discuter Jeux olympiques, biodiversité et Unesco aux Marquises, en plus de ses sujets de prédilection : sécurité et lutte contre les trafics en tous genres. L'indépendance, l'ONU, c'est avec le président de la République qu'il faut voir ça.
 
À côté de lui, Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, arrivée par un autre vol et qui ne reste que 48 heures, a elle aussi évoqué son planning et le soutien de l'État dans l'organisation des Jeux olympiques. “C'est un rendez-vous historique. C'est la première fois que les Jeux olympiques s'ouvrent à l'outre-mer. (…) On va encourager les équipes, venir à leur soutien ; bien regarder les différentes dimensions de la préparation, que ce soit pour les infrastructures ou pour la sécurité. On va préparer aussi le relais de la flamme, le club 2024, etc. (…) Il y a la dimension d'héritage qui est importante. On veut qu'il puisse y avoir des bénéfices durables pour les territoires qui contribuent à l'organisation des Jeux olympiques. L'amélioration des infrastructures, l'apprentissage, en vue des Jeux du Pacifique en 2027.”

Un renforcement des contrôles

Gérald Darmanin, avec la double casquette Intérieur et Outre-mer, est revenu longuement à son arrivée à Tahiti, ce mercredi matin, sur deux fléaux qui gangrènent la société polynésienne. La consommation de drogues et les violences intrafamiliales.

“Nous souhaitons accentuer le travail sur les violences intrafamiliales. Les violences faites aux femmes en Polynésie sont inacceptables et plus fortes ici qu'ailleurs. Et il y a aussi la consommation de drogues et notamment d'ice et de cannabis que nous devons continuer à combattre. Nous avons beaucoup renforcé les effectifs de police et de gendarmerie et nous allons faire le point avec ces autorités pour améliorer encore les choses”, a-t-il prévenu.

Mais alors que la question de la volonté du Pays de se lancer dans le cannabis thérapeutique était lancée, le ministre a rétorqué : “Tout doit se faire dans le cadre des lois et des règlements en vigueur. Il y a au niveau national des expérimentations pour ce qui est du cannabis thérapeutique. Les choses doivent se faire et tant mieux si le gouvernement de la Polynésie est prêt à nous accompagner. Il faut se battre en revanche contre la drogue qui est prise de manière inconsidérée et qui vient toucher la santé mentale d'une partie de notre jeunesse, qui est responsable d'une grande partie des accidents de la route. En Polynésie française, les accidents de la route sont très nombreux, trop nombreux, et la moyenne est supérieure au reste du territoire national. Enfin, la consommation de drogues engendre du trafic, de l'argent, qui mène aussi au proxénétisme, au terrorisme, à l'exploitation d'êtres humains à travers le monde. Il faut distinguer malheureusement le commerce légal et le commerce illégal. Et derrière le commerce illégal, il y a beaucoup de malheurs pour nos concitoyens.”

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mercredi 16 Aout 2023 à 18:09 | Lu 3499 fois