​Après le refus d'affectation de policiers polynésiens au fenua, Fritch annonce "un recours"


Tahiti le 02 juin 2022 - Le président Edouard Fritch estime "contestable" le fait que la demande d'affectation au fenua des sept policiers polynésiens ait été refusée et annonce "un recours". Dans un courrier au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, il juge "incompréhensible" cette décision "polémique qui prend une tournure politique".
 
On ne compte plus les prises de position publiques des candidats aux législatives de tous bords dans le dossier du refus d'affectation de sept policiers polynésiens à la Direction territoriale de la Police nationale. Aux courriers de la députée Nicole Sanquer à Emmanuel Macron et à celui du sénateur Teva Rohfritsch au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, se sont ajoutés les communiqués du Tapura et de ses élus cette semaine. Le parti majoritaire, pourtant proche de l'administration Macron en métropole, tient en effet ce sujet parmi les points brûlants de sa campagne des législatives. Mercredi soir à Arue, lors du meeting du Tapura où étaient présent le président du Pays Edouard Fritch, entouré de plusieurs de ses ministres, le dossier a été longuement abordé, des familles s'étant déplacées pour obtenir davantage d'informations.
 
Pour le président Edouard Fritch, il n'y a pas lieu de tergiverser. Si un fonctionnaire d'Etat polynésien part en métropole, pour une formation ou un stage, et qu'il y travaille quelques années c'est par contrat. "Mais quand il a acquis non seulement les diplômes mais aussi les compétences, c'est normal que ces Polynésiens reviennent chez eux. Et ce n'est pas normal qu'aujourd'hui, alors qu'il y a des Polynésiens de disponibles, ils ne puissent pas revenir chez eux". Le président du Pays affirme que ces décisions sont "contestables" et reproche à l'Etat "n'a pas respecté ses engagements" inscrits dans la loi Erom qui favorise effectivement le retour des ultra-marins dans leur Pays "pour combler les postes disponibles". Edouard Fritch a donc annoncé mercredi "un recours contre ces services pour stopper ces affectations de métropolitains chez nous".
 
"Un couac"
 
Dans un courrier envoyé au ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, Edouard Fritch rappelle la loi Erom, juge "incompréhensible" la nomination des sept fonctionnaires métropolitains en lieu et place des Polynésiens et dit "constater qu'à la veille d'échéances électorales, cette polémique prend une tournure politique". "Mon gouvernement se voit entaché par cette controverse qui laisse penser que nous cautionnons ces affectations de fonctionnaires métropolitains au détriment de fonctionnaires polynésiens, en attente de retour vers leur Pays", écrit notamment Edouard Fritch au ministre de l'Intérieur. Mercredi soir, le président du Pays concédait néanmoins que disposer de ces fonctionnaires d'Etat était "une chance" pour la Polynésie, rappelant que l'Etat paye seul ces fonctionnaires et peut donc décider de leur affectation. "Je n'aimerais pas que le haut-commissaire vienne mettre son nez dans les affectations des fonctionnaires du Pays. Que l'Etat reste à l'Etat et que nous, nous nous occupions de nos brebis". Mais une fois ces considérations établies, Édouard Fritch insiste sur l'importance du respect de la loi Erom et considère que la situation des sept policiers est "un couac" et "une situation qu'il faut éclairer".
 
Sujet éminemment politique et actuel, l'emploi local et sa protection dépassent le cadre de ces sept policiers. Interrogé pour la première fois sur l'épisode récent du recrutement en métropole de la directrice de cabinet de sa ministre du Travail, qui porte cette loi du Pays sur la protection de l'emploi local, Edouard Fritch a cette fois-ci balayé une "polémique sur quelque chose qui n'a pas lieu d'être". "Je laisse mes ministres décider de leur cabinet. Je leur recommande de prendre du personnel local, mais maintenant chacun trouve la personne qui sied. C'est la seule, donc il faut prendre du recul et regarder globalement", a conclu le président du Pays.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 2 Juin 2022 à 14:05 | Lu 5979 fois