​Administration, le Pays serre la vis sur les CDD


Tahiti le 17 mars 2025. Dans une circulaire signée de la main de Moetai Brotherson et publié ce lundi au Journal officiel de la Polynésie française, le président du Pays indique vouloir mettre un sérieux coup de frein à l’embauche d’agents non titulaires en CDD au sein de l’administration afin de réaliser des économies. Des mesures sont prises dès aujourd’hui.

 
L’objet de la circulaire est sans équivoque : "Maîtrise de la masse salariale et modalités de gestion relatives aux recrutements à durée déterminée des agents non titulaires au sein de la fonction publique de la Polynésie française." Par cette nouvelle circulaire, le Pays souhaite remettre de l’ordre dans sa masses salariale au sein des services, des autorités administratives indépendantes ainsi que des établissements publics administratifs de la Polynésie française.

Et ce coup de frein n’est pas étranger aux dernières revalorisations salariales que le gouvernement a dû consentir aux infirmiers en fin d’année dernière et celles concédées en début d’année pour éviter une grève bien encombrante menée par la Fraap. Les explications de la circulaire sont claires sur le sujet. "Ces dispositions s'inscrivent dans le cadre des orientations stratégiques de maîtrise de la masse salariale établies par notre gouvernement, au regard notamment des coûts supplémentaires liés à la revalorisation nécessaire des grilles indiciaires de certains cadres d'emplois (catégorie D, assistant socio-éducatif, infirmier, etc.)."

Aussi, Moetai Brotherson rappelle les règles. Les recrutements de CDD dans la fonction publique doivent être accompagnés d’ "un caractère exceptionnel et dérogatoire, et être motivé par un besoin réel et indispensable". Il faudra prouver qu’au sein des services, ces recrutements sont nécessaires et qu’aucun agent titulaire dans un autre service n’est pas susceptible de venir combler le vide.

Gel des postes vacants et réduction du personnel

Pour limiter les dépenses, le Pays n’exclue pas non plus "le recours à des prestataires externes" si ces derniers sont "plus intéressants".

Enfin, Moetai Brotherson liste les services qui seront plus à même de bénéficier de ces CDD, à savoir : la santé, l'éducation, la sécurité des personnes et des biens, le développement des ressources propres (agriculture, pêche, tourisme durable, énergies renouvelables), l'économie numérique et l'audiovisuel, la réduction du coût de l'administration, la lutte contre la cherté de la vie, le développement des entreprises, la mise en œuvre de la stratégie de développement économique du pays et l'accessibilité au foncier.

Si seuls "les recrutements ayant préalablement fait l'objet d'une autorisation d'emplois par l'Assemblée de la Polynésie française seront accordés",  pour l'année 2025, un budget supplémentaire de 100 millions de francs sera alloué afin de couvrir quelques besoins (congé de maladie, remplacement d'agents indisponibles occupant des emplois non permanents pluriannuels, besoin saisonnier, et surcroît exceptionnel d'activité).

"Afin d'assurer une gestion active des postes, un examen de la vacance des postes sera réalisé par la DTI, à qui il reviendra de lister l'ensemble des postes inoccupés depuis le 1er janvier 2024, et depuis 12 mois au moins à compter du 1er mai 2025".

Sur la base de cette liste de postes vacants, les services et leur ministère de tutelle feront connaître leurs besoins de recrutement avant un gel des autres postes. Même choses pour les postes libérés par des agents ayant fait valoir leurs droits à la retraite. "Afin de réduire progressivement les effectifs, les ministères s'engagent à supprimer une partie de ces postes dès lors que l'activité des services peut être réorganisée et n'est pas perturbée", explique la circulaire.

Enfin, "dans une logique de maîtrise des coûts, chaque demande de création d'Autorisation d'emploi permanent (AEP) devra être compensée par une demande de suppression équivalente."

Rédigé par Bertrand PREVOST le Lundi 17 Mars 2025 à 15:48 | Lu 4991 fois