​ADT dans l'inconnue sur sa concession


Jean-Michel Ratron, le directeur général d'Aéroport de Tahiti.
Tahiti, le 23 juin 2022 - La conférence de presse de présentation du bilan du trafic aérien 2021 d'Aéroport de Tahiti (ADT) a été l'occasion de revenir sur la situation juridique de la concession aéroportuaire, depuis l'annulation du choix d'Egis-CDC par le Conseil d'État dans le cadre du second appel d'offres lancé pour l'attribution de la concession.
 
“Attention, c'est l'attribution de la concession qui est annulée. Ce n'est pas la concession. Certains disent qu'on n'est pas légitimes, je ne sais pas d'où ils le sortent. On est évidemment toujours légitimes à assurer l'exploitation de l'aéroport de Tahiti-Faa'a.” Jean-Michel Ratron, le patron d'ADT, s'est justement voulu sans concession au moment d'aborder jeudi la situation juridique d'ADT. Rappelons que la première concession attribuant la gestion de l'aéroport à Egis (ADT) a été définitivement annulée en 2017 par la cour administrative d'appel de Paris en raison d'un vice de forme dans l'appel d'offres. Depuis, le choix d'Egis-CDC a été de nouveau définitivement annulé par le Conseil d'État en mars dernier dans le cadre du second appel d'offres pour cette concession… Deux options sont toujours, a priori, envisageables : Attribuer le marché au deuxième candidat Vinci ou relancer un troisième processus d'appel d'offres.
 
“Personne ici, autour de cette table, ne sait ce que l'État va décider”, a lancé jeudi le directeur général d'ADT. “Et je pense que l'État ne le sait pas encore. Je pense qu'ils attendent qu'il y ait un nouveau gouvernement, un nouveau ministre des Transports, et que ça se décidera à ce moment-là.” Aucun calendrier n'est réellement évoqué, si ce n'est, selon Jean-Michel Ratron, qu'il “avait été question qu'une décision soit prise juste avant l'élection présidentielle”. La décision n'a pas été prise. “C'est que ce sera pris assez rapidement quand le nouveau gouvernement donnera l'attribution du portefeuille transports”, en déduit le patron d'ADT. “Ça nous met dans une situation d'incertitude permanente”, regrette le dirigeant d'ADT. “Les investissements lourds de structures sont des investissements qu'on ne peut pas envisager.”
 
Un deal sur un “plan d'investissement”
 
Une nouvelle information a néanmoins été annoncée jeudi matin par Jean-Michel Ratron. Dans l'hypothèse où l'État relancerait un processus d'appel d'offres, ADT présentera au gouvernement central à Paris un “plan d'investissement de transition”. Le directeur explique en effet qu'un nouvel appel d'offres prendra près de deux ans de procédure et qu'il a besoin entre-temps “de continuer à investir sur des éléments structurels de l'aéroport”. La principale opération visée est le réaménagement de la salle d'embarquement domestique. Les travaux y étaient prévus en 2020, mais ont été retardés en raison de la crise Covid. Ils le sont aujourd'hui de nouveau en raison de la date de fin de concession…
 
ADT va donc demander à l'État l'autorisation de lancer ces travaux pendant la procédure d'appel d'offres “pour améliorer le confort des passagers”. “Nous on dit qu'on ne peut pas attendre. Les passagers domestiques, les Polynésiens qui font 50% du trafic de l'aéroport, on ne va pas les laisser dans la salle telle qu'elle est jusqu'en 2027/2028. Ce n'est pas raisonnable”, lâche Jean-Michel Ratron. Des travaux qui “permettront d'accueillir les nouvelles compagnies domestiques dans les meilleures conditions”, termine d'argumenter le directeur général de la société.
 
La gestion de Bora Bora, Rangiroa et Raiatea “prolongée”
 
Autre information nouvelle, le contrat passé entre le Pays et ADT pour la gestion des aérodromes de Raiatea, Bora Bora et Rangiroa va être “prolongé”, a annoncé Jean-Michel Ratron, “probablement au moins jusqu'à la fin 2023 de manière à laisser à l'État le temps de décider ce qu'il veut faire de Tahiti-Faa'a”. La propriété de ces anciens aérodromes d'État a été transférée au Pays en septembre 2020, lequel a signé dans la foulée un contrat d'exploitation avec ADT pour deux années, sans procédure d'appel d'offres. “Dès que l'État aura pris une décision par rapport à Tahiti-Faa'a, le Pays a prévu de lancer un appel d'offres”, a précisé le directeur d'ADT. “Là c'est juste provisoire, pour qu'on puisse continuer à travailler.” Et Jean-Michel Ratron d'indiquer : “Nous allons nous positionner”.
 
L'avenir des salariés "sécurisé"
 
Par deux fois ces derniers mois, un très large collectif de salariés d'ADT a diffusé une lettre ouverte pour dire son “fiu” de la situation juridique de la concession aéroportuaire. “Les concessions aéroportuaires sont par nature de très longue durée”, a commenté Jean-Michel Ratron sur le sujet, en s'efforçant de rassurer les employés. “Cette situation créée de l'incertitude vis-à-vis de l'ensemble des salariés. Mais il faut savoir que les conditions de reprise des salariés par le prochain concessionnaire, que ce soit nous ou pas, sont encadrées par la loi, très précises et sécurisantes pour les employés.” Même situation pour les trois aérodromes des îles à Bora Bora, Raiatea et Rangiroa : “Le Pays a pris un engagement fort pour tous les salariés dans les îles, le jour où il y aura un changement de concessionnaire”, a indiqué le directeur d'ADT. Les salariés seront repris dans les mêmes conditions qu'actuellement.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 23 Juin 2022 à 21:12 | Lu 1860 fois