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​7 et 8 ans ferme pour les parents d’Ariinui


Tahiti, le 11 septembre 2020 - A l’issue de trois jours de procès, les parents du petit Ariinui ont été reconnus coupables d’avoir involontairement donné la mort à leur petit garçon d’un an et quinze jours le 18 mars 2015. Sa mère a été condamnée à sept ans de prison ferme, son père a écopé de huit ans. Les deux peines ayant été assorties d’un suivi socio-judiciaire de trois ans. 
 
Le procès de la mère et du père d’Ariinui, un petit garçon d’un an et 15 jours décédé le 18 mars 2015 des suites de coups très violents, s’est achevé vendredi au terme de trois heures de délibéré. Les jurés de la cour d’assises ont condamné la mère du petit à sept ans de prison ferme alors que l’avocat général avait requis vingt ans de réclusion criminelle à son encontre. Le père devra, quant à lui, effectuer une peine de huit ans de prison ferme.
 
Première avocate à avoir pris la parole pour représenter les intérêts du grand frère de la victime en début de matinée, Me Lavoye a souligné lors de sa plaidoirie la complexité du dossier et la "lourdeur des débats techniques". Constituée pour "faire entendre la voix" du fils aîné des accusés, elle a exposé la situation très douloureuse de ce dernier. "Il est une victime directe car il est encore là et a non seulement perdu son petit frère, mais aussi ses parents. Sa vie a volé en éclats. Il va très mal et ne sait même pas que son frère est décédé de coups très violents dans d’atroces souffrances."

"Manque d’amour et d’affection"

En préambule de ses réquisitions, l’avocat général a réaffirmé que l’intérêt de la société est de "protéger ses enfants", et de leur assurer un "développement harmonieux". Précisant qu’aucun avocat ou aucune personne n’avait représenté la petite victime durant ces trois jours de procès, le représentant du ministère public a ensuite déploré que personne n’ait empêché qu’Ariinui ne "meurt sous les coups". "Personne n’a voulu de ce petit enfant alors que son seul défaut était d’être né dans une famille sans attention. Il était considéré comme une charge, comme un ventre à nourrir." Malgré le jeune âge de la victime, l’avocat général a affirmé qu’il avait beaucoup souffert du "manque d’amour et d’affection". Il a demandé aux jurés de se souvenir de la douleur physique qu’avait éprouvé l’enfant lorsqu’il avait été frappé ou négligé. "Il a ressenti l’atroce douleur de sa fracture non soignée. Il a subi des secouements si terribles qu’ils peuvent faire tomber dans le coma. Il est mort avant même de pouvoir marcher et il faudra donc rendre justice à cet enfant qui n’est plus." Pour le représentant du ministère public, qui a requis la relaxe du père d’Ariinui pour les coups mortels et sa condamnation à huit ans de prison pour les violences commises sur son fils, c’est la mère qui avait porté les coups fatals le 18 mars 2015. "On vous dira que c’est un drame lié à la misère sociale mais être un bon parent n’a rien à voir avec les capacités financières", a-t-il conclu avant de requérir vingt ans de prison ferme à l’encontre de l’accusée. 
 
Légèrement surpris par les réquisitions de relaxe de son client sur les faits de coups mortels, Me Huguet a déploré lors de sa plaidoirie que l’on ne "saura jamais "ce qui réellement a « pu se passer » pour que l’enfant perde la vie. Quant au rôle de son client, il s’est dit "sûr" que ce dernier n’avait jamais secoué le bébé mais qu’il avait pu le "frapper par inadvertance".
 

"Seule sur le banc des accusés"

"Choquée" et "abasourdie" par la lourdeur et l’"injustice" des réquisitions, Me Toudji a clos les plaidoiries en expliquant qu’elle avait l’impression que sa cliente, la mère d’Ariinui, était désormais la "seule sur le banc des accusés""Elle va porter toute sa vie le poids de sa peine, le poids de la perte irréversible. La presse et le parquet général vous ont décrit une mère indigne mais il s’agit avant tout d’une histoire infiniment triste." Outrée de la peine de vingt ans de prison ferme requise à l’égard de sa cliente, Me Toudji s’est indignée que l’on ne fasse grâce à cette dernière "ni de sa jeunesse", "ni de sa pauvreté", ni même de sa  "qualité de victime de violences conjugales""Il y a la jeunesse, la violence et la pauvreté. Lorsque l’on doit se préoccuper de savoir ce que l’on mangera le soir, on se préoccupe moins des choses secondaires". Pour l’avocate, la peine requise correspondait à une "mise à mort"
 
Après en avoir délibéré durant près de trois heures, les jurés de la cour d’assises ont finalement condamné la mère à sept ans ferme et le père a écopé à huit ans ferme. Ces deux peines ont été assorties d'un suivi socio-judiciaire de trois ans. 

Rédigé par Garance Colbert le Samedi 12 Septembre 2020 à 22:34 | Lu 1541 fois