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​30 ans de Tahiti Pacifique


Tahiti, le 6 mai 2021 – Tahiti Pacifique, le magazine créé par Alex du Prel le 9 mai 1991, fête ses 30 ans d'existence avec un numéro “collector” qui revient sur l'histoire du magazine, en révèle les coulisses et donne la part belle au témoignage de ses principaux contributeurs. Tous bien décidés à perpétuer l'héritage éditorial du fondateur de cette institution du paysage médiatique polynésien.
 
9 mai 1991. Tahiti Pacifique publie son tout premier numéro. En couverture, une embrassade à l'assemblée entre Gaston Flosse et Émile Vernaudon, pour un dossier sur la “fragilité ?” de la nouvelle majorité. Dans son édito, le directeur de publication-journaliste-fondateur du magazine, Alex W. du Prel, explique que le “moment semble propice” à la création d'un magazine qu'il espère à la fois “intéressant, éducatif, distrayant et, pourquoi pas, amusant”. “Nous tentons l'expérience”, conclut du Prel. Expérience qui a donné lieu à un mensuel économique et politique devenu incontournable dans le paysage médiatique polynésien. Dimanche, le magazine fêtera ses 30 ans avec un numéro “collector” donnant la part belle aux contributeurs du magazine à la plume piquante et malicieuse. Une plume héritée de son fondateur, indissociable du magazine lui-même.
 
Américain au tempérament détonant, Alex du Prel est arrivé de Floride en 1976 sur son voilier, comme le raconte sa femme, Célia, dans le numéro à paraître vendredi. D'abord ingénieur pour plusieurs groupes hôteliers, il a ensuite exercé comme pigiste aux Nouvelles de Tahiti, avant de “tenter l'expérience” presque seul dans sa rédaction improvisée à Moorea. Parmi les rares journalistes de l'époque à analyser et critiquer le système politique, Alex du Prel a permis, non sans mal, à son magazine de s'imposer. Malgré des moyens assez dérisoires.
 
Alex du Prel a vendu son magazine à l'un de ses discrets contributeurs, Albert Moux, en 2012. Disparu le 14 mars 2017 des suites d'une tumeur au cerveau, il écrivait encore lui-même son dernier article quatre mois plus tôt. Trois rédacteurs en chef lui ont succédé depuis 2015 : Bertrand Parent, Luc Ollivier et Dominique Schmitt. Tous œuvrant pour perpétuer un héritage éditorial. “C'est sûr qu'on reprend un flambeau en quelque sorte”, explique Dominique Schmitt. “L'idée c'est de conserver l'ADN qui fait la force de Tahiti Pacifique. Cette fameuse devise : Une goutte de liberté dans l'océan. Alex a toujours exposé la fragilité du système post-colonial et les problèmes de l'après-CEP. Et aujourd'hui, c'est un sacerdoce plus qu'un métier. Parce qu'il faut tout de même de l'audace pour aller titiller les gros poissons tel que le faisait Alex.”
 
“Faire bouger les lignes”
 
A l'occasion de ses 30 ans, le magazine revient sur les “coulisses de la rédaction” et donne la parole “aux hommes et aux femmes” qui ont fait Tahiti Pacifique. Des témoignages et des photos inédites, un retour sur dix dossiers “emblématiques” du magazine. “Ce qui fait la force de Tahiti Pacifique, c'est la pluralité d'opinions et la pluralité de plumes. On a des journalistes, mais on travaille aussi avec des spécialistes dans leurs domaines, des universitaires notamment”, explique Dominique Schmitt.
 
Ce trentième anniversaire est aussi l'occasion d'une refonte de la charte graphique de Tahiti Pacifique, tiré à 5 000 exemplaires tous les quinze jours et distribué à Tahiti, Moorea, Raiatea, Huahine et Bora Bora, mais aussi vendu à ses lecteurs réguliers en métropole et en Nouvelle-Calédonie. Le magazine comptant toujours 550 abonnés. “C'est vrai que les moyens ont un peu changé. Maintenant, on a toujours cette même façon de faire. On reste sur des petits moyens pour essayer de faire des grandes choses”, poursuit l'actuel rédacteur en chef du magazine. “L'idée c'est qu'à travers nos enquêtes, on essaie de faire une analyse un peu plus poussée de l'information. Et l'ambition, c'est de faire bouger les lignes”.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Vendredi 7 Mai 2021 à 19:15 | Lu 4822 fois